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Heliodore battu de verges. Machab. 3.

J. C.

OUR commencer d'ordre l'hiftoire des Ma- L'an Po chabées, il faut comme l'Ecriture remonter du M. 3818. jufqu'à la mort d'Alexandre le Grand, qui arriva Avant 324. ans avant JESUS-CHRIST.Son Royaume s'étant partagé entre plufieurs Rois, l'Afie tomba à 176. Seleucus, fous le regne duquel & de fes Succeffeurs la Judée demeura affez paisible.L'un de ceuxcy quatrième du nom, furnommé Philopator, fils du grand Antiochus, eft celui dont il eft parlé dans l'Ecriture, Ce Prince quoy qu'idolâtre refpecto it extraordinairement la pieté du grand Prêtre Onias troifiée du nom, & fourniffoit même l'argent pour les facrifices qui s'offroient tous les jours à Dieu dans fon Temple à Jerufalem. Mais la malice d'un des Ministres du Temple même nommé Simon troubla cette paix. Car trouvant Onias oppofé à quelques deffeins de brouilleries qu'il avoit envie d'exciter ; le dépit qu'il eut de fa fermeté le fit refoudre à aller trouver Apollonius qui étoit un des Généraux de l'armée de Seleucus. Il lui dit que le Temple étoit plein d'un nombre innombrable de richesses qui n'étoient point deftinées aux facrifices,& que le Roy pouvoit aisément s'en rendre maître. Seleucus en étant averti y envoya Heliodore qui fe rendit à Jerufalem, falüa le grand Prêtre, & lui dit qu'il étoit venu par ordre du Roy pour lui demander les trefors du Temple, Onias furpris de cette demande lui répondit qu'il ne les pouvoit donner, parce que pour la plupart c'étoient des dépots facrez qui devoient fervir à l'entretien des veuves & des örfelins, & qu'il n'en étoit que le dépofitaire. Heliodore infifta fort en difant qu'il faloit obéir aux ordres du Roy fans fe mettre en peine du refte. Le grand Prêtre & avec lui toute la ville, fut dans une étrange confterna

tion & conjurerent Dieu par leurs prieres & par leurs larmes, de ne pas permettre qu'on trompat ainfi ceux qui avoient crû que fon faint Temple feroit un afyle affuré pour y conferver leur bien. Dien fut touché de tant de larmes, & lors qu'Heliodore entra dans le Temple pour executer les ordres du Roy, une vertu invifible fe fit fentir à tous les foldats qui l'accompagnoient qui tomberent faifis de crainte. Il parut en même tems dans le Temple un homme à cheval qui renvera Hėliodore & le fonla aux pieds,& deux jeunes hommes parfaitement beaux l'environnerent auffi-tôt, le frapperent de verges fans relâche, & le chaffent enfin du Temple. On eut recours alors à la pieté du grand Prêtre pour le prier d'avoir pitié d'Heliodore. Er Onias craignant que le Roy qui l'avoit envoyé n'attribuat ce traitement de Dieu à la revolte des Juifs,pria pour lui' & le delivra du danger de mort qui le menaçoir.Lors qu'Onias prioit ainfi, ces deux jeunes hommes qui avoient mal traité Heliodore s'apparurent à lui'& lui dirent, Rendez graces au Prêtre Onias, puisque c'est à fa confideration que Dieu vous donne la vie. Et pour vous, confiderant le traitement que vous avez reçû de Dieu, faites fçavoir à tout le monde quelle eft fa grandeur & fa puiffance. Heliodore ne cela point au Roy Seleucus cette hiftoire lors qu'il lui rendit compte de fon voyage. Et le Roy persistant toûjours dans le defir de cet argent, & dans la penfée de prendre quelqu'un pour y envoyer, HeFiodore lui dit que s'il avoit quelque ennemi il pouvoit lui envoyer, & qu'il devoit s'affurer qu'il

feroit au moins déchiré de coups, s'il étoit affez heureux pour fauver fa vie : parce que la vertu de Dieu habitoit dans ce Temple pour perdre tous ceux qui le voudroient prophaner.

Prédictions für Ferufalem, 2. Machab. 5.

L'an

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Avant

Es ennemis da grand Prêtre Onias ayant pris fujet du traitement que reçût Heliodore dans du M le Temple, de l'accufer auprés de Seleucus, il fut 3834 obligé d'aller le trouver lui-même pour fe juftifier J. C. des crimes qu'on lui impofoit. Mais ceux qui brû- 170. loient d'ambition pour fa dignité de Pontife,entre lefquels étoient fes propres freres, lui fufciterent tant de perfecutions qu'enfin ils le firent affaffiner. Le Roy Antiochus furnommé Epiphanes, c'est à dire l'illuftre, l'un des plus cruels ennemis de la religion & du peuple Juif, ayant fuccedé à fon frere Seleucus, qu'Heliodore avoit empoisonné,fignala le commencement de fon regne par la dépofition de ce S. Pontife, à la priere de fon frere Jafon, qui lui promettoit de mettre prés d'un million d'or dans fon épargne.Enfuite Menelaus fon frere l'emporta encore fur lui,en offrant plus d'argent à Antiochus, & plus il en fut auffi déposé,& fon frere. Lyfimaque mis en fa place, lequel ayant auffi été dépofé Menelaus remonta fur le fiege à force d'ar gent. Mais ayant enfuite dérobé lui-même les va→ fes facrez, & voyant qu'Onias ne ceffoit de cries contre de fi grands facrileges,il le fit tuer. La ver tu de ce faint Pontife étoit fi univerfellement reconnuë; que non feulement les Juifs, mais les ⚫ étrangers en eurent de l'indignation:Et Antiochus ayant reçû les plaintes qu'on lui en fit à fon retour de Ciliciele pleura, parce qu'il en connoissoit la vertu,& fit mourir Andronique qui l'avoittué,dansle lieu même où il avoit commis ce parricide. Cependant les factions étant grandes dans Jerufalem, & plufieurs voulant poffeder la fouveraine facrificature, la malice de fes Citoyens y alluma un feu qui caufa la ruine entiere de la ville. Dieu pour marquer les malheurs dont elle étoit menacée, la

paroître de grands fignes, On vit de toute la ville pendant quarante jours des armées se battre dans T'air,des cavaliers armez de haches & couverts d'or courir les uns contre les autres. On voyoit diftinctement la courfe de leurs chevaux, les attaques de loin & de prés, les traits lancez par les uns & repouffez par les autres de leurs boucliers. On entendoit le bruit de leurs ames. On voyoit étinceler leurs épées nuës, & leurs boucliers d'or jetter un éclat qui frappoit les yeux. Tant de fignes fi nouveaux jetterent l'épouvante dans tous les cœurs,& tous étoient occupez à prier Dieu de détourner de deffus eux les malheurs dont ils étoient menacez. Cependant l'impie Jafon forma le deffein de fe rendre maître de la ville, & fit contre fes propres Citoyens tout ce que le plus cruel ennemi auroit pû faire. Mais ce n'étoit encore que le commencement de leurs maux. Car Antiochus étant paffé en Egypte avec une grande armée, & l'ayant ravagée, apprit que Jafon,fur le faux bruit qui avoit coura de fa mort,étoit venu avec des troupes à Jerufalem pour le faire rétablir,& qu'il faifoit paffer tout au fil de l'épée : ainfi craignant que ce defordre n'allât plus loin, il s'y rendit en diligence, & trouva moyen par les differentes factions qui regnoient dans la ville d'y entrer & de s'en rendre le maître.. Ce fut alors qu'il n'épargna rien,non pas même ce qu'il y avoit de plus faint. Il prenoit plaifir à toucher de fes mains profanes ce qu'il y avoit de plus facré dans le Temple. Et étant cnyvré de les profperitez il infulta au Dieu des Juifs, ne fe fouvenant pas, comme dit l'Ecriture,que Dieu pouvoit le traiter comme il avoit traité Heliodore. Mais alors Dieu avoit abandonné fon peuple, fa ville & fon Temple à caufe de leurs pechez; & il fit voir qu'il ne conferve pas les perfonnes à cause de la fainteté des lieux, mais qu'il conferve les lieux à caufe de la fainteté de ceux qui les habitent ; &

il

qu'ils n'eft jamais plus en colere contre les déreglemens des hommes, que lors que pour les punir permet qu'on lui infulte à lui-même, qu'on porte l'infolence & l'impieté jufques fur l'Autel.

Mort d'Eleazar. 2. Machab. 6.

1837.

ORS qu'Antiochus fe fut rendu maître de Jerufalem, il y exerça des cruautez inouïes. S'il L'an n'eût étendu ses violences que fur les biens & fur les corps, elles auroient été plus fupportables. avant. Mais il voulut paffer jufqu'aux confciences & for- J C, cer tout le monde de renoncer à la loy de Dieu,& 167. de violer fes ceremonies faintes pour embraffer le culte des faux Dieux. Il entreprit ce deffein impie avec tant de fureur, que deux femmes qui craignoient Dieu ayant circoncis leurs enfans,on pendit leurs petits à leurs coû, on les precipita ainfi du haut ces murailles. Le Temple n'étoit plus rempli que d'abominations qui regnoient jufques fur l'Autel,& il n'y avoit prefque plus de Juifs qui osât confeffer qu'il étoit Juif: tant la cruauté des fupplices épouventoit tous les cours. Dans cet af foibliffement general Dieu fit voir un exemple de courage qui confondit la timidité des autres. Eleazar l'un des premiers de Jerufalem, qui étoit un vieillard tres-venerable, fut follicité de manger contre la loy de la chair de porceau qu'on lui prefentoit. Mais préferant, dit l'Ecriture,une marc glorieufe à une vie infame, il alla lui-même au fupplice qui lui étoit préparé.Ceux qui étoient auprés de lui furent touchez de l'extrémité où ils le voyoient; & l'aimant d'une amitié toute humaine,ils le prierent de s'aider lui-même en cette rencontre, & d'agréer qu'on fit venir de la chair qu'il pouvoit manger, afin qu'on crût qu'il avoit fatisfait aux ordres du Roy,& que cette feinte lui fau

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