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Flagellation. Matth. 27.

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ace 33.

ESUS-CHRIST fut mené de Caïphe chez Pilate,qui demanda aux Juifs quels eftoient les chefs d'accufations que l'on avoit contre cet homme. Mais les Juifs luy répondirent confufément, que s'il n'euft pas efté un méchant homme, ils ne le luy auroient pas amené. Pilate n'ayant pas couftume de juger les accufez fur des paroles fi vagues, voulut le leur remettre entre les mains, afin qu'ils le jugeaffent eux-mefmes felon leur loy. Mais pour le fatisfaire ils produifirent de faux témoins, qui ne parlant plus de Religion ny de Temple. comme ils avoient fait devant le Grand Preftre, dirent que cet homme eftoit un feditieux, qu'il foûlevoit tout le peuple, qu'il empefchoit qu'on ne donnaft le tribut à Célar, & enfin qu'il fe difoit Roy. Pilate enfuite alla trouver J. C. qui luy parla librement de luy-mefme, de fon royaume qui n'eftoit point de ce monde, & il luy dit qu'il eftoit venu

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fur la terre pour rendre témoignage à la verité. Pilate qui n'eftoit pas envenimé comme les Juifs & qui découvroit aisément l'innocence du Sauveur, alla encore retrouver les Juifs pour leur dire qu'il ne le trouvoit nullement coupable. Mais les cris s'élevant de tous coftez, il fut contraint de revenir interroger J. C. qui demeura dans le filence. Pilate luy reprefenta le grand nombre d'accufations qu'on formoit contre luy; mais J. C. ne répondit rien, jusqu'à étonner fon juge par ce filence. Ce Gouverneur ayant appris que J. C. eftoit de Galilée, il voulut s'en décharger, & le renvoya à Herode qui en eftoit Roy & qui eftoit alors à Jerufalem. Herode eut d'abord une grande joye en voyant le Sauveur, parce qu'ayant beaucoup ouy parler de luy il defiroit de le voir, & efperoit qu'il feroit devant luy quelque miracle. Mais luy ayant propofé beaucoup de queftions aufquelles J. C. ne répondit rien; ce Prince le méprifa, le traita comme un fou, luy fit donner une robe blanche, & le renvoya à Pilate avec lequel il fe reconcilia alors, & ils devinrent amis. Pilate ayant receu le Sauveur fortit une troifiéme fois pour dire aux Juifs qu'il ne trouvoit point de crime en J. C. & qu'Herode luy-mefme auquel il l'avoit envoyé ne l'avoit trouvé coupable de rien. Mais les Juifs ayant refolu de perdre le Sauveur, témoignerent par leurs cris qu'ils n'approuvoient pas ce que Pilate leur difoit. Ainfi ce Gouverneur par une invention cruelle d'une politique ambitieufe, condamna le Sauveur à eftre fouetté; afin que les yeux de fes ennemis eftant adoucis par ce tourment, le laiffaffent vivre. Ce fut alors que Judas voyant jufqu'où les ennemis du Sauveur pouffoient les chofes, rentra en luy-mefme, & que dans la veuë du crime qu'il avoit commis, il fut faifi d'un defefpoir qui luy fit reporter aux Juifs les trente deniers qu'il en avoit receus, en leur difant qu'il avoit peché en leur livrant le fang innocent. Et ayant jetté fon argent dans le Temple, il s'en alla tout defefperé & fe pendit. Ce difciple dont le Diable avoit corrompu le cœur, & dont Dieu avoit fait fer

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vir la malice à fes deffeins eternels, eft un exemple terrible de la maniere dont le Demon fe jou des hommes. Il leur déguise le mal où il les veut jetter; il leur couvre les yeux depeur qu'ils ne l'envifagent, & il le colore avec tant d'artifice qu'ils ne peuvent en difcerner la laideur: mais auffi-toft qu'ils l'ont commis, il fe fert d'une voye toute contraire. Il leur exagere leur peché, leur malice, & la justice de Dieu. Ille leur reprefente comme un Juge fans mifericorde, & il les porte ainfi dans le defespoir. Il faut que les Chreftiens qui veulent éviter fes pieges conoiffent d'une part la grandeur de leurs pechez qui font innombrables, & de l'autre la mifericorde de Dieu qui n'a point de bornes; & aprés avoir conceu un regret fincere dans la veue de leurs bleffures profondes, & de la bonté de celuy qui leur commande d'efperer eu luy, ils doivent fe dire à eux-mefmes: Il n'y a point de maladie incurable lors que celuy qui peut tout en eft le medecin, & que le fang d'un Dieu en eft le remede.

Voilà l'homme. Matth. 27.

Plate ayant livré JESUS-CHRIST aux foldats, ils

ajoûterent au tourment de la flagellation une autre infulte fanglante; & pour fe mocquer de fa royauté divine, ils luy mirent une couronne d'épines fur la tefte, un rofeau à la main, & le revêtirent d'un habit de pourpre. Ils fléchirent enfuite les genoux devant luy, & luy dirent en luy donnant des fouflets: Salut au Roy des Juifs. Enfin ils le reduifirent en un tel eftat que Pilate crut qu'il fuffiroit de le faire voir au peuple pour l'adoucir, & pour luy other l'envie de luy demander la mort. Mais il fut bien trompé dans fon efperance. Car auffi-toft qu'il leur eut prefenté J. C. en difant: Voilà l'homme, il s'éleva de fi grands cris de tous coftez qu'il n fut trouble. La propofition mefme qu'il leur fit de délivrer. J. C. à caufe de la felle de Pafques, en laquelle il avoit coustume de

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donner la liberté tous les ans à un prifonnier, fut rejettée tout d'une voix; & J. C. fe vit préferer Barabbas, qui eftoit un voleur, un feditieux & un homicide. Lors que la connoiffance que ce Juge avoit par luy-mefme de l'innocence de J. C. le tenoit en fufpens & l'empefchoit de fuivre aveuglément la fureur du peuple, il fut encore épouvanté par les avis de fa femme, qui luy fit dire qu'il ne prift aucune part dans l'affaire de cet homme jufte, parce qu'elle avoit beaucoup fouffert durant la nuit à fon fujet. Cependant les Juifs qui ne fe relâchoient point, pour prendre Pilate par fon foible, luy dirent qu'il fe declaroit luymefme peu affectionné envers l'Empereur, s'il protegeoit un homme qui s'eftoit élevé contre Cefar en s'appellant Roy. Ce Gouverneur qui aimoit beaucoup fa fortune & peu la juftice, ne put refifter à ces paroles. C'eft pourquoy ayant veu que toutes fes refiftances eftoient inutiles, & que plus il s'efforçoit de fauver JESUS-CHRIST, plus il excitoit le tumulte; il fe fit apporter de l'eau, & crut fe laver du crime horrible qu'il alloit commettre, en fe lavant les

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mains

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mains devant tout le peuple, & en difant qu'il n'e-
ftoit point coupable du fang de cet homme. Aufli-
toft aprés il prononça l'arreft de mort contre JESUS-
CHRIST, le livra entre les mains des Juifs, & laissa
aller Barabbas. Il n'y eut jamais de plus grand exem-
ple que cette action de Pilate, pour faire voir juf- -
qu'où va le defir qu'ont les gens du monde de fatis-
faire leur ambition & leurs interefts. Il méprise tout
ce qu'il fçait de la dignité & de l'innocence de JESUS-
CHRIST. Il neglige les avis de fa femme, qu'il devoit
regarder comme des avis venus du ciel, & foulant
aux pieds toute l'équité & la bonne inclination mef-
me qu'il avoit de proteger un jufte opprimé, il con-
damna JESUS-CHRIST àla mort, non par paffion
comme les Juifs, ni par avarice comme Judas, mais
feulement par timidité & pour ne s'expofer pas au
danger de fe mettre mal à la Cour. Les faints Peres
ont remarqué fur cet Evangile, qu'il n'y a que la
charité qui nous faffe préferer noftre confcience &
noftre falut à tout ce que nous pouvons perdre dans
le monde. Les paroles font vaines; les penfées font
foibles; les refolutions mefme peuvent n'eftre qu'hu-
maines & nous impofent fouvent. Mais il faut que
ce foit Dieu mefme qui agiffe, & que la vertu de fa
grace & de fon Esprit nous établiffe tellement fur
l'immobilité de la pierre, que nous demeurions toû-
jours fermes & inébranlables dans l'amour & la dé-
fenfe de la verité & de la justice.

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Portement de la Croix. Matth. 27.

Dec. 33..Juifs fe voyant enfin maiftres de JESUS

CHRIST ne differerent pas long-temps à executer l'arreft de mort qu'ils avoient eu tant de peine à obtenir. Et leur fureur ne pouvant fouffrir de retardement, ils le chargerent de fa croix, & le firent fortir en cet eftat de la ville de Jerufalem pour aller au mont de Calvaire qui eftoit le lieu deftiné aux fupplices des fcelerats. Mais voyant que JESUS-CHRIST

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