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2298.

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une vifion de nuit, & depuis il alla fans crainte voir L'AN ce qu'il avoit de plus cher au monde. Dés que Jofeph do M. eut efté averti par un de fes freres que Jacob appro- Avant choit, il alla au devant de luy jufques à la terre de J. C. Geffen; & voyant fon chariot s'avancer, il mit pied 1706. à terre pour aller embraffer Jacob. La joye étouffa toutes leurs paroles, & ils fe tinrent longtemps em- mencebraffez l'un fur l'autre fans fe rien dire. Aprés les té- de la moignages de joye & les larmes qu'une veuë fi inef- troifiefperée caufa de part & d'autre, Jofeph mena fon pere à Pharaon pour le falüer; & comme il fouhaitoit la faqu'ils demeuraffent tous dans un pays de l'Egypte fe- mine. paré des Egyptiens, il ne rougit point dans fa grandeur de porter fon pere & fes freres à declarer devant le Roy qu'ils eftoient d'une condition que les Egyptiens ne regardoient qu'avec horreur c'eft à dire qu'ils eftoient pasteurs. Ayant donc obtenu du Roy laterre de Geffen pour y habiter, ils ne fentirent aucun mauvais effet de la famine: & ce grand peuple d'Ifraël qui estoit alors renfermé on foixante & dix per

fon

L'An du M. 2315.

1689.

fonnes, fut fauvé par la providence & par la bonté de Jofeph. C'eftainfi, comme remarque faint Chryfoftome, que Dieu regle les chofes à l'égard des elûs, & qu'il fait que dans leur vie les évenemens heureux & malheureux fe fuccedent les uns aux autres avec une admirable varieté. Il les afflige de peur qu'une felicité continuelle ne les éleve, & il les confole de peur qu'ils ne fuccombent fous le poïds des maux. Il fut avantageux alors à Jacob d'avoir perdu durant quelquetemps fon fils Jofeph, & à Joseph d'avoir efté separé d'avec fon pere; puis qu'ils receurent dans cette réunion un comble de joye qui effaça toutes leurs douleurs paffées. Mais fi au contraire les enfans de Jacob ont efté bien traitez quelque temps par les Egyptiens, ce peuple infidelle leur fera eprouver en fuite tout ce que l'inhumanité peut inspirer à des hommes barbares & ennemis de Dieu. Carl'Egypte, comme difent les faints Peres, c'est à dire le monde, eft toûjours à craindre aux vrais Ifraëlites. Quelques careffes qu'ils leur témoignent d'abord, ils ne doivent jamais s'y fier. Ils reconnoiffent toûjours toft ou tard qu'il leur eft fafcheux d'y eftre venus, lors mefme qu'ils y ont efté contraints par des neceffitez inévitables; & ils trouvent, comme dit faint Bernard, que la faim qui contraint d'aller en Egypte eft toûjours à craindre.

Sages femmes d'Egypte. Exod. 1.

Acob vécut paifiblement dans l'Egypte pendant dix-fept ans, & lorsqu'il fe vit preft de mourir il fit Avant venir fon fils Jofeph, & le conjura qu'aprés fa mort il J.C. le tranfportant dans le tombeau de fes peres. Il benit enfuite fes enfans, & mourut âgé de cent quarantefept ans. Jofeph, dit l'Ecriture, fe jetta fur fon vifage & répandit beaucoup de larmes. Il fit embaûmer fon corps; & aprés l'avoir pleuré plufieurs jours, il fit prier Pharaon par ceux qui l'approchoient de plus prés, d'agréer qu'il portaft le corps de fon pere dans la terre de Chanaan. Les plus confiderables de l'E

gypte

M.2369

gypte l'accompagnerent dans cette pompe funebre; & aprés que Jofeph eut mis le corps de Jacob avec celuy d'Abraham & d'Ifaac, il retourna en Egypte où il demeura toûjours dans la mefme autorité, parce qu'il en ufoit avec tant de prudence, tant de bonté & de defintereffement, qu'il ne fe croyoit élevé dans cette grandeur que pour l'avantage des autres. Lors qu'il fentit approcher la fin de la vie, il demanda à fes freres la mefme grace que Jacob fon Andu pere luy avoit demandée, & les pria qu'ils euffent Avant foin de tranfporter fes os dans la terre de Chanaan. Ils 1. C. le luy promirent, & il mourut enfuite âgé de cent dix Ramef ans; en ayant commandé 80. à toute l'Egypte. Ils fesMiaembaûmerent fon corps qu'ils mirent en dépoft dans man qui un des tombeaux d'Egypte. Plufieurs années aprés 66. ans. la mort de Joseph, la face des chofes changea beau- depuis coup en ce pays-là. Un nouveau Roy ennemy des He- l'an breux appellé auffi Pharaon, qui eftoit le nom des du M. Rois d'Egypte, bien loin d'avoir pour eux la mefme 2437 déference que fes predeceffeurs, eut au contraire de a 2494.

la

1635

regna

jufques

la jaloufie de ce qu'ils fe multiplioient fi fort. Il refolut donc de les perdre, mais fagement. Il commença par engager ce peuple en des travaux penibles de brique & de terre. Mais cette oppreffion le faisant croiftre davantage pour marquer par avance que les afflictions du monde ne feviroient qu'à multiplier l'Eglife, Pharaon prit un autre voye qui eftoit de faire mourir tous leurs enfans mafles. C'est pourquoy ce Prince ordonna aux Sages femmes, que lors qu'elles accoucheroient les femmes Ifraëlites, elles étouffaffent leurs petits en fortant du fein de la mere. Les Sages femmes eurent horreur d'un ordre fi barbare. Elles craignirent Dieu & refuferent d'obeïr à ce commandement cruel, pour épargner ces innocens qu'on leur commandoit de tuer. Pharaon fut irrité qu'on refiftaft à fes ordres. Il ordonna à fon peuple de prendre ces petis enfans masles & de les jetter dans le Nil, & il fit de feveres reprimendes aux Sages femmes de ce qu'elles n'avoient pas accomply fes ordres. Mais Dieu, dit l'Ecriture, aprouva la conduite de ces Sages femmes, & recompenfa mefme leur pieufe defobeïffance, en établiffant leurs maifons. Et quoy qu'il n'approuvast pas le menfonge dont elles s'eftoient fervies pour s'excufer, il benit neanmoins la tendreffe qu'elles témoïgnerent pour fon peuple dans une oppreflion fi injufte. Il femble que toute l'humanité eftoit alors renfermée dans ce peu de femmes. Et lors que tout un peuple & tout un royaume obeiffoit fans difcernement aux ordres d'un Prince cruel, elles feules préfererent Dieu aux hommes, & la crainte de fa juftice à la crainte de Pharaon. Trop heureufes, dit faint Auguftin, fi ajoûtant encore l'amour de la verité à cette compaffion fi loüable, elles fe fuffent expofées de bon coeur pluftoit à mourir que de fauver leur vie par un mensonge, & fi aprés s'eftre mifes au hazard de perdre la vie pour la fauver à des innocens, elles fe fuffent encore expofées une autre fois à mourir pluftoft qu'à fe tirer de ce peril en bleffant la verité, Elles euffent pû, dit ce faint Pere, voir leur maifon fe détruire fur la terre, mais Dieu leur en eust donné une éternelle dans le ciel.

Moyfe

Moyfe fauvé des eaux. Exod. 2.

2433.

& 41

de Levi.

Ors que le peuple d'Ifraël fouffroit dans l'Egypte L'an une perfecution injufte, & qu'un Roy ingrat du M. vouloit éteindre une race à laquelle fes prodecefleurs Avant eftoient redevables de leur royaume & de leur vie, J.C. un homme de la Tribu de Levi nommé Amram eut 1571. de Jochabed fa femme un fils parfaitement beau. Sa au aprés mere touchée d'une fi grande beauté fit un effort la mort pour le cacher durant trois mois. Mais comme les ordres de Pharaon s'executoient feverement, elle fut obligée d'abandonner fon fils de peur de fe perdre elle-mefme. Elle fit donc comme un petit berceau de joncs entrelaffez, & y ayant mis ce petit enfant, elle l'expofa fur le bord du Nil. Elle commanda à la fœur de l'enfant de fe tenir prés du fleuve pour fçavoir ce que deviendroit fon frere. La fille de Pharaon vint alors au Nil pouf fe laver, accompagnée de E

toutes

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