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qu'il guerit d'une grande fiévre. Ce miracle n'enga ge pas moins ce Prince des Apoftres à la fuite du Sauveur, qu'avoit fait celuy de la pefche dont J. C. s'ef toit fervi pour l'attirer, & qui avoit remply ce difciple d'une telle crainte, qu'il fe jetta aux pieds de J.C. & le pria de fe retirer de luy, parce qu'il eftoit pecheur. Tant de fignes & de guerifons miraculeufes attirerent de toutes parts les malades qui venoient chercher dans le Sauveur le foulagement de leurs maux, & les peuples s'affembloient en foule pour avoir la double joye d'entendre fes predications, & d'eftre témoins de fes miracles. Mais fes difciples ne trouvant encore que de la gloire à le fuivre. J. C. voulut les accouftumer peu-à-peu à ne point attendre de luy un bonheur temporel, ny cette paix que recherchent les amis du monde. C'est pourquoy pour leur figurer leur eftat futur, il les engagea à paffer avec luy un bras de mer, & il permit qu'une tempefte s'élevant lors qu'il dormoit, leur fuft comme une image de ce qui arriveroit à fon Eglife dans la fuite de tous les fiecles. Car le foûlevement des flots & la

violence des vents rempliffant de crainte les Difciples, ils criérent enfin & réveillerent JESUS-CHRIST, qui pour montrer fon affurance dans les plus grands perils, dormoit paisiblement au milieu de la tempefte. Il les reprit de leur timidité, & leur montra qu'ils n'avoient rien à craindre pendant qu'il feroit avec eux. Puis se levant auffi-toft il commanda aux vents de fe taire, & à la mer de s'appaifer. Le calme revint au mefme moment, & la crainte des Difciples fe changea en une admiration d'une fi grande puiffance. Ce vaiffeau, dit faint Auguftin, marquoit l'Eglife qui eft dans ce monde comme dans une mer toûjours agitée. Dieu permet ces tempeftes de peur que noftre foy ne s'endorme, & que la paix que nous trouverions dans le monde ne nous faffe oublier le ciel. Nous pouvons bien eftre faifis de crainte pendant la tempefte; mais nous ne devons pas nous défier du fecours de JESUS-CHRIST. Comme fa bonté nous a préparé ce vaiffeau pour paffer cette mer agitée, il fçaura bien auffi le conduire au Port. Ces vents au-lieu de nous troubler doivent au-contraire relever noftre confiance, puis qu'ils nous ont efté prédits, & qu'ils rendent témoignage à la verité de la parole du Sauveur, Dieu qui est toûjours tranquille met dans le repos au milieu mefme de l'orage ceux qui ont recours à luy, & ils ne nous refte enfin que la confufion d'avoir eu peur lors que nous avions JESUS-CHRIST avec nous, & de l'avoir laiffé en dormir comme firent les Difciples, puifque ce fommeil marquoit l'affoupiffement de noftre foy & la tiedeur de noftre priere.

Poffe

Poffedé guery. Matth. 6.

Luc.

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Prés que Jesus-CHRIST eut fait voir à fes La mefdifciples la puiffance qu'il avoit fur les élemens mean en calmant la mer par une parole, il leur fit voir encore l'autorité qu'il avoit fur les efprits malins, en délivrant plufieurs perfonnes qui en eftoient poffedées. Mais de tous ceux qu'il guerit, il n'y en eut point de plus confiderable qu'un dont l'Evangile s'applique plus à rapporter toute l'hiftoire, pour nous faire voir avec plus d'horreur l'empire que les Demons exerçoient mefme vifiblement fur les hommes, & avec quelle fureur lors qu'ils tourmentoient interieurement leurs ames, ils déchiroient encore leurs corps. C'eftoit un homme qui ne demeuroit plus depuis long-temps dans les maifons, & qui ne fe retiroit que dans les fepulchres. Il eftoit nud & ne fouffroit jamais d'habits. Lors qu'on le vouloit lier il brifoit toutes les chaifnes. Perfonne ne pouvoit le domter.

Il eftoit jour & nuit fur les montagnes ou dans les fe pulchres, où il jettoit des heurlemens effroyables, & fe défiguroit le corps avec des pierres dont il se frappoit. Enfin le lieu où il habitoit eftoit devenu inacceffible à tout le monde, & perfonne n'ofoit y paffer. Mais dés qu'il vit J. C. de loin il courut à luy, & changeant cette fierté fi brutale en une adoration pleine de refpect, il fe profterna en terre, & luy dit en hauffant fa voix: JESUS Fils du Dieu tres-haut, pourquoy me venez-vous tourmenter avant le temps? Je vous conjure de me laiffer en repos. J. C. luy demanda quel eftoit fon nom, non qu'il l'ignoraft, difent les faints Peres, mais pour remplir les hommes de crainte, en voyant de combien de Demons un feul homme pouvoit eftre poffedé. Car ce Demon luy répondit: Qu'il s'appelloit Legion, parce qu'ils eftoient plufieurs; & il pria J. C. que s'il les vouloit chaffer de cet homme il luy permist d'entrer dans un grand nombre de pourceaux qui n'eftoient pas loin de là: ce qu'il fit ; & ces pourceaux auffi-toft allerent au nombre de deux mille fe précipiter avec impetuofité dans la mer. Ce demoniaque fuft deflors parfaitement gueri, & toute une ville estant accourue à ce miracle, vit cet homme auparavant fi furieux, doux comme un agneau aux pieds de Jesus, qu'il defiroit fuivre par tout comme fon liberateur. Mais J. C. le renvoya en fa maison, afin d'annoncer les graces que Dieu luy avoit faites; nous apprenant ainfi la reconnoiffance que nous devons témoigner devant Dieu & devant les hommes, des dons que nous avons receu de fa mifericorde. Les faints Peres ont dit que ce demoniaque marquoit les hommes qui avant la naiffance de J. C. eftoient plongez dans toute forte de crimes, & qui gemiffoient fous la tyrannie des Demons. Cet homme eftoit fans veftement, pour figurer que nous avions perdu la foy & la juftice originale, qui eftoit comme un veftement de lumiere qui nous couvroit dans noftre eftat d'innocence. Les hommes alors ne demeuroient plus dans des maifons, non plus que ce poffedé, c'eft à dire, qu'ils

ne

ne rentroient plus dans eux-mefmes, & qu'ils ne trouvoient plus de repos au fond de leur cœur. Ils ne demeuroient que dans des fepulchres, c'est à dire, dans des œuvres mortes. Ils brifoient toutes leurs chaînes; c'est à dire toutes les loix divines & humaines par lefquelles on les vouloit reduire. Ces pourceaux où les Demons entrent, marquent les homines plongez comme dans la boue des plaisirs du monde, fur qui ces efprits impurs exercent particulierement leur empire; & les abyfmes où ils fe précipitent, marquent les abyfmes & la profondeur du cœur des incredules où fe retirent maintenant les Demons depuis que J. C. les a chaffez de fes fidelles, qui vivent depuis cette guerre dans une paix & dans une liberté qui leur eftoit auparavant inconnuë.

Paralytique. Matth. 9.

A doctrine & les miracles de JESUS-CHRIST La mef

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faint Matthieu en un moment fortit du rang des Publicains pour entrer en celuy des Apoftres du Sauveur. JESUS-CHRIST vint à luy lors qu'il paffoit prés du lieu où il eftoit ; & de tant de perfonnes qui vivoient dans Capharnaum, il ne choifit que ce feul homme, laiffant les autres dans leur incredulité, qui les rendit plus coupables. comme JESUS-CHRIST l'affure luy-mefime, que ne l'ont efte les peuples de Sodome & de Gomorrhe. Il étouffa en un moment dans ce bien-heureux difciple toute cette attache au bien qui est ordinaire aux perfonnes qui font dans cet engagement, & il luy fit trouver de la joye à fuivre un homme pauvre, méprifé, & perfecuté par les Grands du monde. Il fut le feul de tous les Apoftres qui ayant efté appellé de JESUS-CHRIST, luy témoigna au dehors la joye qu'il avoit de le fuivre par un feftin où il l'invita, par lequel il nous fit voir qu'il n'y a point de joye pareille à celle d'une veritable converfion. Ce nouveau converti invita auffi à

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me an

née 33.

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