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Te dedans, & de le mettre en tel eftat que le moindre peché interieur fuft auffi éloigné de nous que les plus grands crimes. C'est pourquoy aprés avoir défendu Ies plus petits mouvemens de colere dans le cœur, il défendit enfuite les moindres paroles injurieuses; parce que la douceur du cœur & la retenue de la langle font les principales marques de la justice interieure du Chretien. Les Juifs ne penfoient qu'à fatisfaire les yeux des hommes; mais les Chreftiens penfent à plaire aux yeux de Dieu qui ne regarde que le cœur. Ainfi JESUS-CHRIST fuppofant le Decalogue, qu'il femble appeller du nom de petits commandemens, il donne le nom de grands commandemens à cette retenue du cœur & de la langue, qui étouffe tous les mouvemens de colere & toutes les paroles de mépris. JESUS-CHRIST fous la défense de deux chofes fi petites cache toute la grandeur du Chriftianisme. Il femble qu'il eftime peu de ne tuer point, parce que cela fe peut faire fans aucune vertu interieure, & que des raifons toutes humaines l'empefchent affez. Mais de ce qu'il eftimoit, eftoit de ne point murmurer dans fon cœur contre fon frere, parce que cela ne se peut fans une grande vertu. Auffi le commencement des grands pechez vient de ces petits commencemens qu'on neglige; eftant certain que celuy qui craint de bleffer un homme par la moindre parole injurieufe, eft incapable de tomber dans l'homicide. C'eft pourquoy JESUS-CHRIST recommande tant dans la fuite l'amour de fes ennemis, par lequel il dit que nous devenons femblables à fon Pere, qui fait lever fon foleil fur les méchans comme fur les bons, & répand fes faveurs fur les plus ingrats. Mais un des commandemens fur lequel JESUS-CHRIST S'arrefte le plus dans ce Sermon, où tout eft confiderable, est la défenfe qu'il fait de juger de noftre frere. Comme il voyoit dans le fond du cœur de l'homme une inclination naturelle à juger des autres, il arreste cette liberté, en difant que par les jugemens temeraires nous fommes femblables à un homme qui ayant une poutre dans fon œil, voudroit arracher une paille de

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l'œil

La mef

me an

l'oeil de fon frere Le monde eft plein de scandales en ce point, difent les Peres. Mais le plus grand remede qu'ils y ont trouvé eft d'etre bien humbles, parce que cette humilité nous empefchera d'avoir de mauvais fentimens des autres. Ainfi il faut ou que la charite ou que l'humilité fupprime dans nous tous ces jugemens temeraires; ou que fi ni l'une ni l'autre ne le peut faire, la crainte au moins les étouffe, lors qu'on penfe au jour auquel JESUS-CHRIST viendra juger les moindres defauts qui fe trouveront dans nos meilleures oeuvres, & dans cette juftice apparente qui trompe fouvent noftre ignorance & celles des autres. Il nous affure luy mefme qu'il gardera alors envers nous le mefme poids & la meime mefure dont nous aurons ufé envers les autres. Celuy qui penfe ferieufement à ce jugement, difent les faints Peres, ne penfe guere à juger fon frere, & encore moins à s'entretenir de fes defauts. La charité fait qu'il interprete tout en bonne part, & qu'il prend plaifir à pratiquer la parole d'un faint Evefque, qui dit que fi une action avoit cent vifages, il faudroit toûjours la regarder par celuy qui eft le plus beau.

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Le Lepreux & le Centenier. Matth. 8.

ESUS-CHRIST eftant defcendu de cette montagne où il avoit établi les regles de toute la Morale Chrênec. 31 tienne, fit deux miracles que l'Evangile rapporte. Le premier fut la guerifon d'un lepreux, qui dans la maniere dont il s'approcha de J. C. nous donne un parfait modelle de la priere.Car auffi-toft qu'il l'eut apperceu, il le reconnut pour fon Sauveur, & dans cette ferme foy il luy dit avec une humilité interieure qu'il témoigna au dehors par fes profternemens: Seigneur, vous pouvez me guerir fi vous le voulez; montrant d'un cofté quelle eftoit fa foy, & de l'autre quelle eftoit fa foûmiffion à la volonté de Dieu. J. C. cut pitié de luy; & étendant fa main pour le toucher, il luy dit: Je le veux, foyez gueri. Comme pour approuver ce

que

que cet homme avoit déclaré, & pour nous apprendre que fa volonté feule eft la fource des graces que reçoivent ceux qu'il a aimez d'un amour eternel, lors qu'il ne voyoit encore dans eux que des crimes. Mais aprés qu'il eut gueri cet homme & qu'il luy eut défendu de rien dire d'une guerifon fi miraculeuse (ce qui nous apprend à cacher les graces fecretes qu'ils nous fait)dés qu'il fut entré dans Capharnaum, un Centenier qui eftoit extrémement affligé de la maladie d'un ferviteur qu'il avoit & qui efto t preft de mourir, envoya quelques-uns des Juifs le prier de venir guerir ce ferviteur malade. Les Juifs vinrent faire cette priere au Sauveur, & le prefferent mefme en louant la bonté de ce Centenier qui leur avoit bâti une Synagogue. J. C. fe rendit à leur demande, & il alloit avec eux-au logis où eftoit ce malade. Mais lors qu'il eftoit proche, ce Centenier qui avoit une foy bien plus vive & bien plus refpectueufe que tous les Juifs, envoya fes amis plus intimes au Sauveur pour le prier dene fe pas donner la peine de venir en fon logis, parce qu'il n'en eftoit pas digne. Il luy dit que c'eftoit pour cela mefme qu'il n'avoit

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n'avoit ofé l'aller trouver, & qu'il fçavoit qu'il luy fuffifoit de dire une feule parole, & que fon ferviteur feroit auffi-toft gueri. J. C. admira la foy de ce Centenier; & l'Eglife à fon exemple l'a tellement admirée qu'elle la propofe tous les jours comme pour modelle à tous fes enfans, & qu'elle met les paroles de ce faint homme dans la bouche de ses Miniftres & de fes fidelles, lors qu'ils font prefts de recevoir le mefme Seigneur à qui ce faint homme les dit autrefois. C'eft pourquoy pour tirer l'inftruction que J. C. & fon Epouse fainte veut que nous tirions d'un fi grand exemple, nous devons avoir à l'imitation de ce Centenier une profonde humilité de cœur, & nous croire indignes d'adreffer nos prieres à J. C. prenant pour entremetteurs les Saints du ciel & ceux de la terre que nous croyons luy eftre les plus agreables, comme cet homme prend pour fes mediateurs auprés de J. C. les Juifs qu'il croyoit avoir plus de pieté que luy. Nous devons croire aufli, comme difent les SS. PP. que la moindre parole de J.C. peut operer, s'il luy plaift, d'auffi grands effets dans nos ames que fon divin Corps. Car ce Centenier receut en effet par la feule parole du Sauveur la mefme grace qu'il auroit receue par fa prefence. J. C.. voulut fe rendre à fon humilité, & luy obeïr en quelque forte. Ce ne fut que pour ne le pas confondre qu'il s'abftint d'aller chez luy. Mais en n'entrant pas dans fa maison luy-mefme, dit S. Auguftin, il y fit entrer une vertu invifible qui guerit la maladie de fon ferviteur; & s'il ne le vifita pas en perfonne, ce fut pour le vifiter plus heureufement par fes graces & par fes mifericordes. Les SS. PP. ont pris occafion de la charité de ce Centenier pour fon ferviteur, de recommander à toutes les perfonnes du monde le foin qu'ils doivent avoir de leurs domestiques, principalement lors qu'ils font malades. C'est dans ces rencontres qu'ils doivent témoigner à Dieu qu'ils fçavent que devant luy le pauvre & le riche font égaux, & que s'ils veulent qu'entant que ferviteurs de Dieu il ait pitié d'eux, ils doivent avoir pitié eux-mefmes de ceux qui les fervent.

Fils de la veuve de Naim. Luc. 8.

Prés la guerifon de tant de fortes de maladies, La mer

quelque encore

furprenant qui eft le miracle de la refurrection des 31 morts. Le premier que l'Evangile marque que J. C. ait reffufcité eft une jeune fille âgée de douze ans, qui eftoit fille d'un Prince de la Synagogue nommé Jalrus. Il ne parut rien de fort extraordinaire dans ce miracle, ny dans la foy du pere,qui eftant en ce point bien éloigné du Centenier, obigea J. C. de venir jufque chez luy, ny dans la foy de cette fille reffufcitée, dont l'Evangile ne marque aucune reconnoiffance, ny dans celle de ceux qui eftoient prefens, puis qu'ils fe mocquoient au contraire de J. C. parce qu'il avoit dit que cette jeune fille dormoit & qu'elle n'eftoit pas morte. La feconde refurrection que l'Evangile marque, a quelque chofe de plus particulier; & voicy ce qu'en difent les Evangeliftes. Lors que J. C. alloit dans la

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ana.

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