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rendu fon maistre extremement riche, & que vou-
lant marier fon fils, il l'avoit envoyé en leur pays, où
ayant prié Dieu de luy faire voir par le figne qu'il leur
dit, la femme qu'il deftinoit à Ifaae, il avoit reconnu
que c'eftoit Rebecca, & qu'il la leur venoit deman-
der. Bathuel & Laban reconnoiffant visiblement le
doigt de Dieu dans cette affaire, y consentirent, &
aufli-toft Eliezer fit de grands prefens de vafes d'or à
la fille & à fes parens, & des le lendemain il voulut
partir. Comme on vouloit le retenir plus long-temps
on appella Rebecca, que l'on avoit accordée fans luy
en demander fon avis, comme remarque faint Am-
broife, pour fçavoir d'elle fi elle confentoit de partir
fi-toft. Elle témoigna n'y avoir point de peine, & elle
fuivit Eliezer, qui fe hafta de retourner vers Abra-
ham. Il trouva en approchant du logis Ifaac dans la
campagne. Rebecca ayant fceu d'Eliezer que c'eftoit
celuy à qui Dieu la deftinoit pour femme, fe couvrit
la tefte de fon voile. Eliezer raconta le fuccés de fon
voyage à Ifaac qui prit Rebecca pour femme, & l'a
mour qu'il eut pour elle, comme marque l'Ecriture,
le confola de la douleur qn'il avoit encore de la mort
de Sara fa mere qui eftoit morte trois ans auparavant.
On voit dans cette conduite un modelle admirable
de ce qu'on doit obferver pour rendre un mariage
faint, en negligeant prefque de parler du bien, pour ne
penfer qu'aux mœurs & à l'innocence des perfonnes
qu'il faut chercher avec grand foin & avec beaucoup
de prieres, & par l'avis & l'entremife des perfonnes fa-
ges & agreables à Dieu. Saint Ambroise veut que les
jeunes alles apprennent de Rebecca, qui fe couvre
auffi-toft qu'elle voit Ifaac, combien elles doivent
garder la pudeur envers celuy-là mefme que Dieu leur
a donné pour mary, en ne fe mettant pas en peine de
gagner fon cœur par leur beauté & par leurs ornemens
exterieurs, comme Rebecca auroit pû faire, mais par
leur modeftie & par la fa fainteté de leurs mœurs.

Fa

Jacob & Efau. Genef. 25.

Abra

ham

mourut

L'an du

1821.

A

Prés que le mariage d'Ifaac avec Rebecca eut efté fi heureusement achevé, Abraham vécut encore e de plufieurs années, & Dieu enfin l'appella à luy pour 175 ans. le faire jouir des biens que fa grande foy avoit toû M2183 jours envifagez. Il eut le bonheur de témoigner à Avant Dieu fa fidelité jufqu'à la fin de fa vie, & de prendre J. C. plaifir à fe confiderer comme un banny & un étranger dans le pays de Chanaan, fans penfer jamais à reapres tourner dans la Chaldée. Il foûmit toûjours fa raison fon en- à fa foy, & les affections les plus tendres de la nature la terre à fon grand amour pour Dieu. If fuivit Dieu par de Cha- tout, fans s'arrefter aux perils. Sa fageffe le tira de ceux où la beauté de Sára fa femme le jetta, & fon la courage le fauva de ceux où fon amour fon pour neveu Lot l'avoit expofé. Enfin ayant paffé cent foix-Jacob, ante & quinze ans dans un exercice continuel de ver

trée en

naan, &.

15 ans

aprez

naifance de

tus

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tus, il mérita aprés avoir efté en ce monde le pere & le modelle de tous les fidelles, de devenir en l'autre leur azile bien-heureux, pour leur faire trouver en fon fein un repos celeste. Dieu,comme marque l'Ecriture, aprés la mort du pere combla de fes benedictions fon fils Ifaac, & il ne luy manquoit pour eftre parfaitement heureux que la fecondité de Rebecca. Car ils furent vingt ans ensemble fans avoir d'enfans. Ce qui ayant porté Ifaac, qui avoit déja foixante ans, à prier Dieu de faire ceffer la fterilité de fa femme, Dieu exauça fa priere, & Rebecca devint groffe de deux fils jumeaux. Comme ces deux petits s'entrebattoient dans fon ventre, Rebecca effrayée de cet accident,& regrettant en quelque forte fa fterilité paffée, confulta Dieu pour fçavoir ce que ce prodige prefageoit. Dieu luy répondit que ces deux petits feroient les chefs de deux peuples, & que l'aifné de ces deux enfans ferviroit l'autre. Lors que le temps des couches fut arrivé, Rebecca accoucha en effet de deux enfans. Celuy qui fortit le premier eftoit roux, couvert de poil, & fut nommé Efau: l'autre le fuivit auffi-toft, & tenoit fon frére par le pied; ce qui luy fit donner le nom de Jacob. Ces deux enfans eftant grands, il s arriva que Jacob ayant preparé des lentilles, Efau qui avoient revenoit de la chaffe où il s'occupoit d'ordinaire, vingt eftant extrémement las defira ces lentilles avec une fi ans grande avidité, que Jacob ne les luy ayant promifes qu'à condition qu'il luy cederoit fon droit d'aineffe, guftin, il le fit à l'heure-mefme. Les faints Peres difent que l'An du ces deux enfans marquoient en effet deux peuples; un Avant peuple de bons, & un autre de méchans,qui fe devoient I. C. faire la guerre dés le moment de leur naiffance. L'un de ces peuples reprefenté par Efau, qui femble l'aîné à caufe des grands avantages de ce monde, eft neanmoins le ferviteur du puifné, parce que les méchans fervent aux bons par leur malice mefme; ou en les purifiant par leurs violences, ou en les rendant plus humbles par la veuë du mal que les autres font, dont Dieu feul les a feparez fans qu'ils ayent aucune part en ce difcernement qui s'est fait comme celuy de ces enfans

environ

felon

M.2188

1816.

enfans des le ventre de leur mere. Efau en vendant fon droit d'aîneffe pour un peu de lentilles, doit bien faire trembler ceux qui se haftent d'eftre heureux des biens fi méprifables de ce monde, & qui au lieu de les abandonner de bon cœur comme Jacob, renoncent au contraire aux biens du ciel afin de les poffeder. Mais ceux qui font en cet eftat ne fe pleurent point euxmefmes; & comme il eft marqué d'Efau qu'il fe mettoit peu en peine d'avoir vendu fon droit d'aîneffe, de mefme ces perfonnes qu'il figuroit font fort infenfibles à la perte qu'ils font des biens éternels, pourveu qu'ils puiffent fatisfaire leurs paffions en joüiffant des plaifirs du monde qui ne durent qu'un moment.

Ifaac benit Facob. Genef. 27.

E

Sau ayant vendu à Jacob fon droit d'aîneffe, Rebecca mere des deux freres qui aimoit tendrement Jacob luy affura cet avantage plufieurs années

aprés,

Avant

Ifaac

etant

ans;

ait en

core

aprés, par une adreffe toute fainte & toute pleine de L'an de myfteres. Car Ifaac fe fentant fort vieux, & voulant M.2245 benir fes enfans avant que de mourir, appella fon fils j.c. Efau qu'il aimoit, luy commanda d'aller à la chaffe 1759. pour avoir dequoy manger, afin qu'il le benift enfuite. Rebecca avertit promtement Jacob de ce qui fe âge de paffoit, & luy commanda d'aller prendre deux che- 137: vreaux dans le troupeau. Lors qu'il les eut donnez à quoy fa mere, elle en prépara à Ifaac ce qu'elle fçavoit qu'il qu'il en aimoit. Elle revêtit Jacob des habits d'Efaû qu'elle gardoit, & couvrit fes mains & fon cou de la peau des vecu. chevreaux, afin que fon pere qui ne voyoit plus pûft 44. en entendant la parole de Jacob, croire au moins par le poil de fes mains que c'eftoit Efau fon frere. Ifaac en effet ayant efté furpris de fa voix qu'il croyoit estre la voix de Jacob, le fit approcher de luy, & ayant touché le poil des peaux dont il s'eftoit couvert les mains; il dit que la voix à la verité eftoit la voix de Jacob, mais que les mains eftoient les mains d'Efati. Aprés qu'il eut mangé, & qu'il eut fenti en baifant Jacob l'odenr de fes habits parfumez, il le benit & luy fouhaita la rofée du ciel & la fecondité de la terre. Il l'établit le maiftre de tous fes freres, & finit fa benediction par ces paroles, dont faint Bernard dit que les vrais Chrêtiens ont tant de fujet de fe confoler: Que celuy qui vous maudira foit maudit luy-mefme; & que celuy qui vous benira foit comblé de benediction. A-peine Ifaac avoit achevé ces paroles, qu'Efaü entre & apporte à manger de ce qu'il avoit pris à la chaffe, afin que fon pere le benift enfuite. Ce faint Patriarche fut furpris d'un étonnement incroyable lors qu'il reconnut ce qui venoit de fe paffer. Mais bien loin de retracter ce qu'il avoit fait, il le confirma au contraire, parce qu'il voyoit trop fenfiblement le doigt de Dieu dans cette conduite. Efau alors jetta des rugiffemens, comme marque l'Ecriture, & accufant hautement la tromperie de fon frere, il demanda à fon pere s'il n'avoit qu'une feule benediction; eftant en ce point, commé remarquent les faints Peres, l'image de ceux qui estant bien-aises d'allier Dieu

avec

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