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remment un grand nombre de perfonnes, bons & méchans, & la fale du feftin fut remplie. Lors qu'ils eftoient à table, le Roy entra dans cette falle ceux qui avoient eité appellez. Et en ayant remarqué pour voir un qui n'avoit pas fa robe de nopces, il luy dit: Mon amy, comment eftes-vous entré icy fans avoir la robe nuptiale? Cet homme demeura muet: Alors le Roy commanda à fes ferviteurs de luy lier les mains & les pieds, & de le jetter dans les tenebres exterieures. Et il conclud cette parabole par ces paroles étonnantes: Il y en a beaucoup d'appellez, mais il y en a peu d'élûs. JESUS-CHRIST par cette parabole, qui marque la reprobatiou des Juifs & l'é-lection des Gentils, nous apprend qu'il veut que nous travaillions à nous rendre dignes des graces qu'il nous fait; & que s'il a la bonté de nous prévenir en nous appellant à ces nopces mysterieuses, le moins que nous pouvons faire eft d'y aller dans un estat qui ait du rapport avec la majeste de celuy qui nous y invite. Les faints Peres ont dit que cette robe nuptiale eft l'homme nouveau qui a efté cree felon Dieu dans la verité & dans la juftice, Si nous ne travaillons à nous reveftir de cette robe, il eft à craindre que Dieu ne nous rejette de fon feftin, & que la nudité où il nous voit par la corruption du vieil homme dont nous fommes reveftus, ne l'obligé à commander à fes ferviteurs de nous jetter dans les tenebres exterieures, c'est à dire, dans les tenebres qui nous feparent pour jamais de luy. Cet homme, felon faint Auguftin, en reprefentoit un grand nombre d'autres, & marquoit tout le corps des méchans qui ne connoiffent pas l'eftat honteux où ils font; qui font nuds fans le fçavoir, & dont les autres voyent les habillemens fales fans qu'ils s'en apperçoivent euxmefmes. C'est pourquoy il faut avoir fouvent devant les yeux cette parole de l'Apocalypie Je viendray bien-toft comme un larron, dit le Seigneur. Heu-reux celuy qui veille & qui garde bien fes veftemens, afin qu'il ne marche pas nud, & qu'il n'expofe pas fa confufion aux yeux des autres,

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Parabole des talens. Matth. 25,

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Vant que Jesus-CHRIST finift fa predical tion, il voulut encore effrayer les hommes en nce 32. les avertiffant de la severité de fes jugemens. Il leur propofa la parabole des Vierges folles & des Vierges fages: pour nous apprendre que quelque faint que foit noftre eftat, & quelque éclatantes que puiffent eftre nos bonnes œuvres, marquées par ces lampes luifantes & ornées, nous ferons rejettez de Dieu, fi nous n'avons, comme dit faint Auguftin, cette hui le d'une humilité fincere & interieure qui nous per2 fuade que nous ne fommes rien devant Dieu, & que c'eft fa grace qui fait tout en nous. Mais la parabole des talens que faint Matthieu rapporte ensuite, nous apprend beaucoup de veritez tres-importantes. Un homme, dit-il, eftant preft de faire un grand voyageappella fes ferviteurs, & leur donna tous fesbiens, cinq talens à l'un, d'eux à un autre, & unà un autre à cha

à chacun felon fa force & felon fa capacité. Celuy qui en avoit reçu cinq employa fi utilement cet argent de fon maistre, & travailla avec un fi heureux fuccés qu'il en gagna cinq autres. Celuy qui en avoit receu deux fit la mefme chofe, & gagna deux autres talens. Mais celuy qui n'en avoit receu qu'un, l'alla cacher en terre fans le faire profiter. Le maistre de ces ferviteurs eftant révenu long-temps aprés, fe fit rendre compte. Celuy qui avoit receu cinq talens, offrit les cinq talens qu'il avoit gagnez, & fon maiftre le louant de cette fidelité, luy promit de l'établir en autorité & de le faire jouir de tous fes biens. Celuy de mefine qui en avoit receu deux, en offrit deux autres à fon maiftre, qui le loua auffi & recompenfa fa fidelité comme il avoit fait celle du preinier. Mais celuy qui n'en avoit receu qu'un s'approchant de fon maiftre luy dit: Seigneur, je fçay que vous eftes un homme fevere, & que vous recueillez où vous n'avez point femé. C'eft pourquoy la crainte que j'ay euë de vous m'a fait cacher voftre argent en terre. Tenez, voilà ce que vous m'avez donné. Son maistre luy répondit: Méchant & lâche ferviteur! Puifque vous fçaviez que je recueille où je n'ay point femé, que n'avez-vous donc mis à la banque l'argent que je vous donnay en partant, afin que j'en recueilliffe l'ufure? Et eftant irrité contre ce fervi-teur, qui vouloit mefme juftifier fa pareffe & la faire paffer pour une prudence, il luy fit ofter l'argent qu'il avoit pour le donner à celuy qui avoit mieux ufé du fien, & il commanda en fuite qu'on le jettaft dans les tenebres exterieures, c'est à dire, dans une entiere privation de la lumiere de Dieu. Les faints Peres ont tremblé en confiderant cette parabole. Ils ont veu le danger où l'on tomboit également fi on travailloit au delà de ce que Dieu veut, ou fi l'on ne travailloit pas autant qu'il le veut. Il eftoit aufli dangereux à ces ferviteurs ou de vouloir fervir leur maitre felon le talent qu'il avoit donné aux autres, ou de ne le pas fervir felon le talent qu'ils en avoient receu eux-mefmes. Il n'y a point d'humilité plus gran

de.

de que de ne s'avancer point à fervir Dieu dans les œuvres de charité au delà du degré de grace que l'on fent en foy, & de ne paffer point outre par une préfomption fondée fur une apparence de charité. Mais il n'y a point auffi de plus grand malheur que de retenir inutilement les dons de Dieu, & la rigueur dont on ufe envers celuy qui avoit caché fon talent en terre, a épouvanté fouvent les Saints, & leur a fait vaincre leurs repugnances, pour se rendre humblement à ce qu'il fembloit que l'ordre de Dien demandoit d'eux.

Jugement dernier. Matth. 25.

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nce 33.

Prés que par la parabole des Vierges & par celles A des des talens, JESUS-CHRIST eut averti les premieres perfonnes de fon Eglife de la rigueur effroyable de fa juftice, il exhorta enfuite en general tous les hommes de veiller fur eux, en leur reprefentant quel devoit estre le jugement univerfel. Cette in

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ftruction eftoit extremement neceffaire pour nous réveiller de l'affoupiffement où nous fommes pendant cette vie. Car encore que J s US-CHRIST ait receu de fon Pere une fouveraine domination fur tout le monde, il femble neanmoins laiffer agir les hommes, & confondre toutes chofes comme s'il ne s'en mêloit pas. Mais JESUS-CHRIST qui dés maintenant exerce invifiblement fon jugement fur tous les hommes, & qui le fera paroiftre un jour avec éclat, nous montre affez que la plus grande fageffe de l'homme en cette vie eft de s'occuper toûjours l'efprit de cette pensée, & de prévenir de bonne heure ce jugement en nous jugeant par avance Lors, dit-il, que le Fils de l'homme viendra dans fa majefté accompagné de tous fes Anges, & que toutes les Nations feront raffemblées en fa prefence, il les feparera comme le pafteur fepare les boucs d'avec les agneaux. Il mettra les agneaux à la droite, & les boucs à la gauche. Il dira aux uns: Venez, vous que mon Pere a benis, poffedez le royaume qui vous a efté préparé des le commencement du monde. Car j'ay eu faim, & vous m'avez donné à manger. J'ay eu foif, & vous m'avez donné à boire. J'eftois étranger, & vous m'avez logé. J'eftois nud, & vous m'avez révétu. J'eftois malade, & vous m'avez vifité. J'eftois en prifon, & vous m'eftes venu voir. Aprés avoir dit ces paroles de confolation aux juftes, qui les furprendont mefme & qui leur feront reconnoiftre fenfiblement que lors qu'ils faifoient ces actions de charité aux moindres de ceux qui font à JESUS-CHRIST, ils les faifoient a luy-mefme; il ne furprendra pas moins les méchans en leur reprochant leur dureté, de ce que l'ayant veu dans la faim, dans la foif & dans les autres extremitez, ils ne l'ont pas fecouru. Ils luy demanderont quand ils l'ont veu fouffrir de la forte fans le fecourir. Mais JESUS-CHRIST leur declarera dans toute la severité de fa colere, que lors qu'ils refufoient leur compaffion aux pauvres, ils la luy refufoient à luy-mefme. Enfin aprés avoir ainfi publiquement relevé la charité des

uns

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