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Daniel dans la foffe aux lions. Daniel 6.

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L'an du M.

3466.

niel

Arius Medus oncle de Cyrus, étant devenu maitre de tous les Etats de Balthafar, honora le Prophete Daniel & le regarda toujours comme Avant un homme rempli de l'efprit de Dieu, parce qu'il J. C. fçavoit ce qu'il avoit autrefois prédit à Nabucho- 538. donofor & à Balthafar fon petit fils; & il eût mê- Dame la penfée de l'établir fur tout fon Royaume. ayant Mais s'il pût l'élever en honneur, il ne put le déli- 82.as. vrer de l'envie que les autres Seigneurs de fa Cour =conçûrent de fon élevation. Comme fa vie étoit irréprochable, & qu'ils vouloient neanmoins le faire perir par les formes de la juftice, ils tâcherent de le furprendre en un point où la loy de fon Dieu l'empêcheroit de fe foumettre. Ils perfuaderent donc au Roy de faire publier une Déclaration par laquelle il puniffoit de mort tous ceux qui durant trente jours feroient quelque priere, tour autre qu'à lui feul. Quoique cette loi fût impie en elle-même, & qu'elle n'eût été faite que contre le feul Daniel, il n'y eut neanmoins que Daniel feul qui crût n'y pouvoir obeïr. Car préferant la loi de Dieu à celle des hommes, il parut à fon Ordinaire ouvrir trois fois le jour les fenêtres de fa chambre pour Le tourner vers Jerufalem & adorer Dieu. Ses ennemis qui l'obfervoient le defererent au Roy comme un rebelle. Ce Prince qui aimoit Da. niel tacha de le délivrer de leurs mains mais ils infifterent fortement, & lui reprefenterent que depuis que le Roy avoit une fois fait un arrêt, il ne pouvoit plus le retracter. Qu'il falloit donc que felon fa Déclaration Daniel fut jetté dans la foffe aux lions pour y étre devoré. La foibleffe de ce Prince fut plus grande que le defir qu'il avoit de conferver Daniel, & il fit malgré lui defcendre ce

S. Prophete dans la foffe avec cett précaution, qu'aprés qu'il fut defcendu, il voulut fcell ra pierre qui en fermoit l'entrée, parce qu'il craignoit plus la cruauté des hommes, que celles des lions mêmes, dont il efperoit que Dieu délivreroit ce Prophete. Il ne fut pas trompé dans fon attente. Car le lendemain des le point du jour courant fur le bord de la foffe, il trouva Daniel plein de vie. Ce miracle le furprit de telle forte qu'il fit jetter en fa place tous ceux qui par leur malignité avoient procuré la mort de ce faint Homme, & ils furent d vorez par les lions prefqu'avant que d'ê tre defcendus en bas. Daniel fortant de cette foffe benit Di u qui avoit fermé le gueule des lions pour les empêcher de le devorer; & il apprit, comme dit S. Jerôme, à ceux que Dieu a deli vrez d'une autre forte de lions qui font encore plas à craindre que ne l'etoient ceux de ce Prophete, à louer Dicu d'une protection fi particuliere, fans laquelle ils auroient fuccombé à la violence de leurs ennemis. Le peché a des dents de lion comme dit l'Ecriture, & il imprime fes morfures non fur le corps, mais fur l'ame même. Ainfi ceux que Dieu foûtient dans l'affliction, & qu'il empêche de fuccomber au peché, font délivrez encore plus que Daniel de la fureur des lions.

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Vifion de Daniel. Daniel 7.

L'an du M

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ANIEL eft l'un des Prophétes à qui Dieu ait plus marqué l'avenir par des vifions myftéricules qui reprefentoient toute la fuite des tems. Et illes a exprimées d'une maniere fi fenfible, que Avant les ennemis de no re religion ne pouvant douter de la verité de Cs Propheties l'ont plûtôt regardé comme un hitto rien des chofes paffees, ainsi que le remarque S, Jerôme, que comme un Prophéte de l'avenir. La vifion qui eft figurée dans cette image, & que Daniel dit avoir cuë la premiereannée du regne de Balthafar, eft de cette forte. Ce S. Prophéte étant dans fou lit vit fortir d'une mer agitée par les quatre vents, quatre grandes bêres toutes fort diffrentes l'une de l'autre. La premie re étoit comme une Lionne qui avoit des aîles d'Aigle.La feconde reffembloit à un Ours qui avoit trois rangs de dents dans la gueule. La troifiéme étoit comme un Leopard qui avoit quatre tétes & quatre aîles comme les aîles d'un oifeau. La quatriéme étoit plus terrible que toutes les autres. Elle étoit extraordinairement forte elle avoit de grandes dents de fer; elle devoroit & mettoit tout en pieces; & avoit dix cornes, du milieu defquelles il en fortoit une qui avoit des yeux comme des yeux d'un homme, & une bouche qui difoit de grandes chofes.Le Prophéte furpris de cette vifion vit enfuite Dieu dans fa gloire, accompagné d'une multitude innombrable d'efprits, à l'un defquels il demanda ce que marquoient ces quatre bêtes. Il lui répondit qu'elles fignifioient les quaare Royaumes qui devoient s'elever de la terre. Mais le Prophéte faifant une inftance particuliere pour fçavoir ce que c'étoit que cette quatrième bête, qui étoit éfroyable au delà de tout ce qu'en

peut dire, on lui répondit; La quatrième béte eft le quatrième Roiaume qui dominera le monde, & qui fera plus grand que tous les autres Roiaumes. Il dévorera la terre, il la foulera aux pieds & la reduira en poudre. Les dix cornes de ce Roiaume font les dix Rois qui y regneront. Il s'élevera un autre Roi aprés eux plus puiffant que tous les autres, il parlera infolemment contre le Tres-haut. Il foulera aux pieds les Saints du Seigneur. Il s'imaginera qu'il pourra changer les tems & les loix; & les juftes feront livrez entre fes mains jufqu'à un tems, & des tems, & la moitié d'un tems, c'est-à-dire un an, deux ans & la moitié d'un an, qui font en tout trois ans & demi. La même expreffion est encore dans T'Apocalipfe. Plufieurs entendent par ces quatre Roiaumes, les quatre Monarchies des Affiriens, des Perfes, des Grecs, & des Romains. Mais tous s'a cordent que ce dernier Roi marque visiblement le Roiaume de l'Antechrift.

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Chafteté de Susanne. Daniel 13.

Uoy que cette hiftoire ne foit rapportée qu'à la fin de Daniel, elle eft neanmoins arrivée avant les precedentes Car S.Ignace & Severe Sulpice difent que ce Prophete n'avoit alors que douze ans.Il femble même qu'elle ait precedé le fonge de Nabuchodnofor, puis qu'il eft dit qu'alors Daniel étoit déja regardé comme plus fage que tous les devins; ce qu'il ne pouvoit avoir acquis que par quelque grande action comme celle-cy. Sufanne étoit fille d'Elcias & femme de Joachim. Elle avoit été parfaitement bien élevé dans fon enfance par fes parens, non felon la vanité du monde, mais felon la verité de la loy de Dieu. Et c'està cette éducation que les faints Peres attribuent toute la verzu qu'elle fit paroître enfuite. Lors qu'elle vivoit dans la reputation que fa chafteté lui avoit acquife, deux vieillards qui auroient dû le plus contribur à la conferver,furent les feuls qui eurent affez d'impudence pour entreprendre de la corrompre. L'Ecriture marque qu'ils alloient fouvent chez Joachi fon mari, où ils la voyoient, & cette femme ayant une chasteté égale à fa beauté, ils furent plus. touchez de fa beauté pour tacher à la corrompre, que de fa chasteté pour l'imiter. La pudeur étouffa affez long-tems leur paffion criminelle. Ils étoient tous deux bleffez, & ils rougiffoient de s'entreavouer la playe honteufe qu'ils nourriffoient dans lear cœur. Mais enfin ils fe découvrirent l'un à l'au→ : tre leur pensée fecrette, & ils firent un détestable deffein entre eux pour furprendre Sufanne lors qu'elle fe baignoit feule dans fon jardin. Car s'y étant enfermez en fecret, ils prirent l'occafion que Les fuivantes étoient allées querir les chofes dont

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