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mandé, qui eftoit d'emprunter des Egyptiens des vafes d'or & d'argent, ce que les Egyptiens par un fecret effet de la providence de Dieu leur donnerent fans aucune peine. Ce fut ainfi qu'ils furent délivrez de. cette longue captivité de l'Egypte, où ils demeurerent 215. ans Ils la pillerent en quelque forte en la quittant, pour eftre ainfi recompenfez de tout ce qu'ils avoient fait avec tant de travail pour les Egyptiens dans la construction de leur ville; & ils en emporterent ce qu'elle avoit de plus riche, pour marquer déslors que ce qu'il y auroit un jour de plus éclatant dans le fiecle, pafferoit à l'Eglife & ferviroit à fa gloire & à fon ufage. Cette délivrance de l'Egypte marquoit en figure la délivrance du peuple de Dieu de la veritable Egypte, c'est à dire du monde, & de la tyrannie du Diable. Ce peuple doit cette délivrance au fang du veritable Agneau. Avant cette victime falutaire il pouvoit bien gemir dans fa fervitude, mais il ne pouvoit en fortir. C'eft la grace dont Dieu veut que fes enfans fe fouviennent tous les ans dans la plus grande des folemnites de l'Eglife, & dont il leur renouvelle tous les jours la memoire dans le facrifice de nos autels; afin qu'en fe reprefentant qui eft celuy qui les a rachetez de leur fervitude, & quel eft le tyran qui fe les eftoit affujettis, ils ayent de la reconnoiffance pour P'un & de l'horreur pour l'autre, & que fe tenant attachez à JESUS-CHRIST Comme à celuy qui peut feul les conferver dans la liberté qu'il leur a acquife, ils craignent ce qui peut les engager de nouveau fous la tyrannie du Demon.

Mer

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Mer rouge. Exod. 14.

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née

Haraon voyant que le peuple Juif eftoit échappé La me d'entre fes mains, & que les trois jours qu'il avoit me an demandez pour aller sacrifier au desert eftoient déja 2513. paflez fans qu'il retournaft, oublia tant de playes fi miraculeufes dont il avoit éfté frappé, & fon endurciffement ordinaire luy fit prendre la refolution de les pourfuivre. Il affembla donc fes fujets, que le defir de reprendre les vafes qu'ils avoient preftez, animoit à cette pourfuite. Lors que les Ifraëlites fe virent dans ce peril, & dans un defert où ils ne voyoient d'un cofté que la mer, & de l'autre que l'armée de Pharaon; ce mal prefent leur fit oublier leur fortie fi miraculeuse & la providence avec laquelle Dieu les conduifoit dans ce defert par une colomme de nuée du rant le jour, & par une colomne de feu durant la nuit. Ils fe laifferent donc aller au murmure, & ils deman

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derent

derent à Moyfe, comme en luy infultant, s'ils euffent manqué de fepulchres dans l'Egypte, & s'ils avoient befoin de venir chercher la mort dans ce defert. Moyfe les confola dans cette extremité & leur promit le fecours de Dieu. Et en effet, lors que Pharaon approchoit, Moyfe étendit sa main fur la mer, & les eaux auffi-toft fe diviferent ouvrant un paffage pour les enfans d'Ifrael. Ils entrerent dans cette route nouvelle; & les eaux s'élevant de part & d'autre comme un grand mur, ils pafferent tous la mer à pied fec. Les Egyptiens ne furent point épouvantez d'un fi grand miracle, & croyant qu'il eftoit autant pour eux que pour ceux qu'ils pourfuivoient, ils entrerent fans rien craindre dans la mer. Mais Dieu leur fit bien-toft voir le difcernement qu'il faifoit d'eux d'avec fon peuple. Il lança fur eux du ciel fes traits & fes foudres, ce qui ayant faifi d'effroy les Egyptiens, ils s'entr' exhorterent de fuir, parce que Dieu fe declaroit contre eux en faveur des Ifraëlites. Lors qu'ils s'enfuyoient Dieu commanda à Moyfe d'étendre fa main fur la mer, & en mefme temps les eaux divifées fe rejoignirent & vinrent fondre fur les Egyptiens, qui parurent auffi-toft aprés flotter fur les eaux, fans Ce qui qu'il én reftaft un feul d'un fi grand naufrage. Ces miracles font voir la grandeur de Dieu, & Dieu dit jour du luy-mefme qu'il les a voulu faire, afin que les hompremier mes reconnoiffent fa puiffance. Mais ce qui a efté c'eft à fenfible à tous les faints Peres de l'Eglife, eft que les dire le Chreftiens n'ayent des yeux que pour voir ces fortes de miracles, parce qu'ils font exterieurs; & qu'ils ve de n'en ayent point pour en confiderer d'autres dont ces Pafque. premiers n'eftoient que la figure, & qui font nean

arriva

le 21

mors;

jour de

l'octa

moins d'autant plus grands qu'ils font plus fpirituels, On admire, dit faint Bernard, le peuple Juif fauvé de l'Egypte, & on n'admire pas une ame qui par une fincere converfion fe fauve du fiecle. Ce n'est que Pharaon qui eft vaincu dans le premier; & c'eft le Demon mefme qui eft vaincu dans le fecond. Ce n'eftoient alors que des chariots qui furent fubmergez,. & ce font icy tous les defirs fenfuels & toute l'impetuofité

tuofité de la concupifcence qui eft détruite. Ce peuple n'avoit à combattre que contre des hommes de chair & de fang, & cette ame doit combattre contre les puiffances de l'air & contre les Princes des tenebres. Et s'il eftoit glorieux à Dieu d'entendre dire alors à Pharaon, Fuyons Ifrael; car le Seigneur combat pour luy ; il luy eft bien plus glorieux maintenant que les Demons s'entredifent: Fuyons cette ame, car Dieu combat contre nous & fedeclare pour elle.

La Manne. Exod. 16.

L

néc

E paffage fi miraculeux de la mer rouge remplit Le mé. les plus infenfibles d'entre les Juifs d'admiration me an & de reconnoiffance. Ils fe joignirent à Moyfe quia513. chanta à Dieu un excellent Cantique d'actions de graces, pour nous apprendre à fuir l'ingratitude dans les biens que Dieu nous fait. Marie fa foeur affembla de mefme les femmes, qui chanterent fur la harpe &

fur

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fur les tambours des hymnes de réjouïffance. Mais lors qu'ils furent délivrez de ces ennemis, la faim qui les preffoit dans la folitude, les jetta bien-toft dans le murmure contre Moyfe, qu'ils vouloient rendre refponfable de tous les maux qui leur arrivoient, Aprés que ce fidelle Miniftre du Seigneur eut representé au peuple que ces plaintes retomboient fur Dieu mefme, il leur promit que Dieu neanmoins leur donneroit à manger. Il le fit en effet, & dés le foir mefme Dieu fit venir dans leur camp une grande quantité de cailles, & le lendemain matin il fit pleuvoir la manne fur la terre, qu'il leur envoya depuis pendant les quarante ans qu'ils demeurerent dans le defert. Les Juifs furent furpris le lendemain, lorsqu'ils virent la terre couverte de cette divine nourriture; & comme ils en témoignerent leur eftonnement, Moyfe leur répondit: Que c'eftoit-là le pain que Dieu leur envoyoit du ciel. Il leur ordonna de venir tous les matins avant le lever du foleil ramaffer cette manne; pour apprendre, comme dit l'Ecriture, à prévenir le lever du foleil, & à benir Dieu de grand matin en luy rendant graces de fes dons. Car lors que le foleil eftoit un peu avancé, il n'eftoit plus temps d'aller recueillir la manne qui fe fondoit. Moyfe leur défendit auffi d'en rien garder pour le lendemain. Dieu voulant que les hommes appriffent deflors à n'eftre en peine que du jour prefent, & à laiffer le soin du lendemain à la providence de Dieu. Enfin il leur dit que pour obferver plus religieufement le jour du Sabbat, ils euffent foin le jour précedent d'en ramaffer pour deux fois, & il ne fe corrompoit point alors comme ce qu'on gardoit les autres jours. Cette figure marque vifiblement l'Euchariftie; comme JESUS-CHRIST le témoigne luy-mefme dans L'Evangile. Et on peut dire que quelque admirable que fuft cette nourriture des Juifs, ils n'ont eu en ce point, non plus qu'en tous les autres, aucun avantage fur les Chreftiens, qui ont plus veritablement qu'eux la manne du ciel & le pain des Anges, que JESUS-CHRIST donne à ceux qui font fortis

d'E

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