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Siege de Samarie. 4. Rois 6.

Avant

E Roy de Syrie ayant fouvent dressé inutile- L'an inent des embufcales pour furprendre Joram du M. Roy d'Ifraël, entra dans une étrange colere contre 3116 Lous fes ferviteurs: parce qu'il croyoit qu'ils le tra- J. C. hifoient. Mais l'un d'eux ayant dit que c'étoit le 888. Prophete Elifée qui traveifoit tous fes deffeins &. qui donnoit avis de tout au Roy d'Ifraël, il refolut. de le prendre;& il envoya beaucoup de troupes pour inveftir la Ville où il demeuroit. Le ferviteur d'Elisée s'étant levé dés le matin, & volant ce grand. nombre de gens armez fe crut perdu avec fon maître, Mais le Prophete pour le raffurer pria Dieu de lui ouvrir les yeux,afin qu'il vit un nombre incom. parablement plus gaand d'Anges qui l'environnoient pour le défendre. Il pria Dieu au contraire de fraper d'aveuglement tous ceux qui le venoient perdre, & il alla enfuite lui même au devant d'eux.Il leur dit qu'ils s'étoient égarez, & feignant de les vouloir remettre dans leur chemin,il les mena au milieu de Samarie,où il pria Dieu une feconde fois de rouvrir leurs yeux,afin qu'ils compriser le danger où ils fe trouvoient Le Roy Joram penfa d'abord à faire pafler tous ces ho nes au fil de l'épée Mais le Proph:te le lui défendi:& il leur fic donner au contraire à boire & à manger,& les renvoya en paix. Cependant Benadab Roy de Syrie ne pouvant s'apaifer, ni contre le Prophete, ni contre Je Roy. fit un dernier éfort pour lever une groffe armée, & vint avec un nombre innombrable de foldats afflieger Samarie. Ce fiege reduifit Samarie à une famine efroyable, jufqu'à vendre, comme dit l'Ecriture, la tête d'un âne quatre-vingtficles, c'eft à dire plus de fix vingts livres de notre monnoye. Ce fut alors qu'arriva cette hiftoire Gi

tragique, dune femme qni vint fe jetter aux pieds de Joram pour lui demander juftice. Ce Prince luidemanda ce qu'elle defiroit de lui, & elle lui dic qu'elle s'étoit accordée avec un autre femme de manger leurs enfans: Qu'elle avoit commencé à à donner le fien,& qu'elles l'avoient mangé enfemble. Mais que devant manger de même l'enfant de l'autre, la mere l'avoit caché, & ne vouloit pas le lai donner. C Prince defefperé d'un accident fi barbate & fi inoui, déchira fes habits, & l'on vit le cilice dont il étoit revêtu fur fa chair. Mais il› tourna fa furie contre Elifée, comme l'accufant pouvoit fauver la ville, s'il l'eût voulu, & de ne le faire pas, & it envoya fur l'heure un homme pourle tuer.Elifée en fut averti par l'Efprit de Dieu, &fit fermer la porte à cet homme; parce qu'il fça voit que le Roi aufli tôt aprés envoieroit un nouvel ordre contraire au premier. Il paroit par cette conduite du Roy de Samarie, combien il eft dange reux lors qu'on eft dans l'affliction de s'abandon ner à l'orgueil & à l'impatience. Ce prince fouffre, & fe revêt même d'un habit de penitence; mais il we s'humilie point. Il perd la confiance en Dieu,, il s'éleve dans fon defefpoir,& il veut faire assassiner le Prophete, qui detournoit feul par fa fainteté la ruïne entiere de cette ville. Les vrais ferviteursde Dieu au contraire, envisagent les maux de cette vie par l'œil de la foi. Ils font humbles dans leur affliction, parce qu'ils reconnoiffent qu'ils fouffrent beaucoup moins qu'ils ne meritent. Its rendent alors à Dieu de tres -finceres actions de graces, parce qu'ils ne le confiderent pas dans leurs maux comme un Juge qui punit des crimi mels; mais comme un Pere qui veut guerir fes enfans, qui les aime lors même qu'il les châtie; puis qu'il ne les châtie que parce qu'il les aime

Lo

Prédiction d'Elifée. 4.Rois 7.

duм.

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Ors que le Roi Joram vint fe plaindie à Eli-L'an sée de l'extremité où la famine avoit reduit, Samarie,le S. Prophete confola le peuple tout abba- Avat · tu, & l' fura que le lendemain à la même heure l C. la farine & l'orge fe donneroient prefque pour rien 885. On eut peine à croire une prophetie fi furprenante & entre autres un des Seigneurs qui accompagnoient le Roi foutint que cela étoit impoffible. Le Prophete lui répōdit, Vous le verrez de vos yeux mais vous n'en mangerez point. Cette prédiction se verifia de cette forte. Samarie étant de plus en plus prefiée par les Syriens, quatre lepreux qui démeuroient à la porte de cette Ville fe dirent entr'eux: Que faifons nous ici ? pourquoi nous laiffons-nous mourir de faim? Allons nous rendre aux Syriens Ils fe hazarderent donc d'aller au camp des ennemis, mais ils furent bien furpris de n'y voir perfonne, Dieu les avoit tous frapez durant la nuit d'une épouvantable frayeur, & leur avoit fait entendre la marche d'une grande aimé e qu'ils crurent que le Roi d'Ifraël faifoit venir à fon fecours. Dans cette terreur toute l'armée s'étoit diffipée, & avoit laiflé dans le camp un riche butin. Ces lepreux s'en voyant ainfi les maîtres, commencerent par manger ce qu'ils trouverent dans une tente, ils prirent enfuite de l'or & de l'argent tout ce qu'ils en voulurent, & le cacherent. Mais reconnoiffant combien ils feroient coupables de ne pas annoncer une fi bonne nouvelle à la Ville ils allerent dire à ceux qui gardoient les portes, qu'ils venoient du camp des Syriens, & qu'ils n'y avoient veu perfonne. Joram crut aufli tôt que c'étoit un ftratagene : & comme il reftoit. encore cinq chevaux dans Samarie, il en fit monter deux pour aller battre la campagne, & decou

vrir où étoient les ennemis. On vit tout le chemin plein de vafes & de meubles précieux, que les S7riens effrayez avoient jettez de toutes parts lors qu'ils fe hâtoient de fuir. Ayant fait leur raport,à la ville,tout le peuple de Samarie alla en foule piller le camp des Syriens, & la farine & l'orge y fut donnée pour le prix même qu'Elifée l'avoit predir le jour précedent. Mais il arriva enfuite pour veri fier l'autre partie de cette Prophetic,que le Roi or. donna à ce Seigneur qui avoit témoigné tant d'incredulité aux paroles d'Elifée, de fe tenir aux por tes de Samarie pour y faire garder quelque ordre, Et ce fut ce commandement qui caufa fa mort, & qui verifia la parole d'Elifée. Car la foule du peuple qui entroit & qui fortoit fut fi grande, que cet homme fur foulé aux pieds. It eft impoffible, dit S. Ambroife, de ne pas adorer Dieu dans fes merveilles, lors que l'on voit que tout l'avenir lui eft pres fent, & qu'il le découvre & clairement à fes fervi teurs. Il fauve ici Samaric d'une maniere admira. ble, & il combat lui feul pour elle contre fes-ennemis qu'il remplit de crainte. Elle étoit déja déli vrée & elle ne le fçavit pas. Quatre lépreux que le Prophete qui gueriffoit les iepreux idolâtres n'avoit pas guéris, furent divinement refervez pour annoncer à cette ville fa délivrance. Er lors que tout le peuple étoit dans des tranfports de joye, il n'y a qu'un feul Grand du monde qui eft foulé aux pieds du peuple, pour apprendre par une mort fi funefte, combien il eft dangereux d'eftimer trop la puiffance des hommes & trop peu celle de Dien, & qu'on l'attaque lui-même lors qu'on ne revere pas la verité de fa parole dans la bouche de fes ferviteurs qu'il ne fepare point de lui même, & qu'on ne méprife point fans le méprifer.

E:

Fefabel mangée des chiens. 4. Rois 9. Equi étoit alors dagereufemét malade fui envoia an demander par Hazael s'il gueriroit Elifée leur ayat du M. dit d'abord; Dites au Roi qu'il guerira;il dit enfuite, 120 à Hazael en particulier, Je fai que vôtre Maitre Avat doit mourir.Et état tour d'un coup faifi d'un grand!. C.. fremiffement,il repadit beaucoup de larmes. Hazaël $84. lui en demanda la caufe. Elisée lui répondit, que c'étoit parce qu'il prévoyoit déja les maux qu'il de voit faire à Ifraël,lors qu'il feroit Roi de Syrie.Hazaël allant retrouver le Roi l'affura qu'il gueriroit de fa maladie.Mais le lendemain il l'étrágla & fe fit déclarer Roi. Ceci arriva lors que Iora fecond fils d'Achab étoit Roi das Ifraël,& Jofaphat das Juda. Jofaphat étant trop vieux fit regner fon fils Joram en fa place:& ainfi les deux Rois de ces deux roiaumes avoient tous deux le même no.Joram Roy de Juda n'eut rié de la pieté de Jofaphat fon pere mais. il fut femblable en impieté aux Rois d'Ifraël parce, dit l'Ecriture,qu'il avoit épousé la fille d'Achab. Ce Prince état mort, Ochofias fon fils regna en fa pla ce fur Juda,pendant que Jora fils d'Achab étoit encore Roi d'jfraël.Ochofias aida Jorá dans la guerre qu'il eut contre Hazaëi Roy de Syrie, & Joram ayant été blessé dans cette guerre fe fit mener dans Jezrael, où Ochofias l'alla vifiter. Mais lors qu'il étoit malade Jehu n'attédit pas qu'il fut mort pour regner au lien de lui. Car ayat éré facré par nn dif. ciple d'Elifée pour être Roi d'Ifraël, & pour exterminer toute la maifó d'Achab,il alla aussi tôt aprés à Jezraël ou Jorá étoit malade,& où Ochofias Roi de Juda l'etoit venu voir. La sétinelle avertit le Roi qu'un gros de gés armez paroiffoir de loin. Le Roi s'informer de ce que envoya diverfes perfones pour c'étoit.Et come Jehu les retenoit tous, Joram,quoi que malade, y alla lui même avec Ochofias. Jehu les récontra dans le champ de Naboth.& ayat per

LSE'E étant en Damas Benadab Roi de Syrie,

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