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que s'il ne la condamnoit pas,il fût décrié encore comme un violateur de la loy de Dieu. J. C. connoiffant leur malice fe baiffa & écrivit de fon doigt fur la terre. Et lors qu'ils perfiftoient à luy demander fon avis, il fe leva & leur dit: Que celuy d'entre vous qui eft fans peché jette la premiere pierre contre cette femme. Il commença encore à écrire en terre; & cependant les Pharifiens s'en allerent tous les uns aprés les autres, & il ne refta que J. C. avec cette femme, à qui le Sauveur dit que parce que perfonne ne l'avoit condamnée, il ne la condamneroit point auffi: & il la renvoya en paix en luy commandant de ne plus pecher à l'avenir J. C. fit voir alors qu'il vouloit que les hommes penfaffent plus à fe juger eux-mefmes qu'à accufer les autres, & à examiner leur vie qu'à cenfurer celle de leurs freres. Ils ont fouvent horreur des pechez groffiers, parce qu'ils bleffent leurs fens, & ils n'ont pas horreur des pechez fpirituels qui bleffent infiniment plus Dieu qui eft tout Efprit. Le peché de l'Ange dans le ciel & celuy du premier homme fur la terre ont plus offenfé Dieu que le crime de cette adultere qu'on luy prefentoit alors. C'eft ce qui nous doit tenir toûjours humiliez devant Dieu, & nous rendre doux & moderez à l'égard de ceux qui tombent dans ces excés. Cette modération qu'on leur témoigne eft un excellent moyen pour les retirer de leurs defordres. L'indulgence dont J.C.ufa envers cette femme eut peut-eftre plus d'effet fur elle pour la retirer de fon crime, que n'auroient eu toutes les severitez dont la loy vouloit qu'on ufaft. Rien ne touche tant une ame bien née qu'une douceur qu'elle ne devoit pas efperer. L'Eglife a appris de cet exemple de J. C, à ne pas rebuter les plus grands pecheurs:& quoy qu'elle travaille folidement à leur veritable converfion, elle a eu neanmoins beaucoup de compaffion de leur eftat. Elle a trouvé qu'il eftoit bien jufte que cette parole de J. C: Que celuy d'entre-vous qui eft fans peché jette la premiere pierre, fift au moins autant d'effet dans le coeur des Chreftiens qu'elle en fit alors dans l'efprit des Juifs; & que la pieté de ceux-cy cedaft à des paroles aufquelles la dureté des autres fuft obligée de ceder

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LA-

L'Aveugle né. Joan. 9..

La mef.

me an

A

Prés que J. C. eut délivré par fa bonté la femme → adultere, & qu'il fe fut tiré par fa fagefle de ce nec 32. piege que fes ennemis luy avoient dreffé, il continua: de prefcher au peuple dans le temple plufieurs veritez importantes, & de reprocher aux Pharifiens le deffein qu'ils avoient fait de le perdre. Il leur fit voir qu'en cela ils eftoient les Miniftres du Demon qui avoit aimé le fang dés le commencement du monde, & quiavoit fait tuer les Prophetes. Il leur demanda publiquement qui d'entre-eux pouvoit le convaincre d'aucun peché, & pourquoy ils ne le croyoient pas puis qu'il ne leur prefchoit que la verité? Les Juifs oppoferent à des reproches fi juftes,non des raison, mais des injures ; & ils l'appellerent Samaritain & Demoniaque. J. C. répondit à ces blafphêmes avec une grande douceur, mais voyant qu'ils prenoient des pierres pour le lapider, il fe cacha & fortit du Temple. Lors qu'il fe retiroit il

vit un homme qui eftoit aveugle dés fa naiffance. Ses Difciples luy demanderent fi cet homme avoit peché ou fes peres, pour naistre ainsi dans l'aveuglement? Mais J. C. leur répondit que cet aveuglement n'eftoit que pour manifefter fa gloire. Il fit enfuite de la boue avec de la falive. Il la mit fur les yeux de cet aveugle, & l'envoya à la pifcine de Siloë pour s'y laver. Il alla à la piscine. Il s'y lava & y recouvra la veuë. Tous ceux qui l'avoyent veu auparavant furent étrangement furpris lors qu'ils le virent. Et comme on luy demandoit de qu'elle maniere s'eftoit fait un fi grand miracle, il dit qu'un homme appellé JESUS avoit fait de la boue, qu'il l'avoit mife fur fes yeux, qu'il l'avoit envoyé à la pifcine pour s'y laver, qu'il y avoit efté, & qu'il y avoit recouvré la veuë. On l'amena auffi-toft aux Pharifiens qui luy firent la mefme demande, & aufquels il répondit la mefme chofe. Auffi-toft quelques-uns d'entre-eux dirent qu'un homme qui avoit fait de la boue le jour du Sabbat ne pouvoit eftre un homme de Dieu. Les autres eftant accablez par la grandeur de ce miracle, dirent qu'un méchant homme ne pouvoit guerir un aveugle-né. Et lors qu'ils eftoient divifez les uns contre les autres, ils firent encore parler l'aveugle, & luy demanderent ce qu'il difoit de cet homme, à quoy il répondit hautement que c'eftoit fans doute un Prophete.Eftant irritez de cette réponse il ne pûrent croire qu'il eût efté aveugle. Ils firent venir fes parens, qui craignant des gens fi paffionnez fe ménagerent avec adreffe en n'affurant rien autre chofe, finon que c'eftoit là leur fils & qu'il eftoit né aveuglé, mais pour le refte ils dirent que leur fils eftoit en àge de répondre & de parler luy-mefme. Ayant fait venir encore cet aveugle ils luy parlerent avec plus de force, ils luy dirent qu'il rendift gloire à Dieu, & qu'il fçavoient que que J. C. eftoit un méchant. Je ne fçay, leur dit-il, s'il eft un méchant: mais je fçay bien, qu'eftant aveugle auparavant je voy maintenant fort clair. Les Juifs Tuy répondirent: Que pour eux ils eftoient difciples de Moife, & qu'ils ne fçavoient qui eftoit cet homme. C'est ce que j'admire, ajoûta-t-il, que vous ne fçachies

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chiez qui il eft; & cependant il m'a ouvert les yeux Les Pharifiens le chafferent enfuite de la Synagogue, & J. C. P'ayant trouvé luy demanda s'il croyoit au Fils de Dieu, & ajoûta que c'eftoit luy-mefme qui luy parloit. Cét homme le profterna en terre & l'adora. Heureux aveugle, difent les SS. PP. qui a découvert la vraye lumiere! Il n'a pas efté feulement l'adorateur de J. C. il en a efté le défenfeur. Il a confondu les Docteurs de la loy, & il a fait voir qu'une fimple foy qui eft humble, eft plus éclairée que la fcience qui eft iuperbe. Les Juifs l'ont chaffé de leur Synagogue; mais J. C. l'a receu dans la communion de fon Esprit, & a fait de fon cœur fon Temple vivant.

Le Samaritain. Luc. 10..

La mef

me an

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Prés la guerifon de l'aveugle-né, l'Evangile rap-

ée 3 la charité que les Pafteurs doivent avoir pour le troupeau qui leur aefté confié, en imitant celle du Sou-

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verain Pasteur de nos ames, qui eft mort volontaire-
ment luy-mefme pour le falut de fes brebis. Il donna
dans le peu de paroles qu'il dit fur ce fujer toutes les
marques qu'on peut defirer pour fçavoir fi on eft du
nombre des Pasteurs veritables de ce troupeau divin,
puis qu'on n'a qu'à voir fi on eft preft de luy donner
non feulement fon bien, fon repos & fon établiffe-
ment, mais fa vie mefme, en la perdant ou tout d'un
coup, ou par une longue fuite de fouffrances. Il mon-
tra combien eft oppoté en ce point au vray Pasteur
celuy qui n'eft que mercenaire & qui s'enfuit lors
qu'il voit venir le loup, c'eft à dire, qui fe tient dans
un lâche filence lors qu'il devroit s'oppofer avec for
ce à ceux qui veulent perdre le troupeau de JESUS-
CHRIST Mais aprés avoir inftruit les Pafteurs dans
ce difcours, de la charité qu'ils doivent à leurs peu-
ples, il inftruifit enfuite tous les hommes de celle
qu'ils doivent avoir les uns pour les autres. Car un
Docteur venant luy demander en le tenant, quel
eftoit le plus grand commandement de la loy, JESUS-
CHRIST luy répondit en un mot: Que c'eftoit d'ai-
mer Dieu de tout fon cœur, & fon prochain comme
foy-meime. Ce Docteur preffa JESUS-CHRIST
& luy demanda qui eftoit ce prochain qu'on devoit
aimer; Le Sauveur le luy apprit par cette parabole.
Un homme, dit-il, faifamt voyage, tomba entre les
mains des voleurs qui l'ayant dépouillé le blefferent
de beaucoup de playes; & le laifferent demy mort.
Lors qu'il eftoit en cet eftat, un Preftre fe trouva au-
prés de ce lieu, vit cet homme & fans s'arrefter pour
le foûlager il paffa outre. Un Levite fit encore la mef-
me chofe, montrant l'un & l'autre, que les grandes
vertus ne font pas attachées aux minifteres les plus
relevez, & qu'on peut bien avoir les dignitez de l'E-
glife fans avoir la charité qui devroit toûjours les
accompagner. Enfin un Samaritain, c'eft à dire, un
Payen & un idolatre, paffant auprés de ce licu vit
cet homme, & eftant touche de compaffion, il s'ap-
procha de luy, verfa dans fes playes du vin & de l'hui-
le, & les ayant bandées le mit fur fon cheval, le me--
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naa

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