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Dieu y a étably, & fans fe troubler eux-mefmes des evenemens du monde. Comme J. C. eftoit dans ce logis avec tous les difciples; il leur demanda dequoy ils s'entretenoient lors qu'ils eftoient en chemin, parce qu'il fçavoit qu'ils avoient difputé qui étoit le premier d'entre eux. Et voulant ruiner de bonne heure dans leur efprit tous ces fentimens d'orgueil, & toutes ces penfees de préeminence, il leur dit: Que celuy qui voudroit eftre le premier de tous devint le dernier de tous. Et pour leur donner encore une image plus fenfible de cette difpofition du cœur dans laquelle il vouloit qu'ils fuffent, il prit un petit enfant qu'il embraffa, & le mettant au milieu d'eux, il leur dit : Que s'ils ne travailloient à fe rendre semblables à ce petit enfant, ils n'entreroient point dans le royaume des cieux. Les SS, PP. ont efté frappez de cette fentence du Sauveur; & voyant combien cela eftoit difficile à l'orgueil humain, ils n'ont point eu d'autre efperance que dans la grace de celuy-là mefme qui leur faifoit ce commandement. Ils ont appris de-là combien il eftoit important d'étouffer tous ces defirs ambitieux de youloir paroiftre plus que les autres, & ils ont reconnu que le foin du veritable Chreftien eftoit de fe cacher toûjours, & d'eftre bien-aife que tous les autres paroiffent. Un homme n'eft plus grand qu'un autre homme, qu'à proportion qu'il a plus de charité que luy, & tout le refte eft vain devant Dieu. Que fi on vouloit s'élever au-defius des hommes, parce qu'on a plus de vertu qu'eux, on deviendroit par cet orgueil le dernier de tous. JESUS-CHRIST étouffe l'orgueil & il le retranche jufqu'à la racine, en reduifant fes Difciples à l'eftat d'un petit enfant. Et fi l'on veut juger fi l'on fera du nombre des bienheureux dans l'autre monde, on n'a qu'à voir fi l'on eft du nombre des enfans & des humbles en celuy-cy, & fi on travaille par la fimplicité, par l'humilité, par l'obeiffance & par les autres vertus, àeftre auffi petit dans l'ame que les enfans le font dans le corps.

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Les dix Lepreux. Luc. 17.

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ESUS-CHRIST ayant pris occafion de la difpute de La meffes Difciples touchant la primauté, de leur recom- me ann, mander l'humilité Chreftienne, & de leur donner 32. 3 du refpect pour les enfans & pour les foibles qu'il affura eftre tres-dangereux de fcandalifer, il quitta la Ga lilée; & la fefte des Tabernacles s'approchant, fes parens & fes freres l'exhorterent à aller en Judée, d'où il s'eftoit retiré à cause de la mort de S. Jean. Ils luy dirent qu'il n'avoit rien à craindre, & luy parlant comme à un homme qui affectoit de s'acquerir de l'eftime des hommes par fes grands miracles, ils témoignerent, comme dit l'Evangile, qu'ils ne croyoient point en luy. JESUS-CHRIST ne s'arrefte point à refuter leurs vaines imaginations. Il fe contenta de leur dire que leur temps eftoit toûjours preft, mais que le fien n'étoit pas encore venú. Que pour luy il n'iroit pas encore en Judée. Ses på

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rens

rens affifterent à la fefte avant luy. Et aprés qu'il eut demeuré quelques jours en Galilée il alla dans la Judée, non publiquement & avec éclat comme à fon ordinaire, mais en fe cachant. Lors qu'il paffoit par le milieu de la Samarie, il trouva à l'entrée d'un bourg dix Lepreux, qui fe tenant loin de luy par refpect, éleverent leurs voix & le prierent d'avoir pitié d'eux. JESUS-CHRIST les voyant leur dit qu'ils s'allaffent montrer aux Preftres afin d'obeïr ainfi aux ordonnances de la Loy. Il apprit ainfi à ceux qui croiroient en luy jufqu'où devoit aller leur condefcendance pour s'accommoder aux coûtumes & aux pratiques de l'Eglife, & quelle devoit eftre leur deference pour les puiffances qui y font établies. Mais il arriva que lors que ces dix hommes alloient fe montrer aux Preftres ils fe trouverent gueris de leur Lepre. Ce que voyant un d'entre eux, il retourna auffi-toft fur fes pas glorifiant Dieu à haute voix d'une guerison fi miraculeufe. Il alla trouver JESUS-CHRIST, il fejet-ta à fes pieds, fe profterna le vifage en terre, & luy rendit graces de la mifericorde qu'il venoit de recevoir. JESUS-CHRIST luy demanda s'ils n'avoient pas efté tous gueris, où eftoient les neuf autres. Il ne fe trouva perfonne d'entre ces dix Lepreux, dit l'Evangile, qui retournaft à JESUS-CHRIST pour luy rendre fes actions de graces que cet étranger qui eftoit Samaritain. JESUS-CHRIST le renvoya en luy difant que fa foy l'avoit fauvé, & témoignant affez combien l'ingratitude des autres luy eftoit defagreable. Les SS. PP. confiderant cet exemple en ont toûjours pris fujet d'exhorter les hommes à fuir l'ingratitude & à ne recevoir aucune grace de Dieu fans luy témoigner par toutes les marques qu'ils peuvent, combien ils en font touchez, pour rendre leur reconnoiffance égale à la grandeur des dons qu'ils reçoivent. Ce n'eft pas affez de reffentir quelque joye de la guerifon interieure de nos ames, puifqu'on ne doit pas douter que ces neuf Lepreux ne s'en retournaflent avec grande joye. Ils avoient fans doute un grand reffentiment de leur guerifon, & ils admiroient mefme au fond de

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leurs cœurs celuy qui en eftoit l'auteur. Mais ce n'eftoit pas affez, Ils devoient retourner fur leurs pas, & fe profterner devant luy, pour luy rendre graces d'une maniere digne de luy. Ils font devenus par leur ingratitude Lepreux dans l'ame en ceffant de l'eftre dans le corps; & ils ont efté en ce point l'image de ceux qui ceffant quelquefois de commettre des pechez groffiers à la veue des hommes, augmentent par leur ingratitude leurs pechez interieurs devant Dieu. Heureux celuy, dit faint Bernard, qui fe tient toûjours posterné devant le Sauveur; qui luy rend graces fans ceffe pour les moindres dons ; & qui fe confiderant comme un étranger à l'imitation de ce Samaritain, croit que toutes les faveur qu'on luy peut faire font d'autant plus gratuites, qu'il ne merite par luy-mefme que le mépris & le chaftiment.

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La femme adultere. Joan. 8.

me an

ESUS-CHRIST ayant fait en chemin cette guerifon La mefde dix Lepreux,trouva lors qu'il fut arrivé en Judée toute Jerufalem en trouble, de ce qu'il n'eftoit pas venu nee, j. à cette fefte,& tout le peuple partagé dans les jugemens qu'ils faifoient de luy,les uns difant qu'il eftoit bon, les autres fouftenant qu'il eftoit un feducteur. Et lors que l'Octave de la fefte s'avançoit, J.C. parut dans le Temple & y enfeigna le peuple avec une fageffe qui donnoit de l'étonnement à tous ceux qui fçavoient qu'il n'avoit point efté inftruit dans fes fciences humaines ny dans l'étude de la loy. Lors donc qu'il parloit publiquement & avec une entiere liberté, ceux qui l'écoutoient admiroient comment fes ennemis qui le vouloient perdre, le laiffoient ainfi en repos, & ils crurent que peut-eftre ils avoient reconnu que c'eftoit le CHRIST. Mais on ne fut pas long-temps fans faire des deffeins fur fa perfonne, qui furent neanmoins tous inutiles, parce que fon heure n'eftoit pas venue. Car les Pharifiens voyant que le peuple parloit de luy & de Les miracles avec admiration, & qu'on difoit tout haut

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que

que quand le CHRIST viendroit il ne pourroit pas faire de plus grandes chofes, ils ne pûrent fouffrir ce témoignage qu'il rendoit au Sauveur, & ils envoyerent des archers pour fe faifir de fa perfonne. Mais au-lieu que jufque-là il s'eftoit fi fouvent caché, il ne le fit pas alors, pour donner des exemples des mouvemens differens que produiroit le faint Efprit en ceux qui feroient perfecutez dans la fuite de tous les fiecles. Ceux donc qui estoient venus pour le prendre furent arrestez par un fecret inftinct de Dieu. Au-lieu de fe faifir de luy, ils l'écouterent avec admiration; & lors que les Pharifiens qui les avoient envoyez leur firent des reproches de ce qu'ils ne l'amenoient pas, ils leur répondirent: Que jamais homme n'avoit parlé comme celuy-là. J.C. s'etant retiré enfuite fur la montagne des Olives pour y prier, il fe trouva le lendemain de grand matin dans le Temple où le peuple l'environna. Mais lors qu'on l'écoutoit les Pharifiens luy tendirent un piege en luy faifant prefenter une femme furprise en adultere, afin que s'il la condamnoit à la mort, il fût décrié parmy le peuple comme un homme d'une extrême rigueur; &

que

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