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hommes par leurs flateries, & qui leur paroiffant d'un vifage riant, les tuent de leur queue, c'est à dire qui témoignant eftre leurs amis lors qu'ils leur parlent, ne cherchent enfuite qu'à les perdre. La fixiéme playe.des chevaux qui nuifoient de la bouche, & de la queue, marque felon le mefme Pere, ceux qui fe fervent de leur langue pour corrompre la doctrine & la verité de l'Evangile, & qui nuifant ainfi de leur bouche, tâchent encore, dit ce faint Pere, à nuire de la queue en s'appuyant comme les Ariens autrefois fur la puiffance des grands du monde qui les foütiennent. Ce qui fait qu'eftant méprifables par eux-mefmes, ils fe rendent par cet appuy redoutables à toute l'Eglife.

Vifion de S. Jean. Apoc.10..

S

Aint Jean vit un autre Ange fort & puissant qui defcendoit du ciel eftant couvert d'une nuée. L'arc-en-ciel eftoit au deffus de fa tefte, Son vitage eftoit comme le foleil, & des pieds comme des color

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nes

nes de feu. Il tenoit en fa main un petit livre ouvert, & il mit fon pied droit fur la mer & fon pied gauche fur la terre ; & il cria à haute voix comme un Lion qui rugit. Aprés qu'il eut rugy de la forte, fept tonnerres firent entendre leur voix. Lors que ces fept tonnerres eurent parlé, faint Jean eftoit prest d'écrire leurs paroles. Mais il entendit une voix du ciel qui luy dit, qu'il fcellaft les paroles des fept tonnerres & qu'il ne les écrivit point. Alors l'Ange qu'il avoit veu, qui fe tenoit debout fur la mer & fur la terre leva fa main au ciel, & jura par celuy qui vit dans les fiecles des fiecles, qui a crée le ciel & tout ce qui eft dans le ciel, la terre & tout ce qui eft dans la terre, la mer & tout ce qui eft dans la mer, qu'il n'y auroit plus de temps; mais que lors que le feptiéme Ange fonneroit de la trompette, le myftere de Dieu s'accompliroit ainfi qu'il l'a annoncé par les Prophetes fes ferviteurs. Cette voix que faint Jean entendit dans le ciel s'adreffa encore à luy & luy dit: Allez prendre le petit livre qui eft couvert de la main de l'Ange qui fe tient debout fur la mer & fur la terre. Il s'en alla donc trouver l'Ange & luy dit: Donnez-moy le petit livre. Et il luy dit: Prenez ce livre, mangez-le, & il vous caufera de l'amertume dans le ventre, mais dans vostre bouche il fera doux comme du miel. Saint Jean prit donc le petit livre de la main de l'Ange, & il le mangea: & il trouva qu'en effet il eftoit dans fa bouche doux comme du miel; mais l'ayant avalé il luy caufa de l'amertume dans le ventre. Et l'Ange luy dit: Il faut que vous prophetifiez encore devant les nations, devant les peuples, devant les hommes de diverfes langues, & devant beaucoup de Rois. Ce livre, felon les faints Peres, & particulierement faint Gregoire, eft l'Ecriture fainte, qui eft la veritable nourriture de nos ames. Nous ne pouvons l'apprendre de nous-mefmes, dit ce faint Pere, il faut que Dieu nous la donne; comme il la donne icy à faint Jean, & ailleurs au Prophete Ezechiel. Nous devorons ce livre, dit-il, lors que Dieu nous en découvre les myfteres; & cette intelligence qu'il nous en donne eft douce à noftre bou

che

che comme du miel. Mais en mefme temps ce livre qui eft fi doux à la bouche devient amer au ventre: ce qui marque que les perfonnes foibles & charnelles ne peuvent goûter les veritez qui font les delices des juftes. Cette figure nous marque encore, felon faint Gregoire, que lors que la parole de Dieu commence à devenir douce dans noftre bouche, & que nous commençons à y trouver nos délices; noftre ventre, c'eft à dire le fond de noftre cœur, dont cette parole nous découvre les defauts, eft remply d'amertume; parce que plus nous connoiffons Dieu, plus Dieu nous fait connoiftre à nous-mefmes & gemir du mal qui eftoit caché dans nous fans que nous le puiflions appercevoir, afin que nous luy difions fouvent avec le Roy Prophete: Seigneur, tous mes defirs ne tendent qu'à vous, & le gemiffement de mon cœur ne.. vous eft point caché.

Mort des deux Prophetes. Apoc. 11.

Prés que faint Jean eut pris le livre de la main de

canne, & on luy ordonna d'aller mefurer le Temple de Dieu & l'Autel, & ceux qui y adoroient; & de laiffer le parvis qui eft hors du Temple, parce qu'il eftoit abandonné aux Gentils qui fouleront aux pieds la ville fainte. Mais je la donneray, dit Dieu, à mes deux témoins, qui prophetiferont estant revestus de facs durant mille deux cens foixante jours. Ces deux Prophetes font les deux oliviers & les deux chandeliers expofez devant le Dieu de la terre. Que fi quelqu'un les veut offenfer, il fortira un feu de leur bouche qui dévorera leurs ennemis. Ils ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu'il ne tombe point de pluye durant le temps qu'ils prophetiferont, & ils ont receu la puiffance de changer les eaux en fang, & de frapper la terre de toutes fortes de playes toutes les fois qu'ils voudront. Et aprés qu'ils auront achevé de rendre leur témoignage, la befte qui monte de l'aby sme leur

fera

féra la guerre, les vaincra & les tuera. Leurs corps feront étendus dans les rues de la grande Ville, qui eft appellée fpirituellement Sodome & Egypte; ou leur Seigneur a efté crucifié; & les hommes de divers peuples, de tribus, de langues & de nations differentes verront leurs corps morts étendus par terre durant trois jours & demy, & ils ne permettront pas qu'on les mette dans le tombeau. Les habitans de la terre fe réjouïront de les voir dans cet eftat. Ils feront des feftins & ils s'envoyeront des prefens les uns aux autres, parce que ces deux Prophetes auront fort tourmenté ceux qui habitoient fur la terre. Comme les chofes futures font déja prefentes ou mefmes paffées devant Dieu, faint Jean, felon la coûtume des Prophetes, aprés avoir rapporté le commencement de cette hiftoire comme une chofe à venir, la continuë comme fi elle eftoit déja paffée. Trois jours & demy aprés, ajoûte-t-il, l'efprit de vie releva ces deux Prophetes, & une grande crainte failit ceux qui les virent. Ils entendirent alors une voix puiffante venant du ciel qui leur dit: Montez icy; Et ils monterent au ciel

dans

dans une nuée à la veuë de leurs ennemis. En cette mefme heure il fe fit un grand tremblement de terre. La dixième partie de la ville tomba, & fept mille hommes furent tuez dans ce tremblement de terre, & les autres eftant effrayez rendirent gloire au Dieu du ciel. Auffi-toft aprés le feptiéme Ange fonna de la trompette, & on entendit dans le ciel de grandes voix, qui dirent que les royaumes de ce monde eftoient devenus les royaumes de JESUS-CHRIST. Que les Nations de la terre s'estoient irritées, mais que le temps eftoit venu d'exterminer les impies & de recompenfer les Saints & les Prophetes. L'Eglife, felon la remarque de faint Auguftin, finira comme elle a commencé. Elle a efté perfecutée dans fa premiere naiffance; elle le fera encore plus à la fin des ficcles. Car non feulement ces deux Saints dont il est parlé en cet endroit de l'Apocalypfe; mais une infinité d'autres fouffriront alors le martyre avec une constance invincible. C'est pourquoy S.Auguftin dit fur ce fujet: Que fommes-nous en comparaiion de ces hommes admirables qui feront alors, puis qu'au lieu que nous avons tant de peine à refifter au Demon, quoy qu'il foit lié prefentement, ces grands Saints le combattront & le fouleront aux pieds en un temps où il fera dechaîné, & où il les attaquera dans toute l'étendue de fa fureur & de fa puiffance; Il fera neanmoins encore veritable alors comme il l'eft prefentement, que le Demon n'aura de pouvoir qu'autant que JESUS-CHRIST luy en donnera, & qu'il ne lui en donnera qu'autant qu'il fera neceffaire pour éprouver, & pour faire éclater davantage la vertu de fes Elus.

SA

Befte de l'Apocalypfe. Apoc. 13.

Aint Jean vit un befte qui montoit de la mer, qui avoit fept teftes &dix cornes, & fur fes cornes dix diadêmes, & fur fes teftes des noms de blafphême. Elle eftoit femblable à un leopard. Ses pieds estoient comme des pieds d'Ours, fa gueule comme la gueule

d'un

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