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Math.9

ce feftin plufieurs autres Publicains, comme s'il euft voulu étendre la grace qu'il avoit receuë jufques fur ceux avec lesquels il avoit efté uni dans fa premiere vie. Les Pharifiens qui eftoient orgueilleux fe fcandaliferent de voir ainfi JESUS-CHRIST & fes Apoftres manger publiquement avec des hommes qui eftoient en horreur aux Juifs. Mais le Sauveur les confondit en difant qu'il eftoit le medecin des hommes, & qu'il n'eftoit venu guerir que ceux qui fe reconnoiffoient devant luy pecheurs & malades. Ce fut encore dans Capharnaum qu'il fit cette guerifon fi fameufe d'un paralytique. La maison où JESUS-CHRIST eftoit entré eftant fi pleine de monde, que ceux qui portoient ce paralytique ne fçavoient comment le luy prefenter; ils prirent enfin un confeil, qui eftoit une marque de leur grande foy. Ils monterent fur le toit de ce logis, ils en découvrirent les tuiles, & defcendirent enfuite leur malade devant JESUS CHRIST qui admirant leur foy dit au paralytique qu'il euft confiance & que fes pechez luy eftoient remis. Les Scribes & les Pharifiens prirent auffi-toft ces paroles

pour

pour des paroles de blafphême, en difant en euxmefmes qu'il n'y avoit que Dieu feul qui puft remettre les pechez. Mais JESUS-CHRIST pour les convaincre par eux-mefmes qu'il eftoit Dieu, les affura de la guerifon interieure de cet homme par la guerifon exterieure qu'il luy rendit, & leur fit voir qu'il luy avoit effectivement remis fes pechez en le délivrant de fa paralyfie. Tout le peuple admira ce double effet de la puiffance du Sauveur, & rendit graces à Dieu de ce qu'il avoit donné une fi grande puiffance aux hommes. C'est encore aujourd'huy l'étonnement où font continuellement les Chreftiens, qui ne peuvent fe laffer de confiderer la bonté de Dieu qui a donné aux hommes la puiffance de remettre les pechez. Il femble qu'il les ait élevez par ce pouvoir au deffus du rang des autres hommes, pour les placer en quelque forte par avance dans les cieux, lors qu'ils font encore fur la terre, & leur faifant exercer un miniftere qui n'a jamais efté donné aux Anges De forte que comme JESUS-CHRIST a receu de fon Pere le pouvoir de juger, il le leur communique auffi & les rend les juges & les medecins des ames. Aprés cela, difent les faints Peres, c'eft à eux d'en ufer felon les regles de celuy dont ils l'ont receu, & à guerir veritablement les ames lors qu'ils leur remettent leurs pechez. JESUS-CHRIST voulut que la guerifon de ce malade fuft la preuve qu'il avoit veritablement remis fes pechez; il faut de mefme que la guerifon des maladies fpirituelles des ames foit la preuve que leurs pechez leur ont efté remis, felon les regles du Sauveur. Car la parole de faint Cyprien eft redoutable: Ce n'eft pas (dit-il) eftre medecin, c'est estre ennemi des ames, que de couvrir leurs blessures au lieu de les guerir, & leur ravir les remedes d'une vraye penitence, par l'affurance trompeufe d'une reconciliation précipitée. Cette paix qu'on leur promet n'eft point une paix. Elle eft dangereufe pour celuy qui la donne, & inutile pour celuy qui la reçoit.

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Sermon fur la montagne. Matth. 5.

L'an de

1 Ere commune 1.

Eftoit peu que JESUS-CHRIST fe fuft attiré des difciples, fi le foin qu'il avoit de fon Eglife future ne luy euft fait encore feparer de ce nombre feconde douze perfonnes qu'il deftinoit pour eftre fes fondepredi- mens, & que pour ce fujet il honora du nom particucation lier d'Apoftres, comme les devant envoyer dans de J.C.toute la terre prêcher fon nom & fon Evangile. Apres

de la

les avoir donc tirez déjà une fois du commun des hommes, il les tira du commun des autres difciples, pour leur faire connoiftre par cette double feparation, qu'ils devoient avoir une double perfection de vertu & eftre au deffus des difciples, ce que fes difciples eftoient au deffus du commun des Juifs. Ils eurent depuis cet avantage fur les difciples du Sauveur, qu'ils eftoient comme les domestiques de JESUS-CHRIST, & qu'ils vivoient avec luy dans une incline maison, comme on voit qu'à la fefte de Paf

ques

ques il mangeoit l'agneau avec eux feuls, & qu'ainfi ils eftoient témoins, non feulement de fes actions & de fes predications publiques, mais encore de fa vie cachée & des fecrets qu'il leur découvroit en particulier, aprés avoir prêché aux autres en parabole. JESUS-CHRIST prévint le choix qu'il fit de ces douze par beaucoup de prieres dans lefquelles il paffa mefme la nuit, pour apprendre à fon Eglife ce qu'elle devoit faire à l'avenir dans l'élection de fes Miniftres, fi elle vouloit bien connoiftre ceux que Dieu avoit choifis. Auffi-toft qu'il eut fait ce choix il les mena fur une montagne eftant fuivi d'une grande foule de peuple; & ce fut alors qu'il leur fit ce grand Sermon qu'on appelle d'ordinaire le Sermon fur la montagne, qui contient tout l'Evangile, & toutes les regles de la conduite tant des Pasteurs que du commun des fidelles. Aprés avoir dés le commencement de ce difcours renversé tous les jugemens des hommes, & toutes les lumieres de la raifon naturelle, en appellant heureux ceux que les hommes eftiment malheureux; il fit voir enfuite combien les ordonnances de la loy des Juifs eftoient peu de chose en comparaison de ce qu'il demandoit de ceux qui feroient à luy, difant clairement qu'il exigeoit d'eux une abondance de juftice qui n'avoit point efté dans les Scribes & dans les Pharifiens, fans laquelle il déclara qu'on n'entreroit point dans le royaume des cieux. Il nous apprit par ces paroles qu'il ne fe contente pas que nous nous abftenions des chofes exterieurement mauvaises; & qu'il ne nous fuffit pas d'avoir l'apparence des bonnes œuvres, ou la fcience de la vertu qui éclate parmi les hommes, comme l'avoient alors les Pharifiens & les Scribes. C'eft pourquoy il ordonne dans la fuite de ce Sermon, que nous n'amaffions des trefors que dans le ciel, afin que noftre cœur y foit toûjours ainfi que noftre tre for. Que l'oeil de noftre intention foit pur & fimple, afin qu'il fanctifie tout le corps de nos actions, Que nous n'ayons qu'un feul maiftre, pour ne nous point partager entre JESUS-CHRIST & le monde; &

que nous ne cherchions que le royaume & de la juftice de Dieu, afin que tout le refte nous foit donné comme par furcroift. Ce qui nous fait voir clairement que la fin de la loy nouvelle est de donner un cœur nouveau à l'homme nouveau, parce que le dehors fe doit regler felon Dieu par le dedans, & que le ruiffeau ne peut estre pur qu'à porportion que la fource eft pure.

Ne point juger les autres. Matth. 6.

La mefme an

Prés les maximes generales que JESUS-CHRIST

nee 3. le peuple, il defcendit aux avis particuliers, & il témoigna que pour fatisfaire à cette abondance de juftice qu'il exigeoit de fes difciples, il ne fe contentoit pas qu'ils obfervaflent le Decalogue qui défend les grand crimes, mais qu'il vouloit qu'ils évitaffent jufqu'aux premiers commencemens du peché. Il fit voir que fon deffein eftoit de regler principalement

le

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