Imagens das páginas
PDF
ePub

ville de Naïm accompagné de ses Disciples & d'une grande foule du peuple, il rencontra aux portes de cette ville un mort qu'on portoit en terre, qui eftoit fils d'une veuve qui pleuroit beaucoup en fuivant le corps de fon fils. JESUS-CHRIST fut touché en voyant cette femme qui fondoit en larmes, & quoy qu'elle ne luy fit aucune demande, les larmes feules furent une voix puiffante dont fa mifericorde fe laiffa fléchir. Il s'approcha d'elle & luy dit, qu'elle ceffaft de pleurer. Il fit arrefter enfuite ceux qui portoient ce mort. II toucha le cercueil où il eftoit, par une voix toute-puiffante, il dit à ce jeune homme qu'il luy commandoit de fe lever. Ce qu'il fit fur l'heure, & il le rendit auffitoft à fa mere. Ce miracle enferme de grandes inftructions que les Saints ont remarquées. Nous y apprenonsqu'il ne fe fait rien dans le monde au hazard, & que tout ce qui paroift aux hommes une rencontre inopinée est un veritable deffein dans Dieu; comme J.C.qui ne paroiffoit fe trouver là que par hazard, ny eftoit venu en effet que pour reffufciter ce mort. Nous y voyons la tendreffe que l'Eglife a pour fes enfans. Elle regarde chacun d'eux comme un fils unique, & elle n'a point d'autre confolation fur la terre dans le temps de fon veuvage eftant feparée de J. C. que dans l'amour qu'elle fent & pour fon Epoux qui eft dans le ciel, & pour les enfans qu'elle luy enfante par fes prieres & par fes gemiffemens. Nous y remarquens encore, que ces porteurs que J. C. arrefte font les Demons qui portent l'ame morte en enfer, qui eft fon dernier tombeau & le fepulchre du pecheur. Ces porteurs font vrayment horribles, & ils nous donnent lieu de juger que l'ame, d'un pecheur eft veritablement comme un corps mort, qui eft prefque incapable de fe remuer, files Demons ne la portent & ne la remuent, comme on dit qu'ils remuent quelquefois des charrognes pour paroiftre visiblement à nos yeux. C'est pourquoy cette circonftance de l'Evangile s'accorde avec ce qui eft dit ailleurs: Qu'il faut que J. C. lie le fort pour luy ofter ses vafes, c'eft à dire, les ames dans lesquelles il habite comme dans fa maifon. Et en effet lors que

l'on

l'on confidere la difficulté de convertir une ame efclave de la concupifcence & des Demons; on voit que cela ne fe peut faire fi J. C. ne lie les Demons, pour faire aimer à cette ame ce dont elle n'avoit que de l'horreur auparavant. Aprés que J. C. eut reffufcité ce jeune homme il le donna à fa mere à qui il appartenoit, tant parce qu'elle l'avoit mis au monde, que parce qu'elle l'y avoit remis en le reffufcitant par fes prieres. Ce qui nous fait voir que nous avons une extrême obligation à l'Eglife, & que nous ne pouvons affez reconnoistre le grand amour qu'elle a cue pour nous. C'est pourquoy les SS. PP. ont dit que ces morts ettant ainfi reffufcitez par les prieres de l'Eglife, doivent aprés leur conversion eftre en deuil avec cette divine mere, pour obtenir tous ensemble la refurrec tion de leurs freres dont elle pleure encore la mort.

L

La Magdaleine. Luc. 7.

31.

E bruit de la refurrection de ce jeune homme de La mefNaim & de tant d'autres miracles de J. C. fe re- mean. pandant de toutes parts, les difciples de faint Jean l'en entretinrent dans la prifon où Herode l'avoit fait mettre. Ce faint homme ne penfant qu'à porter tout le monde à connoiftre J.C. & ne fe croyant que pour cela fur la terre, continua encore alors de faire en quelque forte fon ouvrage, au moins autant qu'il le pouvoit, & voulut comme obliger J.C. de dire luy-mefme qu'il eftoit le Messie devant quelques-uns de fes difciples qu'il luy envoya, non pour le prier de le délivrer de la prifon, mais pour luy demander fi c'eftoit luy que tout le monde attendoit depuis tant de fiecles comme fon Sauveur. J. C. qui fçavoit que les difciples de S. Jean avoient quelque jaloufie contre luy, évita de rien dire de luy-mefme qui puft paroiftre trop avantageux. Il fe contenta de faire beaucoup de miracles en leur prefence, & de leur ordonner de dire à faint Jean ce qu'ils avoient veu Lors qu'ils furent partis, J.C.prit occafion de cette députation de parler de faint Jean devant le peuple,"

X5

peuple, & de loiier cette stabilité & cette fermeté qui ne l'avoit pas rendu semblable aux rofeaux. Et comme la vie de ce faint homme avoit efté extremement: penitente. J. C. declara que c'eftoit par la penitence que les hommes à l'avenir devoient penser à se sauver, & dit cette grande parole: Que le royaume deDieu n'eftoit que pour ceux qui le raviroient par une fhinte violence. Il maudit mefme quelques villes où il avoit fait beaucoup de miracles, & qui avoient témoigné écouter avec joye fa fainte doctrine, feulement parce qu'elles n'avoient pas fait penitence, & dit que Sodome & que Gomorrhe feroient moins punies un jour. Mais comme les hommes s'eftoient étrangement endurcis, & que fes paroles eftoient trop foibles pour les exciter à la penitence, le Sauveur voulut les y porter par un exemple celebre, qui fut celuy de la bienheureufe Madeleine. Cette fainte pechereffe eftant touchée d'un mouvement violent, vint courir vers J. C.. qu'elle regardoit comme le medecin de fes playes. C'eft pourquoy ayant fceu qu'il eftoit entré dans le logis de Simon le Pharifien pour y manger, elle s'y

en alla avec une fainte impudence, & fans rougir de tant de témoins, elle fe jetta à fes pieds, les embraffa, les baifa, les arrofa de fes larmes, les parfuma de fes parfums, & les effuya de fes cheveux. Le Pharifien qui connoiffoit cette femme, parce que le déreglement de fa vie l'avoit rendue celebre dans toute la ville, commença à douter que J. C. fuft Prophete, puis qu'il ne connoiffoit pas quelle eftoit celle qui avoit ofe le toucher, ne doutant pas que s'il l'euft connue, il ne l'euft rejettée de luy. Mais J. C. confondant les vaines imaginations de ce Docteur de la loy, luy apprit combien il preferoit l'amour ardent de cette pechereffe à la tiedeur de ceux qui n'avoient pas fait de fi grands pechez. Et luy ayant dit que beaucoup de pechez luy avoient efté remis, parce qu'elle avoit beaucoup aimé, il la renvoya en paix aprés une action fi fainte. Cette femme, comme remarquent les faints Peres, a donné en fa perfonne un modelle accompli de la penitence auquel il ne manque que des paroles; pour montrer que Dieu ne les compte gueres dans la penitence, dont elles ne font que les feuilles. Elle employe pour la vertu tout ce dont elle avoit abufé pour le defordre. Elle fait à JC. autant d'holocauftes qu'elle en avoit faits auparavant au Demon, & facrifie à la penitence tout ce qu'elle avoit jufques-là donné à fon luxe. Cette converfion fi admirable fe peut appeller la gloire de la penitence; & elle nous fait voir que la pechereffe la plus abandonnée devient pure devant Dieu, lors que l'humilité fanctifie fa penitence; & qu'au contraire la vierge la plus chafte eft tres-impure à fes yeux, lors que ce don du ciel qui l'auroit dû rendre plus humble, la rend plus fuperbe.

[blocks in formation]
[merged small][ocr errors]

La mef. me an

née 31.

ESUS-CHRIST S'eftant trouvé un jour environné de beaucoup de monde entra dans une barque, des c loignant un peu du bord il s'y affit & enfeigna de là tout le peuple, l'inftruifant par un grand nombre de paraboles. Il dit dans celle du femeur, que le laboureur femant fon bled, une partie de cette femence tomba hors du champ dans le chemin, & qu'ainfi elle fut foulée aux pieds ou mangée par les oifeaux. Et en expliquant enfuite en fecret cette parabole à fes difciples, il leur dit, que ces perfonnes font ceux qui écoutent la parole de Dieu, & à qui le Demon vient en mefme temps l'ofter du cœur, depeur qu'ils ne croyent & qu'ils ne fe fauvent. Car cet efprit de tenebres, qui mefle fouvent fon yvraye avec le bon grain, comme J. C. le dit dans la parabole suivante, tâche toûjours au mefme inftant que Dieu feme le bon grain dans les ames pour y produire leur conver

« AnteriorContinuar »