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La mefme annce.

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n'obeïroit point au Roy, mais à la loy de Moïfe. Il menaça ce Prince de la punition rerrible qui luy eftoit refervée; & il prédit que la colere de Dieu contre le peuple Juif feroit appaisée par fon fang & par celuy de fes freres. Les bourreaux épuiferent fur fes membres tendres tout ce que la cruauté la plus ingenieufe pouvoit inventer. Sa mort cruelle raffafia la fureur du Roy, & combla la confolation de fa mere, qui fuivit le mefme jour ceux qu'elle avoit envoyez à Dieu avant elle, & mefla fon fang avec le fang de fes enfans, dont elle avoit efté doublement la mere. Cette fainte femme a efté loüée de tous les Peres comme une femme extraordinaire, & regardée comme la premiere cause aprés Dieu de la pieté de fes enfans. Elle vit fans s'ébranler leurs fupplices effroyables, & elle fe fervit pour les porter à la mort de toutes ces marques de tendreffe dont les autres meres fe fervent pour affoiblir leurs enfans. Elle étouffa par fa grande foy tous les fentimens de la nature, & fa feule crainte dans ce fpectacle d'horreur fut de voir quelqu'un de ses enfans qui dégenerast de la pieté des autres. Elle apprit excellemment aux meres Chreftiennes que leur principale gloire est de rendre à Dieu ceux qu'elles ont receus de luy ; & d'élever leurs enfans d'une maniere fi fainte, qu'ils n'aiment la vie que pour la confacrer à Dieu, & qu'ils ne craignent point la mort, lors qu'ils ne peuvent luy eltre fidelles qu'en perdant la vie.

Generofité de Matathias. 1. Machab. 2.

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Ors que toutes les villes de Judée & des pays circonvoifins couloient du fang de tant de juftes 3837 qu'Antiochus y faifoit mourir, le Grand Matathias J. c. qui eftoit de la race des Preftres, bleffe jufqu'au fond du cœur de l'eftat miferable de cette ville fe retira avec fes enfans en la ville de Modin. C'est la qu'il s'abandonna aux regrets lors qu'il rappella en fa memoire les maux de tout fon peuple; la fainte

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ville de Jerufalem livrée en proye à fes ennemis; ce qu'elle avoit de plus facré entre les mains des impies; fon temple profané par toute forte d'abominations; fes vafes faints emportez en des royaumes eilrangers; & fes richefles devenues les dépouilles de tous les peuples du monde. Ce faint homme préferant la mort à uneftat si funeste déchira fes veitemens, fe couvrit d'un fac, & répandit des ruifleaux de larmes. Lors qu'il déploroit ainfi fon malheur, Antiochus envoya un de fes officiers pour contraindre les habitans de Modin d'obeir à fes édits & de facrifier aux Idoles. Un grand nombre de Juifs ie rendit à cette ordonnance. Matathias neanmoins demeura ferme avec ses enfans. Les officiers du Roy le prefferent d'obeir; ils tâcherent mefme de le gagner par de grandes, promeffes. Mais il leur répondit courageufement: Quand tous obeiroient à Antiochus, nous n'obeirons ny moy, ny mes enfans, ny mes freres qu'à la loy de Dieu. Lors qu'il parloit de la forte il vit un Juif qui vint facrifier aux Idoles devant tout le monde. Ce faint homme à cette veuë fut perS

cé de douleur, & cet outrage de Dieu irritant fon zele, il tua fur l'heure le Juif idolâtre, & l'officier d'Antiochus qui le contraignoit de facrifier. Aprés cette action il fortit de la ville en criant tout haut, que tous ceux qui avoient quelque zele de la loy de Dieu le fuiviffent dans le defert. Il fe retira d'abord en des lieux écartez avec fes cinq enfans, Jean, Simos, Judas, Eleazar, & Jonathas. Et tous les Juifs les plus courageux & les plus attachez à la loy de Dieu s'eftant joints à luy, ils firent un corps d'armée; ils battirent & chafferent les idolâtres; ils détruifirent les autels profanes, ils circoncirent les enfans incirconcis, & Dieu favorifa leurs armes d'un heureux fuccés. Matathias tomba malade quelque temps aprés, & fentant que fa mort approchoit, il dit à fes enfans: Voicy le temps de la domination des fuperbes, de la colere du Seigneur, du chastiment & de la deftruction de fon peuple. Vous donc, mes enfans, armez-vous de zele pour la loy, & foyez toûjours prefts de mourir pour la défendre. Jettez les yeux fur les grandes actions de nos Peres, & vous vous acquerrez comme eux un nom éternel. Jofeph malgre l'envie de fes freres eft devenu le maiftre d'Egypte, David a efté delivré des perfecutions de Saul, Ananie, Azarie, & Mifaël de la violence des flammes, & Daniel de la rage des Lions. Ainfi Dieu a fait voir dans tous les fiècles, qu'il n'abandonne jamais ceux qui n'efperent qu'en luy. C'est pourquoy ne craignez point la violence d'un homme injufte. Car dans toute fa gloire ce n'eft que de la boue, & qu'un ver de terre. Il s'éleve aujourd'huy, & demain il ne fera plus: parce qu'il fera rentré dans la pouffiere d'où il avoit eflé pris, & que toutes fes penfées fe feront évanouies avec luy. Ce faint homme mourut de la forte, laiffant fes enfans heritiers de fon zele, & imitateurs de fa vertu.

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Judas Machabee. 1. Machab. 2.

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rent qu'à continuer l'ouvrage qu'il avoit fi glo- da M. rieufement commencé. Judas Machabée tâcha de ré- 3838. pondre par fa magnanimité à l'attente que fon pere J. C. avoit euë de luy, l'ayant nommé General en mou- 166. rant, & ayant affure fes freres qu'il rempliroit dignement fa place. Il fe revêtit, dit l'Ecriture, de fes armes comme un geant, & fon épée mettoit à couvert toutes les troupes. Il parut dans les combats comme un lion qui court à la proye, & il répandit de toutes parts la terreur de fon nom.& de fes armes. 11 grofit d'abord fon armée le plus qu'il pût, & il chercha par tout des foldats qui ne fe fuflent point fouillez par des facrifices abominables. Car il ne fondoit toute fon efperance que fur la mifericorde de Dieu: & il craignoit que le déreglement de fes gens n'attiraft plûtoft fur luy fon indignation que fes gra

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ces.

ces. Aprés avoir donc ramaffé de toutes parts des hommes purs & fans tache, & les avoir ralliez des retraites où la violence de la perfecution les avoit fait fuir, il en compenfa une armée de fix mille hommes, avec laquelle il fe refulut de combattre fes ennemis & de repouffer tous leurs efforts. Il tafcha d'infpirer à tous les foldats la mefme confiance en Dieu dont il eftoit plein luy-mefme; leur reprefentant qu'il eftoit luy feul le Dieu des armées, & que leur principal foin devoit eftre de fe rendre favorable par les jeûnes, par les prieres & par les larmes: qu'aprés cela ils ne devoient plus craindre les armées fi nombreufes de leurs ennemis, parce que Dieu eft le maiftre de la victoire, & qu'il la donne à qui il luy plaift, fois qu'on ait peu ou beaucoup de monde. Qu'il efperoit que Dieu regarderoit du ciel t'infolence de leurs ennemis; qu'il ne fouffriroit pas plus longtemps la profanation de fon Temple, & qu'il écouteroit la voix du fang innocent fi cruellement répandu. Enfin ayant prie toutes les perfonnes timides, & ceux qui dans la défolation de Jerufalem pouvoient encore penfer à fe marier, où à planter & à baftir, de fe retirer de fon armée; il alla avec ces troupes choifies par tout où la neceffité des affaires l'appella. de ce grand Saint-Ambroise a confideré le courage homme comme le modelle de celuy que les Pafteurs de l'Eglife doivent témoigner dans la conduite du peuple de Dieu, Car c'eft d'un faint Evefque qu'on doit dire proprement ce qui a efté dit de Judas Machabée, qu'il fe couvre de fes armes comme un geant, parce qu'il eft revêtu de ces armes que faint Paul appelle les armes de Dieu, comme eftant rempli de fa vertu & de fon efprit. Il eft femblable à un Lion comme ce General du peuple Juif, parce qu'il eft intrepide dans les perils, & qu'il ne craint que celuy qui rend invincibles ceux que le craignent. Et il est vray encore de luy, comme ikeft dit du mefme Judas, qu'il protege tout fon camp par fon epée, qui eft cette épée fpirituelle de la parole de Dieu, felon faint Paul: parce qu'il eft le foûtien des foibles, la

force

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