Imagens das páginas
PDF
ePub
[ocr errors]

prife de ce miracle, & de voir des perfonnes qu'ils fçavoient estre de la Galilée, parler neanmoins tant de langages differens. Ils fe demandoient l'un à l'autre d'où pouvoit venir ce prodige ? Et quelques-uns difoient qu'il eftoient yvres. Mais Saint Pierre éleva hardiment fa voix pour refuter cette calomnie; & il leur montra que ce qu'ils voyoient eftoit l'accompliffement des oracles des Prophetes, & l'ouvrage de JESUS qu'ils avoient crucifié: ce qu'il fit avec tant de force & en mefme temps avec tant de fageffe, que fa prédication convertit trois mille hommes. On reconnut alors la verité de ce que faint Jean dit dans l'Apocalypfe: Que l'Eglife eftoit vraiment defcenduë du ciel, & que J.C. comme un Pontife éternel, felon que l'appelle David, baftit en ce jour un Temple à la gloire de fon Pere. Il voulut rendre ce myftere fenfible, afin que fes ennemis, qui eftoient venus en foule à Jerufalem, n'en puffent douter. Il témoigna alors qu'il eftoit victorieux de ceux qui l'avoient crucifié, & que leur fureur n'avoit fervi qu'à accomplir fes deffeins. Il rendit fon Eglife fainte comme un monument eternel de fa victoire, qui fera voir jusqu'à la fin des ficcles que les hommes & les Demons feront toûjours confus dans les entreprifes qu'ils forment contre J. C. & contre fes membres. L'admiration où tous les Saints ont esté du don que Dieu fit en ce jour aux hommes, nous fait juger aifément qu'on ne doit rien defirer fur la terre que le faint Efprit: & les retardemens dont Dieu a ufé pour envoyer le faint Efprit fur la terre, nous font affez voir avec quelle ardeur on doit le demander lors qu'on ne l'a pas encore, & avec quel foin on doit le conferver lors qu'on l'a receu.

Gue

Guerifon du Boiteux. A&.3.

L

me an

Ors que Dieu beniffoit le premier établiffement La mefde fon Eglife par la vie toute divine des premiers Chreftiens qui mirent d'abord tout ce qu'ils pofle- née 33* doient en commun, pour ne plus s'occuper l'efprit du foin des choses du monde, mais feulement de la priere & de la parole de Dieu, les Apoftres qui veilloient fans ceffe pour accroiftre cet édifice faint, faifoient beaucoup de miracles à Jerufalem qui rempliffoient de crainte tous les Juifs, & qui augmentoient le nombre des fidelles. L'un des plus éclatans fut celuy que fit faint Pierre, lors qu'allant prier au Temple à l'heure de None, ils trouverent à la porte un homme qui eftoit né boiteux, & qui y demandoit l'aumône. Cet homme voyant que faint Pierre & faint Jean le regardoient, il les regarda auffi, efperant d'en recevoir quelque argent. Saint Pierre luy dit qu'il n'avoit ni argent ni or, mais qu'il luy donBb 2

noit

[ocr errors]

noit ce qu'il avoit; & il luy commanda au nom de JESUS de fe lever fur l'heure & de marcher. Il le prit en mefme-temps par la main, il le leva, & fes pieds à ce moment fe drefferent & se raffermirent, de forte qu'il fe tenoit ferme, & marchoit droit. Il fautoit mefme de joye, & entra dans le Temple avec faint Pierre pour louer Dieu de cette grace à la veuë de tout le peuple, qui fut bien furpris de ce miracle, parce qu'ils connoiffoient cet homme depuis fort long-temps. Saint Pierre & faint Jean voyant que tout le peuple les regardoit avec admiration, leur demanderent pourquoy ils tenoient ainfi leurs yeux arreftez fur eux, comme s'ils eftoient les auteurs de ce miracle. Et faint Pierre leur déclara que c'eftoit au nom de Jesus que cet homme avoit efté miraculeufement gueri. Il prit occafion de là de leur reprefenter le crime qu'ils avoient fait en le crucifiant; ce qu'il adoucit neanmoins en quelque forte, en difant qu'ils l'avoient fait par ignorance. Il les exhorta enfuite à faire penitence de leurs pechez; en leur reprefentant, pour leur donner plus de confiance, que c'eftoit à eux que Dieu avoit d'abord envoyé fon Fils, & qu'ils eftoient les enfans des Prophetes. Cinq mille furent convertis par cette derniere predication. Et alors les Princes furvinrent qui virent avec douleur qu'ils parloient au peuple & qu'ils prêchoient J. C. reffufcité. Ils fe faifirent des Apoftres & les mirent en prifon en attendant qu'ils en déliberaflent le lendemain. S'eftant donc tous affemblez ils firent venir faint Pierre, & luy demanderent au nom de -qui ils avoient fait ce miracle. Saint Pierre leur répondit hardiment que c'eftoit au nom de JesusCHRIST qu'ils avoient crucifié. Ces Preftres voyant la conftance & la fageffe avec laquelle leur parloient 'ces perfonnes qu'ils fçavcient n'avoir point efté inftruites dans les lettres, ils les firent retirer un moment de leur affemblée, pour déliberer ce qu'ils feroient de ces hommes. Mais voyant combien ce miracle qu'ils venoient de faire eftoit public, ils crûrent fe devoir contenter de les appeller & de leur dé

fendre

fendre de parler jamais au nom de cet homme. Saint Pierre faint Jean leur demanderent librement s'il eftoit jufte qu'ils leur obeiffent pluftoft qu'à Dieu mefme, qui leur commandoit de dire ce qu'ils avoient veu & entendu. Mais ces Preftres fans leur répondre rien autre chofe les renvoyerent avec de grandes menaces. Cette réponse de faint Pierre, lors mefine qu'il eftoit entre les mains de fes ennemis, fait voir une fermeté de courage avec une fageffe que tous les Saints ont admirée : & lors qu'ils fe font veus dans des occafions femblables, où Dieu d'un cofté & les hommes de l'autre leur commandoient des chofes contraires, ils ont imité cette fageffe de faint Pierre, en difant avec autant d'humilité que de fermeté: Il n'eft pas jufte d'obeir pluftoft aux hommes qu'à Dieu.

S

Ananie & Saphire. Act. 5.

Aint Pierre eftant forti de l'affemblée des Juifs La mefvint avec S. Jean & les Apoftres retrouver les Dif-me an ciples qui eftoient en peine d'eux. Ils leur dirent com- née 33. ment toutes chofes s'eftoient paffées, ce que les Pref tres leur avoient dit, & les menaces qu'ils leur avoient faites. Ce que les Difciples ayant ouy, ils éleverent tous unanimement leurs voix vers Dieu pour le prier de confiderer les menaces de ces hommes qui avoient confpiré contre fon Fils, & de donner la force aux fiers de prefcher fa parole avec liberté. Lors qu'ils eurent achevé leur priere il fe fit un tremblement de terre au lieu où ils eftoient. Ils furent tous remplis du faint Efprit, & ils prefchoient la parole de Dieu avec confiance. Tous ceux qui embrafferent la foy n'avoient plus qu'un cœur & qu'une ame. Perfonne d'entre eux ne poffedoit rien en propre; mais tout ce qu'ils avoient eftoit commun. Ainfi il n'y avoit point de pauvres parmi eux, parce que lors que quelque fidelle avoit une terre, il la vendoit & en japportoit l'argent aux pieds des Apoftres qui le diftribuoient enfuite à chacun felon fon befoin. Toute la ville avoit un re

Bb 3

fpect

Actor. 5-1

fpect extrême pour ces premiers fidelles : & lors qu'ils étoient dans le Temple, perfonne n'ofoit se mettre avec eux. Saint Pierre cependant & par fes miracles & par fes predications augmentoit le nombre des fidelles, & gueriffant les malades de fon ombre feule, toute Jerufalem & les villes d'alentour venoient mettre leurs malades dans les ruës, afin qu'en paffant fon ombre tombaft fur eux & les guerift. Lors que les fidelles eftoient ainfi remplis de la confolation du faint Efprit, il arriva une action qui troubla leur joye & qui fit voir la puiffance de faint Pierre d'une autre maniere que n'avoient fait jufqu'alors les guerisons miraculeufes. Ananie ayant vendu une terre refolut avec sa femme Saphire de retenir en fecret une partie de l'argent, & vint apporter le refte aux pieds des Apoftres. S. Pierre fut bleflé jufqu'au fond du cœur de cette avarice, jointe à une diffimulation qui fembloit vouloir imposer à Dieu mefme: & il demanda à Ananie pourquoy il s'eftoit tellement laiffé furprendre par le Demon, que de mentir au faint Efprit en retenant une partie de cet argent. Ne pouviez-vous pas, luy dit-il, retenir voftre

terre

« AnteriorContinuar »