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na à l'hoftellerie, le recommanda à l'hôtelier, & en s'en allant donna deux pieces de monnoye pour la dépenfe de cet homme, promettant à l'hoftelier que s'il en dépenfoit davantage, il le luy rendroit à fon retour. JESUS-CHRIST demanda à ce Docteur qui de ces trois hommes avoit efté le prochain de celuy qui eftoit tombé entre les mains des voleurs. A quoy il répondit que c'eftoit celuy qui en avoit eu compaffion. Allez, repliqua JESUSCHRIST, & faites la mesme chofe. Le Sauveur nous commande en la perfonne de ce Docteur d'eftre prefts à toute heure à fecourir ceux que nous voyons dans la mifere & de n'épargner ny nos foins, ny nos peines, ny noftre bien lors qu'il fe prefente quelqu'un que nous puiffions affifter. Les faints Peres fe plaignent que les hommes font trop fages dans ces occafions. Ce Preftre & ce Levite croyoient peut-eftre avoir de fort bonnes raifons de paffer fans s'arrefter. Ils furent mefme apparemment attendris en voyant ce miferable. Mais cette compaffion fterile n'empefcha pas qu'ils ne fuffent cruels en manquant à un devoir fi preffant de la charité. Le Samaritain ne raifonna pas tant qu'eux. Il agit plus fimplement & plus charitablement. Il luy fuffit de voir cet homme mourant pour fe croire obligé de le fecourir. C'eft ainfi que nous devons faire, & nous ferions bien peu difpofez à secourir les maux de ceux qui font éloignez de nous, lors que nous negligeons ceux dont nous fommes témoins nousmefmes, & que nous voyons de nos propres yeux.-

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Marthe & Marie. Luc. 10.

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nee 32.

ESUS-CHRIST ne fe contentant pas d'avoir établi La mieľ douze Apoftres, choifit encore septante & deux dif- ne anciples qu'il envoya deux à deux devant luy par tout où il devoit aller, & qui vivant contens dans leur condition, fans porter envie aux Apoftres qui eftoient au-deffus d'eux, apprirent déflors que ceux qui feroient un jour dans les degrez inferieurs de l'Eglife, y devoient vivre tres-contens, fans porter envie à ceux qui font dans les ordres fuperieurs, où ils ne doivent point monter par leur propre orgueil, mais demeurer humblement dans leur eftat à moins que Dieu ne les en retire, comme il retira faint Matthias du nombre de ces feptante & deux difciples pour l'élever à l'Apoftolat. Aprés les avoir envoyez avec pouvoir de chaffer les Demons, ils revinrent tranfportez de joye, dire à J. C que ces efprits impurs leur eftoient affujettis par la vertu de fon nom. Mais J. C. leur in

fpirant

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fpirant le mépris de ces dons particuliers, leur dit qu'ils ne devoient pas fe réjouir de cet empire qu'ils avoient fur les Demons, mais de ce que leurs noms eftoient écrits dans le ciel. Et auffi-toit par un mouyement du faint Efprit il rendit graces à fon Pere de ce qu'il avoit choifi les petits & les humbles pour leur découvrir des myfteres qu'il cachoit aux fages & aux prudens. Et fe tournant en mefme-temps vers fes difciples, il leur dit: Qu'heureux eftoient les yeux qui voyoient ce qu'ils voyoient, parce que plufieurs Rois & plufieurs Prophetes avoient voulu voir & entendre ce qu'ils voyoient & entendoient fans qu'ils l'euffent pû, pour faire juger à ceux qui ont receu des Apoftres la connoiffance des mefmes mysteres, quel crime ce leur feroit de les laiffer perdre, ou de ne les pas eftimer autant qu'ils doivent, en s'appliquant continuellement à les méditer. C'eft pourquoy JESUSCHRIST Voulant nous donner une image fenfible de la maniere dont les Chreftiens devoient paffer leur vie, alla dans un chasteau où une femme nommée Marthe le receut. Cette femme avoit une four nommée Marie, qui fe tenant aux pieds de JESUS-CHRIST écoutoit paisiblement fa fainte parole, pendant que Marthe eftoit occupée à préparer à manger. Elle s'nquieta mefme de ce que fa foeur ne l'aidoit pas dans l'embarras où elle fe trouveroit, elle en vint faire fa plainte à JESUS-CHRIST, qui bien-loin de retirer Marie de cette application fi louable à fa parole, la défendit au-contraire contre fa fœur, & dit à Marthe que pendant qu'elle s'occupoit avec tant d'empreffement à beaucoup de chofes, Marie avoit choifi là meilleure part & qu'elle ne luy feroit point oftée. Les SS. PP. ont compris de là, qu'encore que les actions exterieures de charité foient neceffaires pendant cette vie, ceux neanmoins que Dieu en difpenfe pour les tenir dans une vie tranquille, occupez à la meditation de fa parole, font toûjours les plus heureux. Rien ne paroiffoit de plus faint que de s'appliquer à préparer à manger pour JÉSUS-CHRIST mefme: & cependant Jesus-CHRIST prefere le repas de Maríe

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au travail de Marthe. Cette parole que JESUS-CHRIST luy dit: Qu'il n'y avoit qu'une chofe qui fuft neceffaire, a efté la devife ordinaire des plus grands Saints. Ils ont veu que le refte en quelque forte eftoit fuperfu, & qu'on ne pouvoit prefque s'y appliquer fans préjudice de cette feule chofe qui eft neceffaire. C'est pourquoy ils ont dit que cette Sentence devoit retenir l'activité de ceux qui mettent toute leur pieté dans les actions exterieures: & quoy que ces œuvres de charité foient excellentes en elles-mefmes, ils doivent craindre neanmoins que le trouble & l'empreffement qui les accompagne, ne nuife peu-à-peu à la pureté interieure & à l'union du cœur à Dieu, en quoy confifte proprement cet unique neceffaire que JESUS-CHRIST a voulu efte preferé à toutes choses.

Folie des richeffes. Luc. 12.

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Prés que JESUS-CHRIST nous eut appris par La mef la réponse qu'il fit à Marthe, combien il préferoit" la vie paifible & toûjours appliquée à Dieu à la vie active, toujours occupée aux œuvres de charité, il nous fit voir encore combien il pouvoit y avoir d'illufions dans ces actions exterieures de pieté par les reproches qu'il fit aux Pharifiens qui ne fe mettoient en peine que du dehors & qui nogligeoient le dedans. Car les faints Peres confiderant la conduite de ces perfonnes & ce que JESUS-CHRIST dit dans l'Evangi le, ont reconnu que le Demon n'aime rien tant lors qu'il poffede bien une ame que de luy faire faire beau coup de bonnes œuvres exterieures, qui éclatent aux yeux des hommes, pourveu que pendant qu'elle donne le dehorsà Dieu, il foit maiftre du dedans. Que fi ces engagemens exterieurs font toûjours à craindre à ces fortes de perfonnes, JESUS-CHRIST fait voir combien ils le font encore plus à ceux qu'il choifit pour fes Miniftres. Car deux treres l'ayant prié de les accorder & de faire entre eux un partage, il rejetta affez durement cette propofition, & leur dit qu'il

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n'eftoit point étably pour faire ce partage entre-eux. 11 montra par cette réponse qu'il ne vouloit prendre aucune part aux biens du monde ny aux affaires des hommes du monde, & qu'un vray Chreftien & principalement un miniftre de J. C. doit fuir ces actions feculieres, & ne fe pas laiffer tromper par un pretexte de charité dont on les couvre. Il prit fujet de l'embarras de fes freres pour le partage de leur bien, d'avertir les hommes de fuir l'avarice, & de les affurer que ce n'eft point de l'abondance des biens temporels que dépend la vie de l'homme. Surquoy il leur dit cette parabole. Un homme fort riche ayant recueilly une grande moiffon de fa terre, se trouva en peine de cette abondance, & difoit en luy-mesme: Que feray-je maintenant puifque les greniers me manquent, & que je ne fçay où ramasser tous mes fruits? Il faut, dit-il, que j'abatte mes granges & que je les agrandiffe. J'y mettray enfuite tout ce que j'ay recueilly, & je diray à mon ame: O mon ame vous avez beaucoup de biens pour plufieurs années : tenez-vous en repos; mangez, beuvez, faites bonne

chere.

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