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terre fans la vendre, ou en garder tout l'argent aprés mefme l'avoir vendue? Ce ne font pas les hommes que vous avez voulu tromper, c'eft Dieu mefme. Ces paroles furent pour Ananie des paroles de tonnerre, & il tomba mort au mefme moment. Trois heures aprés fa femme ne fçachant pas la mort de fon mary entra chez S. Pierre, & luy demanda s'il eftoit vray qu'ils euffent tant vendu leur terre? Elle luy répondit qu'il eftoit vray. S. Pierre luy fit le mefme reproche qu'à Ananie, & il ajoûta que les perfonnes qui venoient d'emporter fon mary mort eftoient à la porte, & qu'ils l'alloient emporter de mefme. Cette femme à l'inftant tomba morte, & ces hommes entrant l'emporterent encore & l'enfevelirent avec fon mari. Ces deux morts fi extraordinaires cauferent une grande terreur parmy les fidelles. Ils apprirent d'un fi vifible jugement de Dieu combien l'avarice eft horrible à fes yeux, & contraire à l'efprit de charité qu'il a répandu dans les Chreftiens. Si la fuite des temps & la corruption des mœurs l'ont introduite depuis, l'Eglife n'en a pas moins d'horreur maintenant, qu'elle en témoigna alors dans la perfonne de S. Pierre. Elle ne frappe plus d'une mort temporelle ceux qui y font fujets, parce qu'elle auroit trop de perfonnes à punir. Elle fçait que Dieu ne parle qu'une fois, & qu'aprés cela il fe retire; pour donner lieu à la foy, qui croit auffi certainement ce qui ne s'eft veu qu'une feule fois, que s'il arrivoit tous les jours. Cependant cette Epoufe de J. C. pleure continuellement la mort invifible de tant d'avares qui deshonorent fon Epoux, & qui font de l'Eglife, felon l'Evangile & felon la parole de S. Bernard, une caverne de voleurs qui vivent de leur proye & qui netravaillent qu'à s'enrichir des dépouilles des paffans.

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Saint Etienne lapidé. A&t. 8.

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Actor 7:54

Ors que l'Eglife fe multiplioit de jour en jour, les Saducéens furent ceux qui en témoignerent plus de dépit. Ils fe faifirent des Apoftres, & les firent mettre en prifon: mais la nuit un Ange les en vint délivrer, & leur commanda d'aller annoncer librement au peuple la parole du falut. Le lendemain les Preftres s'eftant affemblez donnerent ordre qu'on fift venir les Apoftres: & ils furent bien furpris de fçavoir qu'on avoit trouvé la prifon bien fermée, mais que les prifonniers n'y eftoient plus. En mefme temps d'autres perfonnes leur vinrent dire qu'ils parloient publiquement au peuple. On donna ordre auffi-toft de les prendre & de les amener dans leur affemblée. Le grand Prêtre leur demanda pourquoy ils prêchoient au nom de Jesus. Et faint Pierre leur répondit comme il avoit déja fait, Qu'il faloit pluftoft obeir à Dieu qu'aux hommes. A ces paroles ils entrerent en fureur, & ils

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confultolent ensemble pour les faire mourir. Mais Ga-maliel l'un des plus confiderables dit qu'il eftoit bon de prendre garde à ce qu'on feroit. Il rapporta quelques hiftoires qui venoient de fe paffer, par lefquelles il fit voir que fi cette entreprise & cette doctrine nouvelle eftoit des hommes, elle fe diffiperoit bien-toft :d'elle-mefme: & que fi elle eftoit de Dieu, ils n'y pourroient refifter. Ils furent arreftez par ces remontrances, & ils fe contenterent de faire battre de verges les Apôtres,& de leur défendre de parler jamais de JESUS. Les Apoftres fortirent du confeil pleins de joye de ce qu'ils avoient efté jugez dignes de fouffrir pour le nom de JESUS. Peu de temps aprés il s'éleva un murmure parmi les fidelles. Les Grecs convertis croyant qu'on méprifoit leurs veuves, & qu'on n'admettoit que celles des Hebreux à de certains minifteres aufquels elles eftoient deftinées, fe plaignirent de ce difcernement aux Apoftres, qui leur dirent qu'ils en choififfent fept d'entre eux qui fuffent remplis du faint Efprit,afin qu'ils puflent fe décharger de ces foins fureux. Entre ces fept, qui furent appellez Diacres, le plus confiderable fut faint Etienne, qui faifoit beaucoup de miracles à caufe de la grandeur de fa foy. En. mefme temps beaucoup d'ennemis fe fouleverent con tre luy; mais ils ne pouvoient refifter au faint Efpritqui parloit par fa bouche. Eftant donc trop foibles contre luy en raifons, ils curent recours aux faux témoignages, & gagnerent des perfonnes qui publierent dans tout le peuple qu'Ettienne ne cefloit de blafphemer contre le Temple & contre la loy. Il fut cité en pleine affemblée, où il fe défendit avec des paroles de feu & de zele. 11 reprocha aux Juifs l'endurciffement de leur cœur, & l'opiniaftreté avec laquelle ils avoient refifté au faint Efprit, & perfecuté les Prophetes qui leur prédifoient l'avenement du Sauveur, dont ils venoient d'eftre les traiftes & les homicides. Ces reproches les mirent en fureur. Ils fondirent avec impetuofité fur Eftienne, qui ayant paru pendant fon difcours avec un vifage d'Ange, s'écria à la fin qu'il voyoit les cieux ouverts, & JESUS affis à la droite de fon Pere. Ils Bb 5

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le menerent hors de la ville; & lors qu'ils le läpidoient, ce faint homme mettant les genoux en terre pria Dieu à haute voix de pardonner ce crime à fes perfecuteurs, & il mourut en faifant cette priere. L'Eglise fainte n'a rien trouvé de plus grand dans ce premier des Martyrs, que la charité qu'il témoigne pour ceux qui le font mourir. Ce fut en ce point qu'il parut eftre le veritable difciple de J. C., & qu'il fit voir que la liberté toute apoftolique avec laquelle il avoit parlé à fes ennemis, n'eftoit qu'un effet de fon grand amour pour eux. Ce n'eft pas haïr les hommes que de leur faire voir avec quelque force les grands excés qu'ils commettent.Perfonne n'aimoit plus les Juifs que faint Estienne; & neanmoins il leur reproche hardiment leur opiniâtreté. Mais ces reproches font fans aigreur. C'est une colombe, dit faint Auguftin, dont la colere n'a point de fiel. Il leur parle fortement pour vaincre la dureté de leur cœur. Mais en mefme temps il brûle de zele pour leur falut, & il offre à Dieu fon fang pour ceux-mefme qui le répandent.

Eunuque baptifé. Act. 8.

N des avantages que receut l'Eglife à la mort de faint Etienne, fut le redoublement de la perfenec, 33. cution qu'on avoit commencé à luy faire, parce qu'elle ne fervit qu'à affermir davantage la vertu de fes enfans. Les fidelles furent difperfez dans les Provinces éloignées, & cette difperfion répandit la foy dans tout le monde. En ce mefme temps faint Philippe Diacre alla en Samarie, y prêcha la foy & y convertit plufieurs perfonnes qui eftoient touchées de la fainteté de fes paroles & du grand nombre de fes miracles. Lors donc que tous venoient en foule pour se faire baptifer, Simon qui estoit un grand magicien, & qui avoit longtemps feduit toute la ville de Samarie par fes enchantemens, crût auffi luy-mefme, fe fit baptifer, & s'attacha à Philippe. Les Apoftres qui eftoient demeurez à Jerufalem durant la perfecution, fçachant que la ville

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de Samarie avoit embraffé la foy, y envoyerent faint Pierre & faint Jean, afin de leur donner le faint Efprit qu'ils n'avoient pas encore receu. Simon ayant veu que ces deux Apoftres faifoient defcendre le S. Efprit par l'impofition des mains, leur vint offrir de l'argent & les pría de luy donner cette puiflance, afin que tous ceux fur qui il imposeroit les mains receuffent auffi le faint Efprit. Saint Pierre fut touché d'une jufte indignation contre cet homme: Que vostre argent periffe avec vous, répondit-il, vous qui avez crû qu'on pouvoit avec l'or acheter le don de Dieu. Ce faint Apoftre frappa ainfi d'anathême en la perfonne de cet homme deteftable tous ceux qui le devoient imiter dans la fuite de l'Eglife. Saint Pierre & faint Jean aprés avoir achevé à Samarie ce qu'ils y eftoient venus faire s'en retournerent à Jerufalem, & l'Ange du Seigneur dit à Philippe qu'il allaft vers le chemin qui menoit de Jerufalem à Gaza, où estant arrivé il vit un Eunuque de la Reine d'Ethiopie, extrémement puiffant dans ce royaume, qui s'en retournoit de Jerufalem où il eftoit venu adorer. Il eftoit dans fon chariot & il lifoit le Bb 6

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