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clarer ouvertement contre luy, & il alla du cofté de Tyr & de Sidon, où il fit plus qu'il n'avoit fait dans la Judée. Car une femme Chananéenne eftant fortie de ces lieux-là, où J. C. ne vouloit pas aller luy-mefme, afin de ne pas fcandalifer les Juifs, elle vint par un fecret inftinct de J. C. qui l'appelloit à luy fans qu'elle le fceuft, & luy reprefenta avec de grands cris que fa fille cftoit tourmentée du Demon, & le pria d'avoir pitiéd'elle J.C. qui eftoit fi fenfible aux plaintes des affligés n'eut d'abord que des rebuts pour cette femme; afin de nous donner en fa perfonne un excellent modelle de la priere, & de nous apprendre par fon exemple avec quelle humilité nous y devons perfeverer, lors qu'il femble que Dieu n'ait que des rebuts pour nous & qu'il rejette toutes nos demandes. Cette femme humble ne pouvant rien obtenir de J. C. s'adreffa aux Apoftres, qui intercederent pour elle vers le Sauveur. Mais il leur répondit qu'il n'eftoit envoyé que pour les brebis de la maifon d'Ifraël, & non pas pour les Gentils. Et comme ils faifoient de l'inftance, parce que la Chananée les importunoit de fes cris, J. C. voulant faire voir la folidité de la foy de cette femme, ne fe rendit pas encore. Elle-mefme vint enfin fe jetter aux pieds du Sauveur; elle l'adora & luy dit en foûpirant: Seigneur,aidez-moy. J.C. luy refifta encore,& la traitant comme une chienne, il luy dit: Qu'il n'eftoit pas jufte de prendre le pain des enfans & de le donner aux chiens. Ce traitement qui auroit offensé une ame fuperbe ne fit qu'accroiftre la confiance de celle-cy. Elle avoua qu'elle n'eftoit qu'une chienne; mais,comme pour prendre J. C. par fa propre bouche, elle luy reprefenta que les petits chiens mangeoient au moins les miettes qui tomboient de la table de leurs maîtres, & qu'elle n'en demandoit pas davantage. Elle fe mit elle-mefme au rang des chiens, & confidera les Juifs comme fes maiftres & les enfans du vray Dieu. Cet humble aveu dans un taitement fi rude en apparence, fit que tout d'un coup J. C. s'écria: O femme, voftre foy eft grande. Et changeant fes rebuts en une admiration de la fermeté, il luy accorda au moment ce qu'el

le

le luy avoit demandé. Les SS. PP. ont tremblé en confiderant cette foy dans une femme payenne. Et faint Gregoire le Grand dit, que comme cette femme idolâtre confondoit l'incredulité des Juifs, il peut de mefme arriver fouvent dans l'Eglife que des perfonnes engagées dans le monde feront rougir ceux qui font dans une profeffion plus fainte; & que la fimplicité de leur foy jointe à l'innocence de leur vie, confondra un jour la tiedeur & le peu de foy des autres, dont la vie ne répond pas à l'excellence de leur eftat ni aux grandes graces que Dieu leur a faites.

Transfiguration de J. C. Matth. 17.

me an

Mef TESUS-CHRIST fe trouvant feul avec fes difciples, & parcourant avec eux les villes de Cefarée, demanda nce. 32. à fes difciples ce que le monde difoit de luy. Ils luy répondirent que les uns croyoient qu'il eftoit Jean Baptifte; les autres qu'il eftoit Elie; d'autres qu'il estoit Jeremie, ou l'un des anciens Prophetes. Et vous, leur

dit

dit J. C. que dites-vous que je fuis? S. Pierre alors fans hefíter luy répondit: Vous eftes le CHRIST Fils du Dieu vivant. J. C. l'appella heureux de ce que fon Pere luy avoit revelé cette verité, & il l'afflura qu'il etabliroit fi fermement fur luy fon Eglife fainte, que les portes d'enfer ne prévaudroient jamais contre elle. Mais aprés cette grande gloire qui promettoit à faint Pierre d'eftre le chef de l'Eglife, & d'eftre affis-un jour fur la chaire de la capitale du monde, fans que fa faute & fon renoncement qui furvint enfuite portait J. C. à retracter fa promeffe; le Sauveur l'humilia d'une maniere terrible, luy donnant le nom de fatan, parce qu'il vouloit le détourner de fouffrir la croix & la mort:& il fit voir qu'il n'éleve guere fes Saints qu'il ne les abaiffe auffi-toft enfuite, parce que la foibleffe de l'homme eft fi grande, que fi Dieu n'ufoit envers luy de cette conduite, la profperité ou temporelle ou fpirituelle P'éleveroit & luy deviendroit un fujet de chûte. Huit jours aprés que cela fe fut paffé, J. C. prit trois de fes difciples,S.Pierre,S. Jacques & S. Jean,qui paroiffoient toûjours les plus favoritez d'entre les autres, & aufquels il témoignoit plus de tendreffe. Il les mena fur une haute montagne à l'écart, & lors qu'il y prioit il fut tout d'un coup transfiguré. Son vifage devint éclatant comme le foleil, & fes habits plus blancs que ia neige. Moyfe en mefme temps & Elie apparurent qui s'entretenoient avec J. C. de ce qui luy devoit arriver à Jerufalem. Les trois difciples qui dormoient fe reveillerent tout d'un coup de leur fommeil, & furent furpris de cette gloire du Sauveur & de la prefence des deux Prophetes qui luy parloient. Saint Pierre eftant transporté de joye dit à J. C. Seigneur, il nous eft bon d'eftre en ce lieu: nous y ferons fi vous voulez trois tentes, une pour vous, une pour Moyfe, & une pour Elie. Mais lors qu'il parloit encore une nuée éclatante les enveloppa, & il en fortit une voix qui dit : C'est là mon Fils bien-aimé, écoutez-le. Les difciples tomberent auffi-toft par terre, & lors qu'ils eftoient faifis de crainte. J. C. s'approcha d'eux & les toucha, en leur difant: Levez-vous & ne craignez rien. Ils fe leverent

Y

& ne

& ne virent plus que J. C. qui leur défendit en defcendant avec eux de la montagne de rien dire de ce qu'ils avoient véu. Cette transfiguration toute pleine de myfteres fut un des moyens dont J. C. fe fervit pour fortifier la foy de fes difciples, & pour les affurer plus fenfiblement qu'il eftoit Dieu. Il voulut par cette anticipation de fagloire leur faire voir ce qu'ils feroient un jour eux-mefmes à la refurrection des morts, & que malgré les travaux & les fouffrances de cette vie ils ne laifferoient pas de jouir de la gloire dont ils avoient efté témoins fur cette montagne. Cette veuë auffi les a rendus forts enfuite dans leurs plus grandes douleurs. Quand le S. Efprit eft furvenu en eux, il leur a rendu cette vifion plus utile qu'elle ne le parut à ce moment, & ils comprirent par fa lumiere que cette gloire.ineffable de J. C. qu'ils avoient veuë de leurs propres yeux feroit communiquée à leur propre corps. Ainfi l'on peut dire que le deffein de J. Ĉ, dans cette Transfiguration n'eftoit pas feulement de rendre fes Apoftres forts au jour de fa Paffion, & de les faire fouvenir de fa gloire dans le temps de son humiliation; mais encore de les rendre forts eux-mefmes dans le temps de leurs fouffrances, & de les encourager dans leurs afflictions par la veuë de la gloire dont elles devoient eftre fuivies.

La mef

me an

nce. 31.

Enfant modelle de l'humilité. Matth. 18.

ESUS-CHRIST eftant defcendu avec fes trois Apôtres de la montagne de Thabor, vint retrouver les autres Difciples qui eftoient environnez d'une grande foule de monde. Un homme dont le fils eftoit tourmenté dụ Demon les eftoit venu prier de le guerir en l'abfence de leur Maistre. Mais quoy que J.C. leur euft donné pouvoir fur ces efprits, ils ne pûrent neanmoins chaffer celuy-la. Et aprés que J. C. l'eut fait, & qu'il eut rendu ce fils à fon pere, fes Difciples luy demanderent en particulier pourquoy ils ne l'avoient pu guerir euxmefmes. Il leur répondit que c'eftoit à caufe de leur

peu

peu de foy,& il ajoûta que s'ils avoient la Foy, ils pour roient tranfporter les montagnes de leur place & les faire aller dans la mer. Il leur dit enfuite que cette fortedde Demons ne fe gueriffoit que per la priere & par le jeûne. Et il leur apprit ainfi qu'ils fe trompoient s'ils prétendoient exercer une autorité abfoluë fur les Demons, & que pour bien ufer de leur pouvoir, il faloit fe rabaiffer aux moyens ordinaires que Dieu avoit établis, comme eftoit la priere & le jeune, pour chaffer les efprits impurs. J. C. alla enfuite à Capharnaum, où ceux qui levoient les impofts demanderent à S. Pierre fi fon Maiftre ne payoit point le tribut. Cet Apoftre leur répondit qu'il le payoit. Et eftant entrez au logis J.C.prevint S.Pierre & luy dit: De qui les Princes de la terre exigent-ils le tribut? Eft-ce de leurs enfans ou des étrangers? Mais pour ne les point fcandalifer, ajoûtat-il, allez à la mer, & ouvrez la bouche du premier poiffon que vous y prendrez, vous y trouverez une piece de monnoye que vous donnerez pour moy & pour vous. Le Sauveur a appris ainfi aux Chreftiens de vivre dans la vie commune, fans troubler l'ordre que

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Dieu

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