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Mort d' Achab. 3. Rois. 22.

Es pechez d Achab & de Jezabel montoient de

L'an du M.

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acheva de les rendre infupportables aux yeux de Dieu,fut le meurtre de l'innocent Naboth. Cét hō- Avant me poffedoit paifiblement une vigne,qu'il cultivoit 1, C. avec plaifir comme l'heritage de fes peres. Achab 897. defira de l'avoir pour aggrandir fes Jardins. Mais Naboth qui figuroit par fa fermeté le zele faint que nous devons avoir de garder le dépôt de la verité que nous avons reçû de nos peres, ne pût confentir à quitter cette vigne, Achab quoi que defefperemét méchant,ne crut pas neanmoins avoir droit d'ufer de violence envers fon fujer, mais ne pouvant vaincre la refolution de Naboth, ce refus lui caufa un chagrin étrange,qui le reduifit à ne pouvoir plus manger. Jezabel aiant appris de lui même le fujet de fa trifteffe, fe railla de fa fimplicité: Vôtre autorité,lui dit elle,eft grande à ce que je vois;& vous ávez bien du pouvoir das voftre Royaume.Elle écri vit fur l'heure aux premiers de la Ville d'où étoit Naboth. Elle leur dit qu'on trouvar deux faux témoins qui dépofaffent que Naboth avoit mal parlé du Roi, & que fur l'heure on le fit venir pour le condamner à mort & le lapider.La Reine eft obeye auffi tot. On trouve deux faux témoins.Naboth eft accusé, condamné,& lapidé en un même jour.Jezabel en reçoit la nouvelle, qui la va porter à Achab comme en trophe. Achab gueri.de fon chagrin va voir cette vigne où le Prophete Elie le vint trouver & lui dit ces mors: Vons avez tué Naboth; vous avés par fa mort poffedé fa vigne:mais les chiens lecheront votre fang au lieu même où ils on leché celui de Naboth,& ils mangeront Jezabel. La guerre qu'Achab entreprit auffi tot aprés côtre la Syrie fervit à executer cette predictio. Ce Prince pria Jofaphat Roi de Juda de venir avec lui, mais Jofaphat

étant bien aile que l'on confultât auparavant les Prophetes. Achab en fit venir quatre cens, qui lui promirent tous la victoire.Jofaphat demada,s'il n'y avoit point quelque Prophete du Seigneur. Achab dit qu'il y en avoit un, mais qu'il le haïffoit, parce qu'il ne lui prédifoit jamais que du mal. C'étoit le faint Prophete Michée,qu'il fit venir neamoins á la priere de Jofaphat.Michée dit hardimet quel feroit le veritable fuccés de cette guerre, & affura malgré toutes les promeffes de ces faux Prophetes qu'Achab y feroit tué. Achab irrité de cette prediction commanda qu'on le gardât en prifon, afin qu'il le fit mourir à fon retour. A quoi Michée confentit de bon cœur, étant affuré qu'il ne reviendroit jamais. Achab donc étant parti trouva le Roy de Syrie fi animé contre lui, qu'en mettant fes gens en bataille il avoit donné ordre à tous fes foldats de ne s'ar rêter à qui que ce foit qu'au feul Achab. Ce commandement du Roy de Syrie mit Jofaphat en grand perii. Car paroiffant lui feul dans l'armée avec l'équipage d'un Roi, parce qu'Achab s'étoit deguisé, le fort du cobat tomba tout fur lui, parce qu'on le prenoit pour Achab. Et s'il n'eût parlé pour faire connoître qui il étoit, il eût apris par une fâcheufe experience quel malheur c'eft à un bon Prince de felier d'amitié avec les impies. Il arriva cependant qu'une fêche tirée au hazard alla percer Achab dans fon charriot, & il mourut de cette bleffure dés le foir même.Le fang qui fortit de fa playe remplit tout le chariot.Et comme on le lavoit dans la pifcine de Samarie, on remarqua que les chiens lécherent fon fang. Tant il eft vray qu'il eft im-poffible même aux plus puiffans Princes d'éviter Parrêt qu'ils fe font attiré eux-mêmes par leur excez; que le Ciel, comme dit S. Auguftin, fait quand il lui plaît éclater la foudre fur ces têtes qui ont tonné fur les autres ; & que felon la parole de l'Ecriture, ceux qui paroiffent des Dieux fur la terre, ne font que terre & que poudre devant Dieu.

Elie eft ravi au Ciel. 4. Rois 2.

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Avat

CHA B étant mort, comme nous l'avons dit, L'an laifla le Royaume à fon fils Ochofias,qui mar- du M. cha fur les traces de fon pere & de fa mere Jezabel. 3108 Mais il ne vécut pas long-tems: car ayant regné. C. deux ans il tomba d'une fenêtre:& étant en danger 896. de mourir, il envoya confulter Beelzebub le Dieu d'Accaron, pour fçavoir ce qui lui arriveroit de fa chûte. Dieu étant irrité qu'un Roy d'Ifraël eût recours à cet oracle des demons, envoya Elie au devant de fes Ambassadeurs pour leur ordonner qu'ils demandaffent au Roy s'il n'y avoit point de Dieu dás Ifraël, & pour l'affurer qu'il ne releveroit poinc de cette maladie, Ochofias s'informa de ceux qui lui firent cette réponse comme étoit fair l'hom me qui lui avoit parlé. Et ayant reconnu à leur raport que c'étoit Elie, il envoya un Capitaine avec cinquante hommes pour le prendre. Elie fie décendre le feu du Ciel fur ceCapitaine & fur tous fes

gens ce qu'ayant fait encore au fecond qu'Ocholas lui envoïa, le troifiéme qui craignoit d'être brûlé comme les deux premiers, lui parla de loin avec tant d'humilité,qu'Elie fe laiffa fléchir,& alla avec lui trouver Ocholias auquel il prédit fa mort. qui arriva aulli-tôt aprés. Ce fut là la derniere action qu'Elie fit en public, & Dieu bien tôt aprés le tira à lui. Elifée étoit averti du jour que fon maître devoir être enlevé au Ciel,& il ne le voulut jamais quitter. Elie même le tenta par trois diverfes fois il lui commanda de le laiffer aller feul en divers lienx où il feignoit avoir affaire. Mais Elisée protefta toûjours qu'il ne le quiteroit point. Enfin Jayant affez éprouvé la fidelité de fon difciple, il lui dir qu'il lui demandât ce qu'il voudroit, & qu'il le lui donneroit. Elifée lui demanda fon Efprit dou

Lj

ble. Quoi qu'Elie trouvât cela difficile à accor der; il dit neanmoins qu'il le feroit, pourveu qu'il le vît lors qu'il monteroit au Ciel. Ce faint Prophete montant au Ciel, dit faint Chryfoftome, De laiffa autre chofe que fon manteau à fon difciple Elifée, comme s'il eût dit : J'ai combattu contre le diable étant couvert de ce manteau, vous combatrez auffi contre lui étant revêtu de ces mêmes armes. Elifée reçût ce manteau fi vil & fi pauvre, comme une riche fucceffion, parce que la pauvreté Chrêtienne et une fortereffe impre nable & une tour inacceffible, & que les vrais difciples de Jefus-Chrift, confiderant la pauvreté interieure & fpirituelle comme la fource de tous les biens, ainfi les amateurs du monde met. tent toute leur confiance dans leurs trefors.

que

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Enfans devorés des Ours. 4. Rois 11.

La même

A PRE'S que le Prophete Elie eut été enlevé de ce monde,il fit bien paroître dans fon difciple Elifée que fon efprit étoit paffé dans lui, & qu'il y an. agifloit même avec plus d'efficace qu'il n'avoit 3108. fait en lui-même. Le premier effet qui parut fut de traverfer le Jourdain fans autre fecours que celui du manteau qu'il venoit de lui laiffer. Les eaux d'abord refifterent à Elifée lors qu'il les fiappa, mais ce S.. homme ayant l'efprit tout plein de fon cher maître, dont il regardoit encore la vertu prefente dans le manteau qu'il venoit de recevoir comme un gage de fon amour; dit au Jourdain avec affeurance: Où eft donc le Dieu d'Elie & les caux auffi tôt fe diviferent de part & d'autre,comme elles avoient fait un peu auparavant au commandement d'Elic. Elifée étant de-là retourné à Jericho les peuples de cette ville lui repréfenterent que l'affiete de cette ville étoit admirable; mais que les eaux en étoient ameres, & qu'elles rendoiec le terroir fort fterile. Elifée pour condefcendre à leurs prieres fe fit apporter un vafe de térre où il mit un peu de fel qu'il jetta dans la fource de ces eaux, affurant que par ce moien Dieu gueriroit leur qualité malfaifante,& qu'il n'y auroit plus de fterilité dans ce païs. L'cffèt fuivit cette prom effe. Ce faint Prophete par l'efficace de fa parole agit, comme dit S. Ambroife non feulement fur ces caux ameres qui couloient fur la terre; mais il penetra jufques dans leur fource la plus profonde pour y changer leur nature, & étendit ce changement jufqu'à la fin de tous les fecles, comme l'Ecriture l'affure. En gueriffant les eaux il gue rit tout un peuple que ces cauz ameres faifoienz mourir ; & dans ce peuples prefent qu'il confers? va, il conferya tous les autres qui en n'aitroient

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