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Naiffance de JESUS-CHRIST. Luc. 2.

LA

du M.

l'Ere

commi

fance de

A fainte Vierge eftant retournée chez elle de la L'An maifon de fa coufine fainte Elifabeth, apprit 4000. bien-toft que les grandes graces que Dieu fait icy aux Avant Saints font fouvent jointes à de grandes afflictions. Car fa groffeffe commençant à paroiftre, faint Jofeph es De fut forcé en quelque forte, contre tant de témoigna-la naifges qu'il avoit de la pureté de Marie, d'attribuerj. c. 5 à l'ouvrage du peché, ce qui n'eftoit que l'ouvrage du faint Efprit. La fainte Vierge qui ne pouvoit ignorer ce qui fe paffoit, demeura ferme neanmoins dans fon filence, & fit voir deflors combien il eft important de garder le fecret dans les ouvrages de Dieu. Elle aima mieux paffer dans l'efprit de fon mary pour une femme adultere que de manquer en ce point de fidelité à Dieu, à qui elle abandonna le foin de fa reputation & de fa vie. Mais faint Jofeph qui eftoit jufte ne voulut pas rendre publique la faute qu'il foupçonnoit en fa

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femme,

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femme, & donna un grand exemple aux hommes de tenir cachez les défauts de ceux à qui nous devons du refpect & de l'amitié. Il refolut feulement de la quitter pour témoigner au moins en cette maniere qu'il ne confentoit pas au mal qu'il apprehendoit dans une perfonne qui luy eftoit chere. Mais lors qu'il eftoit preft de le faire, Dieu l'arrefta & l'avertit durant la nuit par un Ange qu'il ne craignift point de prendre avec luy Marie fa femme. Il luy découvrit le fecret de cet enfant divin, & luy ordonna de luy donner à fa naiffance le nom de Jesus. Saint Jofeph fortifié par les paroles de l'Ange, apprit combien l'homme devoit eftre refervé dans ces jugemens, & combien ileftoit obligé de juger toûjours favorablement des perfonnes de pieté, malgré toutes les apparences qui leur feroient peu favorables. Il crût ce que l'Ange luy avoit dit, & il merita d'eftre appellé le pere de J. C. en. imitant cette grande foy par laquelle la fainte Vierge eftoit devenue fa mere. Lors que le temps de l'accouchement fut proche, Dieu pour tirer la fainte Vierge de Nazareth qui eftoit le lieu de fa demeure ordinaire, & la faire venir en Bethléem où les Prophetes avoient prédit que le Meffie devoit naiftre, permit que l'Edit de l'Empereur Augufte, qui vouloit fatisfaire fa vanité ou fon avarice dans le dénombrement des familles de fon Empire, remuaft en quelque forte tout le monde pour faire venir la fainte Vierge à Bethleem avec fon mary qui eftoit de cette ville & de la famille de David. Elle ne confidera point les incommoditez d'un fi long voyage dans un temps fafcheux & dans une groffeffe fi avancée. Mais obeiffant à cet ordre de l'Empereur avec le mefme refpect que fi un Ange ou Dieu mefme luy euft commandé ce voyage, elle apprit aux hommes à regarder Dieu uniquement dans les hommes, qui ne font que fes inftrumens & fous lefquels il fe cache. Lors qu'ils furent arrivez à Bethleem, tout le monde refufa de les loger, parce que les hoftelleries eftoient pleines. Et ce fut ainfi que J. C. voulant comme fe hâter de nous donner des fa naiffance un exemple d'humilité en fouf

frant

frant les rebuts des hommes, ne dédaigna pas de naiftre dans une étable, pour nous apprendre à méprifer toute la magnificence du monde par l'averfion qu'il en a euë luy-mefme. C'eft la difpofition qu'il infpira à la fainte Vierge, qui receut les rebuts de ceux de Bethléem comme elle avoit receu les ordres d'Auguf te, & qui n'eut dans les uns & dans les autres que la veuë de Dieu à qui elle obeïffoit dans la perfonne d'un hoftelier, comme elle avoit fait dans celle d'un Empereur. Elle demeura tres-fatisfaite d'accoucher de J. C. dans une étable. Elle comprit qu'il faloit que cette pauvreté le cachaft aux hommes & aux Demons, & que la dureté de ce peuple de Bethleem eftoit neceffaire aux deffeins de Dieu. Les faints Peres nous enfeignent qu'il n'y a rien de fi inftruifant que cet aneantiffement du Fils de Dieu & que toute la beauté des creatures ne doit pas tant nous porter à l'adorer que ce divin rabaiffement. Nous devons apprendre principalement de cette enfance de J. C. que nous n'avons pas moins besoin à tout moment du fecours de Dieu, qu'un enfant nouvellement né a befoin du fecours des hommes.

Pafteurs à la créche. Luc. z.

la naif

Avant

l'Ere

ESUS-CHRIST ayant fanctifié le monde par fa La mé. naiffance, fit voir par le choix des premieres per- me anfonnes à qui il la voulut faire fçavoir, qu'il cachoit née de deflors fes myfteres aux grands & aux fages, & qu'il fance de ne les reveloit qu'aux petits. Dans la nuit mefme où J. C. la fainte Vierge l'enfanta, il y avoit affez prés de là des Pafteurs qui veillant à la garde de leurs troupeaux, commu marquoient, felon fait Gregoire, le devoir des vrais ne 4. Pasteurs de l'Eglife, & ce que produiroit un jour dans ces perfonnes l'exemple de J. C. le vray Pafteur. Ce fut à ces perfonnes qu'un Ange apparut tout d'un coup environné d'une grande clarté, qui marquoit cette grande lumiere divine qui venoit de naiftre au monde. Il leur dit qu'il leur annonçoit une nouvelle

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qui.

Lue 2.

qui combleroit de joye tout le peuple, & leur déclars que le Meffie attendu depuis tant de temps venoit de naiftre. Pour leur donner des marques certaines de la verité qu'il leur difoit, il les envoya en Bethleem, que les Prophetes avoient prédit devoir eftre le lieu de la naiffance du Sauveur; & cet Esprit humble ne rougiffant point de l'humilité de fon maistre & de fon Dieu, dit hardiment à ces hommes groffiers & charnels qu'ils trouveroient un enfant enveloppé de langes & de bandelettes; que c'eftoit là celuy qu'il leur annonçoit, & qui eftoit toute l'attente d'Ifraël. Lors que l'Ange eut ceffé de leur parler, il fe joignit à luy une troupe innombrable d'Anges, qui par leurs cantiques rendoient gloire à Dieu & annonçoient la la paix aux hommes. Ces Pafteurs diffipant peu-à peu la crainte dont ils avoient efté frappez à la veue & aux paroles de l'Ange, refolurent de paffer jufqu'à Bethleem pour y voir cette merveille que Dieu y venoit de faire. Et fe haftant dans ce voyage pour apprendre par leurs promtitude, qu'on ne doit point cherher J. C. avec froideur, ils trouverent Marie &

Jo

Jofeph, & l'enfant enveloppé de drappeaux dans une créche, felon la parole de l'Ange. Cette baffeffe exterieure ne les furprit point, & il eft marqué au contraire qu'ils furent remplis eux-mefmes d'admiration ; & qu'ils en remplirent tous ceux à qui ils dirent ce qu'ils avoient entendu de l'Ange. La fainte Vierge dans cette humilité profonde que J. C. mefme humilié de la forte devant fes yeux luy faifoit encore aimer davantage, ne s'attendoit point à toutes ces merveilles, & fe contentoit de cet eftat de baffeffe où l'ordre de Dieu l'avoit reduite. Elle receut cette confolation qu'il luy envoyoit avec la mefme foûmiffion qu'elle avoit receu les rebuts de Bethléem; & écoutant tresattentivement tout ce que les Pafteurs luy difoient, elle ne dedaigna pas d'apprendre d'eux ce qu'elle ne fçavoit pas, & fit en cela rougir ces efprits fuperbes qui dédaignent fouvent d'apprendre des Miniftres de Dieu ce qu'ils ignorent. Elle nous apprend auffi par le foin qui eft marqué qu'elle eut de conferver toutes les paroles des Pafteurs, le fage ménagément que nous devons faire de toutes les paroles de Dieu comme d'une chofe infiniment precieuse. Mais particulierement les Vierges Chreftiennes doivent apprendre d'icy qu'aprés avoir renoncé à tout le monde pour J. C. elles doivent faire leur trefor de fa parole, & s'en remplir le cœur avec une folidité qui ait du rapport à celle de la fainte Vierge. C'eft principalement par cet exercice faint qu'elles imitent fur la terre la vie des Anges, & qu'elles approchent de plus prés de la vie interieure de celle qu'elles doivent honorer comme le modelle de toutes les Vierges.

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