Imagens das páginas
PDF
ePub

cation par des menaces de l'épouvantable_colere de Dieu, & fecoua contre le peuple la pouffiere de fes pieds. Les Juifs fe vangerent de ces justes remontrances dans la ville d'Iconie, dont ils irriterent tellement les habitans contre faint Paul, qu'ils lapiderent ce faint Apoftre lequel fut obligé de fe retirer à Lyftre. Ce fut en cette ville qu'il trouva un homme boiteux dés fa naiffance; & voyant qu'il l'écoutoit parler avec beaucoup d'attention, il luy cria tout haut qu'il fe levaft,& qu'il fe tinft ferme fur fes pieds; ce qu'il fit fur l'heu re. Le peuple touché de ce miracle voulut facrifier à faint Paul & faint Barnabé, qu'ils regardoient commé des Dieux defcendus du ciel qui avoient pris une forme d'hommes. Mais ces humbles difciples de J. C. déchirerent leurs habits, & reprefenterent à ce peuple qu'ils n'eftoient que des hommes femblables à eux qui les exhortoient de fe retirer du culte facrilege de l'idolatrie pour adorer le feul vray Dieu qui a fait le ciel & laterre. Les Juifs furvinrent à ce moment dans la ville de Lyftre & y exciterent tout le peuple, qui changeant par fa legereté ordinaire les honneurs divins qu'ils vouloient rendre à faint Paul en un excés de fureur, le traînerent hors de la ville, le lapiderent & le laifferent pour mort. On vit alors ce que fait la charité dans une ame où elle est montée jufqu'à fon comble. Car faint Paul, quoy que tout couvert de bleffures & noirci de coups, ne laiffa pas à l'heure mefme d'aller prefcher de nouveau, & de déclarer aux fidelles encore plus par ces marques fanglantes que par fes paroles, qu'il faut paffer par plufieurs fouffrances pour entrer dans le royaume de Dieu. S. Gregoire admire le grand cœur de cet Apoftre: On le lapide, ditil, & il ne laiffe pas de prefcher: on peut tuer fon corps, mais on ne peut arrefter le feu de fon zele. Tant il eft vray, comme dit un Saint, que la douleur & la crainte de la mort eft impuiffante où regne la foy & l'amour de JESUS-CHRIST.

Nau

Naufrage de faint Paul. A&t. 28.

Aint Paul eftant venu à Jerufalem fans s'effrayer L'an S des maux que le Prophete Agabe luy prédifoit 46. qu'il y fouffriroit, les Juifs ne furent pas long-temps fans luy faire fentir leur haine. Ils fe faifirent de luy dans un grand tumulte qu'ils exciterent, & le Tribun l'eftant venu appaifer, arracha faint Paul d'entre les mains de fes ennemis. Quoy que ce faint Apoftre fuft meurtri de coups, il ne laiffa pas de demander au Tribun la liberté de parler au peuple. Mais lors qu'il rendoit publiquement raifon de toute fa conduite, les Juifs irritez de ce qu'il témoignoit eftre appellé de Dieu pour prefcher la foy aux Gentils, crierent tout haut qu'un tel homme eftoit indigne de vivre. Et comme le Tribun eftoit preft de le tourmenter, S. Paul demanda s'il eftoit permis de battre de verges ainfi un citoyen Romain. Et auffi-toft on ceffa de le maltrai · ter. Le lendemain le Tribun le produifit devant l'af

fem

fembleé des Preftres pour fçavoir ce qu'on feroit de luy. S. Paul fe justifiant dans cette affemblée avec une liberté admirable, Ananie le Prince des Prestres luy fit donner un foufflet. Saint Paul répondit à ce Juge que Dieu le frapperoit comme il l'avoit fait frapper. Enfin il fe fauva des mauvais deffeins de cette affemblée, en difant que tout fon crime eftoit qu'il croyoit la refurrection des morts; ce qui mit auffi-toft la divifion entre fes Juges. Peu aprés quarante des plus zelez d'entre les Juifs firent vou de ne boire ni manger qu'ils n'euffent tué faint Paul. Il apprit cette confpiration par fon neveu, & il en avertit le Tribun qui fit fortir faint Paul de Jerufalem avec une grande escorte, & le conduifit à Cefarée pour eftre mis entre les mains de Felix. Saint Paul se justifia hautement devant ce Gouverneur,qui connoiffant fon innoncence ne le retint en prifon que parce qu'il efperoit d'en recevoir de l'argent. Le temps de fon gouvernement eftant expiré, il laiffa Portius Feftus à fa place, qui rejetta d'abord les prieres artificieufes & malignes que les Juifs luy firent d'envoyer S. Paul à Jerufalem, & aima mieux le juger à Cefarée où il eftoit. Ce Gouverneur ayant parlé de luy au Roy Agrippa, ce Prince & la Reine Berenice fa femme le voulurent entendre, & ils conclurent qu'il eftoit innocent, & qu'on l'euft pû renvoyer libre s'il n'en euft appellé à Cefar. Un Capitaine donc nommé Jule fut chargé de mener faint Paul à Rome; & aprés avoir navigé long-temps avec un vent fort contraire, ils vinrent enfin à l'ifle de Crete,où faint Paul les avertit qu'il viendroit bien-toft une furieufe tempefte. Mais on ne le crut pas. Et lors qu'elle fut arrivée ce faint Apoftre les confola, en les affurant que perfonne ne periroit. On reconnut en effet que la revelation qu'il en avoit eue eftoit veritable. Car le vaiffeau s'étant brifé tous aborderent le mieux qu'ils purent à l'ifle de Malte, dont les habitans les receurent avec beaucoup d'humanité. Ils allumerent d'abord du feu pour les fecher: & faint Paul ayant pris quelques farmens fut mordu d'une vipere; ce qui fit juger à ces Barbares que c'eftoit un méchant homme, puis que la

colere

colere de Dieu le perfecutoit ainfi par mer & par terre. Mais lors qu'ils virent que faint Paul eut fecoué cette vipere dans le feu & qu'il n'en recevoit aucun mal, ils changerent de fentiment & crûrent que c'eftoit un Dieu. Il guerit dans cette ifle le pere de Publius qui en eftoit le Gouverneur, & plufieurs autres malades. Enfin aprés s'y eftre arrefté trois mois, il en partit & il arriva enfin à Rome. Il y affembla d'abord les principaux d'entre les Juifs, & leur rendit compte pourquoy il avoit appellé à Cefar. Il tâcha de les porter à la foy de J. C. mais il les y trouva peu difpofez. Les Actes finiffent là, & ne difent plus autre chose finon que faint Paul demeura deux ans à Rome dans un logis qu'il louoit, où il prefchoit la foy à tous ceux qui le venoient écouter. S. Chryfoftome entre tous les SS. PP. a efté celuy qui a eu la plus haute idée de ce S. Apoftre. Sa vie a efté fon admiration; fes travaux, l'adouciffement de fes fouffrances; & il dit à fon peuple qu'il aimeroit mieux etre dans les chaifnes avec faint Paul, que d'eftre dans la gloire avec les Anges du ciel.

Apocalypfe. Apoc. I.

S. Jean

[ocr errors]

ple

vangle,

Jean dans fa divine Apocalypfe foient toutes my. on Afterieufes & tres obfcures en elles-mefmes, les pocaly Saints neanmoins ont reconnu qu'elles ne laiffoient avant pas d'eftre utiles à ceux-mefines d'entre les fimples fi- Jon Edelles, lors qu'ils les confideroient avec une humble lors frayeur & fans entrer dans le defir de les vouloir pene- qu'il fit trer avec trop de curiofité. La premiere vifion que ce en i le relogue S.Apôtre eut dans l'ifle de Pathmos,où il avoit efté ex- dePathilé, fut qu'eftant ravi en efprit un jour de Dimanche, il mos par entendit derriere luy comme le fon d'une éclatante tien,etrompette qui luy commandoit d'écrire ce qu'il voyoit. Et en fe retournant il vit fept chandeliers d'or, & au milieu un homme femblable au Fils de l'hom- cfte rap me veftu d'une longue robe, & ceint au deffous des mammelles d'une ceinture d'or. Ses cheveux eftoient Nerva Cc

Domi

ΥΠΟΥ

l'an 91.

en ayant

pellé

par

blancs n

blancs comme la neige, fes yeux étincelans comme le feu, fes pieds brillans comme l'arain le plus pur, & fa voix comme le bruit de grandes eaux. Il avoit en fa main droite fept étoiles: Il fortoit de fa bouche une épée tranchante, & fon vifage eftoit comme le foleil dans fon midy. Dés que S. Jean l'eut apperceu il tomba à fes pieds comme mort. Mais il le releva en luy déclarant d'abord que les fept étoiles qu'il tenoit dans fa main eftoient les fept Anges, c'eft à dire les Evefques des fept Eglifes. Il luy commanda d'écrire ce qu'il avoit veu,& de dire cecy en particulier à ces fept Evefques. A celuy d'Ephefe, Qu'il le louoit de fa vertu & de fon zele contre les méchans, & de fa patience dans les maux; mais qu'il le blâmoit de ce qu'il s'eftoit relâché de fa premiere ferveur. Qu'ainfi il se souvint d'où il eftoit décheu, & qu'il en fift penitence. A celuy de Smyrne; Qu'il fe confolaft puis qu'il eftoit riche dans fa pauvreté & irreprochable au milieu de toutes les médifances qu'on publioit contre luy Qu'il se préparaft à de nouvelles perfecutions qu'on luy fufcitoit: & qu'il fuft fidelle jufqu'à la mort. A celuy de

Per

« AnteriorContinuar »