Imagens das páginas
PDF
ePub
[ocr errors]

de fois des assurances de Dieu, que cette terre où il estoit luy appartiendroit un jour, n'ait jamais pensé neanmoins aprés cette promesse si souvent reïterée à y acquerir autre chose qu'un fepulchre pour luy & pour les enfans. La veue continuelle qu'il avoit du ciel luyisoit mépriser toute la terre, où il ne vivoit plus que comme mourant toûjours. Et lors que Dieu pensoit à donner une longue pofterité à Abraham; & à cette pofterité une terre tres-fertile, Abrabam ne pense qu'à sa mort & au sepulchre; & à ne laiffer d'autre heritage à ses enfans que celuy qu'il prenoit pour luy-mesme durant sa vie, dans la pensée continuelle de sa mort. Ce faint homme fit bien voir ainsi qu'il meritoit le témoignage que faint Paul luy donne, que la terre de Chanaan qui estoit la plus belle terre du monde, ou ne luy tenoit lieu de rien, ou qu'au plus elle ne luy servoit que d'un miroir pour y contempler une autre terre invisible, comme parle le mesme Apoftre, dont il avoit l'esprit toûjours occupé; pouvant dire avec saint Paul, que tout le reste dés biens de la terre luy estoit comme du fumier &

des ordures..

A

Mariage d'Ifaac. Genef. 24. Braham estant vieux & pensant à marier Ifaac, L'an ne voulut point s'alier avec les filles du pays de 2148. Chanaan. C'est pourquoy il ordonna à Eliezer for Avant econome d'aller dans la Mefopotamie chercher pour 1856. fon fils une femme qui n'attirast point sur luy l'in-ans. dignation de Dieu. Eliezer yestant allé & se trouvant prés de la ville de Nachor, pria Dieu de luy montrer quelle estoit celle qu'il avoit resolude donner pour femme à Ifaac, & le conjuraque lors que les filles de cette ville fortiroient pour puiser de l'eau, il la luy marquast par ce signe; que quand il luy demanderoit un peu d'eau pour boire, nonseulement elle luy en donnaft, mais qu'elle lay en oftritt mefme pour ses chameaux. Lorsqu'il faifoit à Dieu cette priere, Re

du M.

becca

becca qui estoit parfaitement belle, fille de Bathuel, qui estoit le fils de Melcha, femme de Nachor frere d'Abraham, fortit de la ville pour aller querir de l'eau; & lors qu'elle s'en retournoit, Eliezer alla au devant d'elle luy demander un peu d'eau pour boire. Elle luy en donna de tres-bon cœur, & luy en offrit mesme pour ses chameaux. Ce serviteur fidelle ayant connu à cette marque que c'estoit celle que Dieu avoit destinée pour estre femme de son jeune maiftre, luy donna sur l'heure des pendans d'oreilles & des brasselets pour reconnoissance d'un fi bon office, luy demanda qui elle estoit, & s'il y avoit place chez son pere pour s'y pouvoir retirer. Rebecca l'en afsura, & se hasta d'aller chez elle donner avis de ce qui venoit d'arriver. Laban son frere ayant veu ces pendans d'oreilles, alla trouver Eliezer & le pria d'entrer chez eux. Eliezer y estant entré, protesta qu'il ne mangeroit ny ne boiroit point avant qu'il eust termine l'affaire pour laquelle il estoit venu. Il leur dit qu'il estoit le ferviteur d'Abraham: que Dieu avoit

ren

h

rendu fon maistre extremement riche, & que voulant marier fon fils, il l'avoit envoyé en leur pays, où ayant prié Dieu de luy faire voir par le figne qu'il leur dit, la femme qu'il destinoit à Isaae, il avoit reconnu que c'estoit Rebecca, & qu'il la leur venoit demander. Bathuel & Laban reconnoissant visiblement le doigt de Dieu dans cette affaire, y consentirent, & ausli-toft Eliezer fit de grands presens de vases d'or à la fille & à ses parens, & des le lendemain il voulut partir. Comme on vouloit le retenir plus long-temps on appella Rebecca, que l'on avoit accordée fans luy en demander son avis, comme remarque faint Ambroise, pour sçavoir d'elle si elle consentoit de partir fi-toft. Elle témoigna n'y avoir point de peine, & elle suivit Eliezer, qui se hasta de retourner vers Abraham. Il trouva en approchant du logis Ifaac dans la campagne. Rebecca ayant sceu d'Eliezer que c'estoit celuy à qui Dieu la destinoit pour femme, se couvrit la teste de son voile. Eliezer raconta le succés de fon voyage à Ifaac qui prit Rebecca pour femme, & l'a. mour qu'il eut pour elle, comme marque l'Ecriture, le confola de la douleur qu'il avoit encore de la mort de Sara fa mere qui estoit morte trois ans auparavant. On voit dans cette conduite un modelle admirable de ce qu'on doit observer pour rendre un mariage faint, en negligeant presque de parler du bien, pour ne penser qu'aux mœurs & à l'innocence des personnes qu'il faut chercher avec grand foin & avec beaucoup de prieres, & par l'avis & Pentremise des personnes fages & agreables à Dieu. Saint Ambroise veut que les jeunes filles apprennent de Rebecca, qui se couvre aussi-tost qu'elle voit Ifaac, combien elles doivent garder la pudeur envers celuy-lå mesme que Dieu leur a donné pour mary, en ne se mettant pas en peine de gagner fon cœur par leur beauté & par leurs ornemens exterieurs, comme Rebecca auroit pû faire, mais par leur modestie & par la sa sainteté de leurs mœurs.

Fa

Jacob & Efau. Genef. 25.

A

Prés que le mariage d'Ifaac avec Rebecca eut efte fi heureusement achevé, Abraham vécut encore age de plusieurs années, & Dieu enfin l'appella à luy pour 175 ans. le faire joüir des biens que sa grande foy avoit touMan83 jours envisagez. Il eut le bonheur de témoigner à Avant Dieu sa fidelitéjusqu'à la fin de savie, & de prendre J. C. plaifir à se confiderer comme un banny & un étrancent ans ger dans le pays de Chanaan, sans penser jamais à reapres tourner dans la Chaldée. Il soûmit toûjours sa raison fon en- à sa foy, & les affections les plus tendres de la nature la terre à fon grand amour pour Dieu. Il suivit Dieu par de Cha- tout, fans s'arrester aux perils. Sa sagesse le tira de naan, 8- ceux où la beauté de Sara sa femme le jetta, & fon aprez la courage le sauva de ceux où son amour pour fon nenaiffan- veu Lot l'avoit exposé. Enfin ayant passe cent soixJacob, ante & quinze ans dans un exercice continuel de ver-tus, il mérita aprés avoir esté en ce monde le pere & le modelle de tous les fidelles, de devenir en d'autre leur azile bien-heureux, pour leur faire trouver en fon sein un repos celeste. Dieu, comme marque l'Ecriture, aprés la mort du pere combla de ses benedictions fon fils Ifaac, & il ne luy manquoit pour estre parfaitement heureux que la fecondité de Rebecca. Car ils furent vingt ans ensemble fans avoir d'enfans. Ce qui ayant porte Ilaac, qui avoit déja soixante ans, à prier Dieu de faire cesser la sterilité de sa femme, Dieu exauça sa priere, & Rebecca devint grosse de deux fils jumeaux. Comme ces deux petits s'entrebattoient dans son ventre, Rebecca effrayée de cet accident, & regrettant en quelque forte sa sterilité passée, confulta Dieu pour sçavoir ce que ce prodige prefageoit. Dieu luy répondit que ces deux petits feroient les chefs de deux peuples, & que l'aisné de ces deux enfans ferviroit l'autre. Lors que le temps des couches fut arrivé, Rebecca accoucha en effet de deux enfans. Celuy qui fortit le premier estoit roux, couvert de poil, & fut nommé Esau: l'autre le suivit aussi-toft, & tenoit son frére par le pied; ce qui luy fit donner le nom de Jacob. Ces deux enfans estant grands, il lis arriva que Jacob ayant preparé des lentilles, Efau qui avoient revenoit de la chasse où il s'occupoit d'ordinaire, vingt estant extrémement las defira ces lentilles avec une si ans grande avidité, que Jacob ne les luy ayant promises qu'à condition qu'il luy cederoit son droit d'aînesse, guttin, il le fit à l'heure-mesme. Les saints Peres disent que An ces deux enfans marquoient en effet deux peuples; un Avant peuple de bons, & un autre de méchans, qui se devoient I. C. faire la guerre dés le moment de leur naissance. L'un 1816. de ces peuples representé par Efau, qui semble l'aîné à cause des grands avantages de ce monde, eft neanmoins le serviteur du puisné, parce que les méchans servent aux bons par leur malice mesme; ou en les purifiant par leurs violences, ou en les rendant plus humbles par la veuë du mal que les autres font, dont Dieu seul les a separez sans qu'ils ayent aucune part en ce difcernement qui s'est fait comme celuy de ces enfans

Abraham

mourut

L'an du

1821.

trée en

15 ans

ce de

tus.

environ

felon

du

« AnteriorContinuar »