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Abimelech puni de Dieu. Genef. 20.

A

La

ABRAHAM aiant été obligé un peu aprés l'embrafement de Sodome,de quitter le lieu où il étoit pour venir à Gerare,il y courut le même pe- mérne ril à l'égard du Roi de cette ville, à cause de Sara année fa femme,qu'il avoit couru dans l'Egipte à l'égard 2107. de Pharaon. Car lors qu'il y fut arrivé, Abimelech Roi de Gerare enleva Sara qui fe difoit fœur d'Abraham, comme elle l'avoit dit en Egipte, & la fit venir chés lui.Mais Dieu qui étoit toûjours le protecteur de la vie d'Abraham & de la pureté de Sara,& qui n'épargnoit pas les Rois mêmes lors qu'ils leur faifoient quelque injure, menaça ce Prince durant la nuit de le faire mourir s'il touchoit à cette femme, & l'avertit qu'Abraham étoit fon mari. Abimelech fut étrangement furpris de le voir prefque tomber fans le fçavoir dans un auffi grand crime qu'est l'adultere; mais il reprefenta à Dieu la fimplicité avec laquelle il avoit agi en cette rencontre, & qu'on lui avoit celé la verité, puis qu'on lui avoit dit que Sara n'étoit que la fœur d'Abraham Dieu receut fon excufe, & lui dit c'étoit en effet pour cette raifon qu'il l'avoit voulu preferver d'un fi grand crime; témoignant aflés par là le jugement qu'il fait de ceux qui ofent fouiller la pureté des mariages par des alliances imaudiques. Abimelech effraié & des menaces de Dieu & de l'idée du crime qu'il était fi prés, de commettre,fe leva au milieu de la nuit & appella fes officiers, aufquels il déclara ce qu'il venoit de reconnoître. Il fit venir auffi Abraham; & f: plaig nit de ce qu'il lui avoit deguito la ve té demanda en quei i l'al

sant de many í,

que

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comme il continuoiz toûjours de fe plaindre de fa conduite, Abraham lui répondit, que lors qu'il étoit entré dans fa ville, il ne fçavoit fi fon peuple avoit quelque crainte de Dieu, & que l'apprehenfion qu'il avoit qu'on ne le tuât pour avoir enfuite fa femme, l'avoit porté à prier Sara de dire qu'elle étoit fa fœur, comme en effet elle l'étoit,& qu'il n'avoit fait à fon égard que ce qu'il faifoir dans tous les autres lieux ou il alloit,dans lefquels il gardoit la même conduite. Abimelech receut fa fatisfaction, & rendit Sara à Abraham, auquel il donna de grands prefens tant en argent qu'en troupeaux & en fe feparant de Sara,il lui dit en riant, qu'il avoit donné à fon frere, comme elle l'apper loit, mille pieces d'argent; afin dit S. Ambroife qu'elle en achetât un voile pour fe couvrir,& pour faire connoître à l'avenir à tout le monde qu'elle êtoit une femme mariée. Il la pria auffi de fe fouvenir du mal qu'elle avoit penfé lui caufer, afin qu'elle evitât de le faire à d'autres. Abraham en s'en allant pria Dieu pour Abimelech,& Dieu guerit auffi-tôt toutes les plaies dont il avoit frapé ce Prince, & avec lui toute fa maifon à cause de Sara qu'il avoit prife. C'eft ainfi,comme remarque S. Ambroife,que Dieu temoigna combien il haifoit Padultete, & que comme il étoit l'auteur du mariage; il prenoit auffi le foin de vanger tout ce qui en violoit la fainteté. Il s'eft contenté d'avoir témoigné ainfi autrefois l'horreur qu'il avoit de ce crime. Il ne parle plus de la forte maintenant; mais on n'en doit pas moins craindre fa juftice, comme a dit le même Pere,ni croire qu'il punira moins l'adultere, parce qu'on le commet aveG moins de fcrupule & avec plus de licence.

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Ifmael chaße. Genef. 21.

2108.

Avant

J. c.

Itu aiant accompli la promeffe qu'il avoit faite à Sara, elle eut un fils dans fa vieilleffe, L'an du M. au tems que Dieu lui avoit marqué. Abraham lui donna le nom d'Ifaac,& il le circoncit le huitiéme jour. Sara voulut en le nourriffant elle-même,quoi j. c. qu'elle fût confiderée comme une grande Princeffe 1896. aprendre à toutes les meres, comme dit S. Ambroile, que leur gloire & leur joie doit être de nourrir leurs enfans, & qu'elles ne font meres qu'à demi lors qu'elles manquent à ce devoir de la na、 ture,qui entretient beaucoup davantage dans tou te la fuite de la vie, l'amour reciproque qui doit être entre les meres & leurs enfans. Lors que le L'an tems de fevrer fon fils fut venu, elle fit un grand du M. feftin pour témoigner fa grande joie,qui étoit la 2113. figure de la joie que reçoivent les vrais Pasteurs Avant de l'Eglife,lors qu'ils voient que leurs enfans s'a- 1891. vancent dans la pieté, & qu'ils n'ont plus befoin Ifaac qu'on les nourriffe de lait. Mais lorfque Sara fe vo- aiant ioit ainfi comblée de joie, & que ce nouveau fils la déja §. confoloit de la douleur & de l'opprobre de fa fte- aus. rilité paffée, le fils d'Agar lui caufa autant de chagrin que la mere lui en avoit caufé elle même quelques années auparavant. Cet enfant qui fe voioit fruftré de fes grandes efperances par la naiffance d'Ifaac qu'il regardoit avec douleur devoit être l'heritier de tant de biens qu'il s'étoit déja promis Бе put fouffrir la joie que le pere & la mere d'Ifaac témoignoiens prendre dans lui, & conceut contre lui une envie fecrete qui paroiffoit au dehors dans les rencontres, par la maniere injuricufe dont il le traitoit, & par les maux qu'il lui faifoit. Sara prévit les fuites funeftes que cette divifion.

pourroit avoir,& fa tendreffe s'interellant pour celui qu'elle fçavoit avoir éré deftiné de Dieu pour être l'heritier de tous fes biens,elle pria Abraham de chaffer du logis Agar fon efclave avec fon fils Ifmael Abraham fut d'abord bleflé de cette propofition. Mais Dieu lui aiant dit de faire en ce point tout ce que Sara lui difoit; Abraham prit un pain & un vafe d eau qu'il init fur l'épaule d'Agar, il lui donna fon fils Ifmael,& la renvoia. Agar chaffée de ce logis alla dans le defert de Berfabée, où fon eau étant manquée, elle mit fon enfant fous un arbre & fe retira, fous un autre,pour ne pas voir mourir fon fils. Et lors qu'elle s'abandonnoit aux pleurs & aux gemiflemens, un Ange l'appella du ciel qui l'encouragea,& lui commanda de prendre foin d'Ifmael,parce qu'il feroit le père d'une grande race. Il lui montra enfuire une fource d'eau qui étoit proche de ce lieu: ce fecours confola beaucoup Agar, & elle éleva fon fils daus la folitude où il devint habile à tirer de l'arc. S. Paul nous dit clairement lui-même, que Dieu dépeignoit délors dans ces deux enfans ce qui devoir arriver un jour dans la fuite de toute l'Eglife, où ceux qui font les enfans de la promeffe de oient être perfecutés par leurs propres frer S. Il faut que celui qui veut être Ifaac fouffre l'envie & les infultes d'Ifmael. Mais bien loin de rendre mal pour mal, & envie pour envie, il doit plûtôt pleurer le malheur de fon frere qui eft banni pour toujours de la ma fon paternelle. C'eft Dieu feul qui rend les uns enfans de celle qui eft libre,& les autres, de celle qui eft efclave;& il faut lui témoigner fa reconnoiffauce 'd'un difcernerent fi favorable, en choififfant plûtôt d'être perfecuté avec Ifaac, que de perfecuter les autres avec Ifmael; parce que la colere d'Ifmael fera pallagere, & que l'heritage d' faac fera éternel.

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Sacrifice d'Abraham. Genef.22.

L'an

du M

2145.

Avant

SMAEL aiant été chaffé de la maifon d'Abraham, Ifaac y vivoit en paix comme le feul heri tier de tous les biens de fon pere.Mais lors qu'il avoit déja trente fept ans, felon la tradition des Hebreux; Dieu pour tenter Abraham; lui ordonna J. C. de prendre ce fils bien aimé, & de le lui aller im- 185 moler fur une montagne. Abraham fe fouvenant qu'il n'avo t ce fils que de Dieu,n'hesita point à lẻ lui rendre,& fa grande foi étouffa toutes les penfées qui pouvoient lui revenir dans l'efprit des promelles que Dieu lui avoit fi fouvent reïterées; de lui donner par Ifaac une pofterité qui fe multiplieroit comme les étoiles du ciel.Il fe leva dés le grand matin, & gardant un grand fecret, il prit avec lui Ifaac & deux de fes ferviteurs. Il coupa du bois pour faire brûler fon holocaufte, & alla enfuite au lieu que Dieu lui avoit montré.Aiant demeuré pendant deux jours entiers dans cette refolution fixe,fans que la veuë de fon fils pût l'attendrir le troifiéme jour enfin levant les yeux il vit de loin le lieu destiné à ce grand-facrifice, & il commanda à fes deux ferviteurs de fe tenir au bas de la montagne, pendant qu'il iroit avec fon fils pour adorer Dieu. Il prit le bois que l'on avoit Coupé pour l'holocaufte & le mit fur les épaules d'Ifaac,qui en montaut ainfi cette montagne char-gé du bois qui le devoir confumer, fut une figure bien fenfible du veritable Ifaac,qui monta depuis -la montagne du Calvaire chargé du bois fur le-quel il devait accomplir fon facrifice Lors qu Ifaac montoit ainfi avec fon pere qui tenoit dans fes mains le fer & le feu, il lui demanda oùétoit donc la victime qu'il devoit égorger, Abraham

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