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Math

eftoit venu à Jerufalem pour la fefte de Pafques, apprenant que JESUS-CHRIST y alloit entrer,prirent des branches de palmes & marcherent devant luy avec de grandes acclamations de joye. Plufieurs jettoient leurs veftemens par terre aux endroits par lesquels J. C. devoit paffer; d'autres le couvrirent de branches d'arbres; & ils crioient devant luy Salut & gloire au Fils de David. Beny foit celuy qui vient au nom du Seigneur. Ces applaudiffemens du peuple animerent de plus en plus les ennemis du Sauveur, & ils s'entreditoient: Vous voyez que nous ne gagnons rien. Voilà tout le monde qui court aprés luy. Les faints Peres ont relevé excellemment ce grand miracle de JESUS-CHRIST. Il triomphe, difent-ils, par avance, comme il mourut par avance à la Cene. Il fait voir l'empire veritable qu'il devoit s'acquerir fur les cœurs par le merite de fa mort, & par la gloire de fa refurrection. Il fait tout ce qu'il luy plaift de ce peuple. Il force les méchans mefine de l'adorer, comme ils feront contraints un jour avec les Demons de · fléchir le genou en fa prefence & de confeffer qu'il eft

Dieu. Les Juifs le haïffent; ils le veulent perdre, & ils ne peuvent neanmoins empefcher fa gloire. Il paroift par un fi grand exemple que c'eft Dieu feul qui fait tout fur la terre: Que les méchans ainfi que les bons font foûmis à fon Empire: & que c'eft en vain qu'on fe trouble des évenemens de cette vie. On doit toûjours dire, quoy qu'il arrive; C'est Dieu qui l'a ainfi ordonné, & aprés cela demeurer en paix. C'est la devotion la plus folide des Chreftiens, puis qu'elle les rehauffe au-deffus de l'enfer & de la terre, au-deffus des Demons, des hommes, des Anges, & du ciel mefme, pour les faire entrer dans le fanctuaire de Dieu, & demeurer fermes dans l'immobilité de fes deffeins eternels,

Vendeurs chaffex, du Temple. Joan. 12.

Ors que JESUS-CHRIST approcha de la ville de La mef

pas qu'il ne verfaft des larmes que la tendrefle de fa charité luy fit répandre dans la veuë des maux qui arriveroient bien-toft à cette malheureufe ville pour punir le deïcide qu'elle eftoit prefte de commettre. Il déclara que la caufe de ces maux futurs, eftoit parce qu'elle n'avoit pas connu le temps auquel Dieu l'avoit vifitée dans fes mifericordes; & il apprit ainfi aux Chreftiens à ne pas meprifer la grace de Dieu en la laiffant demeurer inutile & fans effet. Que s'il ne comprennent pas de quelle punition ils fe rendent dignes par cc mépris, il doivent trembler quand ils confiderent que fi Jerufalem ne fut pas punie d'abord de fon crime, le delay dont Dieu ufa, n'empefcha pas que l'arreft qu'il avoit prononcé contre elle dans fa colere, ne fuft executé ponctuellement. Lors que JESUS-CHRIST s'occupoit de ces chofes en marchant toûjours, & qu'il faifoit voir le malheur des grandes villes, qui rejettent aifement ou qui alterent la verité de Dieu; il entra enfin dans Jerufalem qui fe trouva toute dans le trouble en demandant qui Z.6.

eftoit

me an

née 33

1.11.15

eftoit celuy qui y entroit de la forte. JESUS-CHRIST alla d'abord au Temple, & y ayant trouvé des perfonnes qui vendoient & qui achetoient, il les en chaffa. Il renverfa toutes leurs tables, jetta les chai fes de ceux qui vendoient des colombes ; & dit que la maifon de Dieu eftoit une maifon de priere, & qu'on ne la devoit pas changer en une caverne de voleurs. Il témoigna tant de zele pour le refpect qu'on devoit rendre à ce faint Temple, qu'il ne fouffroit pas que perfonne y paffaft en portant un vafe. Les faints Peres ont extrémement confideré cette circonstance, & ils ont admiré que JESUS-CHRIST ayant prédit les grands maux qui devoient arriver à Jerufalem, allá auffi-toft aprés au Temple, pour montrer fans doute que c'eftoit les defordres qui s'y commettoient, & la negligence ou le déreglement des Preftres qui attirait ces malheurs fur tout le peuple, & qu'ainfi pour appaifer Dieu & pour detourner fa colere de deffus les peuples, ceux qui les conduisent doivent commencer à voir s'il n'y a rien dans eux qui puiffe déplaire à Dieu. Mais il n'y a

point de chreftien qui ne foit épouvanté icy lors qu'il confidere avec quelle feverité le Fils de Dieu le plus doux de tous les hommes, traite ceux qui profanoient la fainteté de ce Temple. Il n'eft entré en colere que contre ce defordre, quoy qu'il ne fe commist que dans le parvis & fous le prétexte mefme du service & du culte qu'on rendoit à Dieu dans fes facrifices. Auffi les faints Peres ont efté étrangement circonfpects en confiderant cette hiftoire, & ils ont pris garde de ne point violer la fainteté de nos Temples par la moindre chofe qui dépluft à Dieu, puis qu'ils font infiniment plus faints que celuy dont JESUS-CHRIST ne put alors fouffrir la profanation. C'est pourquoy ils ont toûjours fort recommandé à leurs peuples le refpect qu'ils doivent aux Eglifes; parce qu'il n'y a rien qui'irrite Dieu davantage que l'irreverence qu'on luy témoigne dans un lieu où il habite comme dans fon trône & comme dans le ciel mefme. Ils ont exhorté les fidelles à s'appliquer à ce faint culte avec une exactitude religieufe. Car on ne le rit point de Dieu impunément; & s'il tolere icy les irreverences que l'on ofe commet-, tre en presence de fon Autel, on ne doit point douter qu'il n'excite un jour fa colere contre cet outrage, & qu'il ne s'en vange, felon la parole de l'Ecriture, dans toute l'effufion de fa fureur.

Robe nuptiale. Matth. 22.1

Out le temps depuis l'entrée de JESUS-CHRIST La mes

verfes conferences qu'il eut avec les Juifs, par lefquelles il leur reprochoit leur infidelité, & leur prédifoit que les payens & les idolâtres prendroient leur place dans le royaume de Dieu. Mais pour abattre en mefme-temps la vanité que les Gentils pourroient avoir de s'eftre veus préferez à un peuple autrefois fi chery de Dieu, il fait voir dans une mefme parabole de quelle maniere il a rejetté les Juifs, & avec quelle

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nec. 32.

Moth!

fageffe les Gentils doivent maintenant remplir lear place. Le royaume des Cieux, dit-il, eft femblable à un Roy qui fit un grand feftin pour les nopces de fon fils, & qui envoya fes ferviteurs pour appeller ceux qu'il y avoit invitez Mais ces perfonnes méprisant ce Prince, refuferent d'y aller. Il leur envoya encore d'autres ferviteurs leur reprefenter qu'il avoit prépare fes viandes & tué fes volailles. Ils negligerent encore de fe touver au feftin; & ils s'en allerent les uns à leur maison de campagne, les autres à leurs affaires particulieres, & les autres encore plus ingrats traiterent outrageufement les ferviteurs de ce Roy & les tuerent. Le Roy entra dans une grande colére lors qu'on luy vint donner avis de ce qui s'eftoit paffe. Il envoya auffi-toft ses armées pour perdre ces homicides, & reduire leur ville en cendres. Ce qui estant fait, il dit à fes ferviteurs: Vous voyez que le feftin des nopces eft tour preft, mais ceux que j'y avois invitez n'en eftoient pas dignes. Allez donc à toutes les entrées des chemins, & amenez tous ceux que vous trouverez. Les fervi- teurs obeirent à leur maistre. Ils affemblerent indiffe-

rem

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