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tre leurs mains,de peur que vous ne heurtiez vôtre pied contre la pierre. Le Fils de Dieu qui nous fair voir qu'ayant été victorieux dans la premiere tentation,on devoit efperer de l'être auffi dans les autres, répondit au demon avec la même fimplicité que la premiere fois par un paffage de l'Ecriture: 11 eft écrit, Vous ne tenterez point le Seigneur vôtre Dieu. Cette réponse fi fage confondit l'orgueil du demon & irrita fa colere. 11 ne garda plus ce refpect exte rieur qu'il avoit témoigné d'abord : & au lieu qu'il avoit traité au commencement Jefus-Chift comme Fils de Dieu il voulut qu'il l'adorât lui-même comme Dieu, & lui promit pour cela de lui donner tous les Royaumes du monde, dont il lui fit voir l'éclat & la gloire. Jamais l'infolence du demonne monta plus haut.Il en avoit moins témoigné envers les plus grands Saints. Il fe contentoit de leur nuire comme à Job, mais il n'exigeoit pas d'eux qu'ils l'adoraffent comme il l'exigea de J. C. done il connoiffoit l'excellence par fa refiftance méme, Mais cette impudence extrême fut auffi repouffée de Jefus-Chrift par la fermeté de ces paroles, Retire toy Satan. Car il eft écrit, Vous adorerez le Seigneur vôtre Dieu, & vous le fervirez lui feul:Cette réponse fi forte de Jefus Chrift mit le demon en fuite, & les Anges s'approcherent de lui & le fervirent. Cette tentation de Jefus-Chrift a toûjours été l'instruction & la confolation de tous les Saints. Aimons, difent-ils, la retraite le jeûne & la priere, & le demon ne nous pourra nuire. Meditons avec une foy vive la parole de Dieu, & elle fera pour nous ce bouclier divin qui repouffe toutes les fêches brulantes de nôtre ennemi. Mertons nôtre confiance en Jefus Chrift tenté & victorieur du tentateur & toutes les tentations ne ferviront qu'à fortifier nôtre vertu & à multiplier nos cou

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Nopces de Cana. Joan. 2.

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Esus-CHRIST ayant rempli de confufion le de- La mèsmon qui l'avoit tenté dans la folitude,fortit de ce me an defert par le mouvement du même Efprit qui l'y Pere avoit fait aller,& commença à fe manifefter aux hommes. Il vint d'abord vers le Jourdain où demeu- 30: roit S. Jean, qui aprés avoir veu dépuis peu ce qui mieres'étoit paffé à fon baptême, s'écria devant fes difci- de la ples: Que c'étoit là celui qui étoit l'Agneau de Dieu, & qui ôtoit le peché du monde. Deux de fes de 1. difciples, dont l'un étoit S.André, entendant leur Maître,rendre un témoignage fi avantageux au Sauweur, vinrent trouver ]. C, Ils lui demanderent où il demeuroit il les fit entrer chez lui. S. André étant forti de ce logis rencontra Simon fon frere,& lui dit tout tranfporté de joye qu'ils avoit trouvé le Meffie, & le mena à J. C.qui le regarda & lui prédit qu'il feroit appellé Pierre. Peu à peu le nombre de ceux qui écoutoient le Sauveur s'augmentant fa reputation commença à croître, quoy qu'il n'eur encore fait aucun miracle. Mais une rencontre parti culiere & le befoin de quelques perfonnes donnerent lien à celui-ci. Des nopces s'étant faites en Cana ville de Galilée où étoit la fainte Vierge, JEsus y fat appellé avec fes difciples. Mais le vin manquant,, ce befoin mostra quelle étoit la tendreffe de la fainte Vierge,Car étant perfuadée de la toute-puiffancede fon Fils,auffi-bien que de fa charité, elle crut qu'il fuffiroit de l'avertit de la neceffité où ces perfonnes fe trouvoient pour lui donner lieu de la foulager.Elle: ne fut pas trompée dans fon efperance: Et quoi que J.C. femblât lui répondre d'une maniere affez dure en apparence, il ne laiffa pas de faire ce qu'elle defiroit. Il commanda qu'on remplit d'eau fix grands vafes qui étoient-là, & ayant changé invifiblement l'eau en win, il commande qu'on en puisât & qu'on en portât au Matere d'hôtel. Ces homme

furpris de l'excellence de ce vin miraculeux, appella, le nouveau marié, & lui dit qu'il avoit fait le con. traire de ce que font ordinairement tous les hom mes, qui fervent d'abord le vin le plus délicieux & enfuite le mauvais. Ce fut ainfi, comme marque l'Evangile, que Jefus Chrift manifefta fa gloire & que fes Difciples commencerent à croire en lui. On vit alors la charité de la fainte Vierge,à qui on peut dire qu'on étoit redevable de cette merveille. J.C. voulut declarer d'abord par le premier de fes miracles & au commencement de fa prédication que la grace figurée par le vin feroit donnée à tous les elûs par les prieres de fa Mere dans tout le cours de l'Eglife, comme il avoit déclaré auffi. tôt aprés qu'il fut conçû dans elle,que ce feroit par fon entremife qu'il fanctifieroit fes élus en fanctifiant par elle S. Jean Baptifte. Il lui donna depuis, étant fur la Croix, fon Difciple bien-aimé pour être fon fils,afin que tous les élûs reconnoiffent en la perfon ne de S. Jean, qu'ils la doivent confiderer comme le ir mere. Ainfi pour obtenir de J.C. fes graces toujours nouvelles qui nous font fi neceffaires & qui étoient figurées par ce vin,il faut avoir recours à la fainte Vierge,qui eft la vraye mediatri-, ce entre J.C.& nous comme 1.C l'eft entre Dieu & elle. Les deux vins dont il eft parlé icy, font le vin du monde & le vin de la grace. Le diable prefente le Premier qui eft le meilleur au goût des hommes charnels qui s'enyvrent de la douceur des plaifirs du monde qui leur paroiffent agreables d'abord, mais qui ne leur laiffent enfuite que de l'amertume. Ce fecond vin au contraire eft le vin du Ciel & le vin nouveau de l'homme nouveau, qui enyvre heureufement l'ame, & qui affoupit en elle les fens & la raison humaine, en changeant l'homme dans le cœur par une converfion veritable, afin qu'étant comme mort à lui-même il ne vive plus que pour Dieu, & ne goûte plus que les biens du Ciel,

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HP: &GF: Q
Nicodéme. Joan, 3.

E premier miracle de J.C. en Cana de Galilée

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comu.

tation du Sauveur commença peu peu à fe ré pandre dans le monde, & à paffer même du peuple ne 30. aux Grands. Un des plus confiderables d'entre les Juifs nommé Nicodeme étant touché de tout ce qu'il apprenoit de Jefus, fe refolut de s'éclaircir de la verité par lui même,& non fur le rapport des autres. Mais prévoyant par fa fageffe naturelle que ce nouveau Prophete auroit de grands ennemis,comme en avoient toûjours eu tous les autres, il crât ne fe devoir pas trop déclarer,& jugea qu'il feroit plus feur de ne l'aller trouver que pendant la nuit. Il temoigna à J.C. qu'il croyoit tres-certainement qu'il étoit un Maître envoyé de Dieu, & qu'on n'en pou voit pas douter aprés ce grand nombre de miracles qu'il faifoit fans ceffe. Mais le Sauveur apprit en cette rencontre à fes ferviteurs à ne fe pas laiffer éblouir par les louanges des hommes. Car aprés en avoir reçû de fi grandes de Nicodeme

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il ne

perdit rien de fa liberté ordinaire. Et quoi que Ni-
codeme pafsât pour tres-habile dans la loy, il ne
Ini parla neanmoins que de l'humilité & de la fim-
plicité Chrétienne, en lui declarant que fi on ne re-
naifoit de nouveau, on ne pourroit avoir part à fon
Royaume. Ce Prince des Juifs ne pût comprendre
cette vérité, & fit voir alors que rien n'eft fi con-
traire à la foy que les grands raifonnemens.Il s'in-
forma de J.C. comment un homme pouvoit rentrer
encore une fois dans le ventre de fa mere Mais J.C.
lui demanda comment lui qui étoit maître dans
Ifraël pouvoit ignorer ces chofes ; & il lui fit
voir bien fenfiblement qu'il n'étoit, comme dit S.
Auguftin, que le Docteur d une lette morte. Il lui
parla des effets merveilleux du faint Efprit, dont
on ne peut fçavoir ni d'où vient
* пу ou il

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va,& qui fouffle par tout où il lui plaît. Illui dit enfuite plufieurs autres chofes femblables, qui firent comprendre à ce Prince de la loy, par la difficulté où il fe trouvoit de les concevoir & de les croire, qu'il faut que Dieu pour nous rendre fes difciples ruine dans nous la folie de nôtre raifon qui ne peut rien croire fi elle ne le voit. J. C. finit cet entretien en lui reptefentant le grand amour de Dieu pour les hommes, qui leur avoit donné fon propre Fils pour les rendre éternellement heureux. Il lui fit voir que Ja principale caufe du malheur des hommes étoit qu'ils fuyoient la lumiere de la verité, parce qu'elle les condamne, & qu'ils aiment leurs propres tenebres, jufqu'à ce que Dieu leur donne de nouveaux yeux qui leur font hair l'aveuglement de leurs paffions & aimer cette lumiere qui vient du Dieu & qui les conduit à Dieu. Ce fut ainfi que le Sauveur renvoya ce Prince des Juifs, qui fit bien voir dans la fuite que cet entretien ne lui avoit pas été inutile, & que la force de la parole de Dieu avoit fait impreffion dans fon cœur. Car ayant fait paroître d'abord une fageffe un peu timide en n'ofant venir trou ver J.C.que pendant la nuit,il eut affez de courage aprés pour foutenir publiquement fon innocence en plein Confeil,& pour declarer même à fa mort & aprés fa mort qu'il ne prenoit aucune part à l'injuftice qu'on avoit commife en fa perfonne, en le faifant mourir par un fupplice fi cruel & fi honteux. Et bien loin de refroidir alors fa charité envers J.C. au contraire il la redoubla, en apportant publiquement des parfums pour embaumer & enfevelir fon corps.ll apprit ainfi,comme remarquent les SS. PP. qu'il ne faut pas defefperer de la timidité de ceux qui n'ofent encore fe déclarer pour la verité. Ces perfonnes foibles peuvent fe cacher & fe referver quelque tems pour fe nourrir en fecret des verités de Dieu & fe fortifier dans le filence,afin de paroître enfuite lors que Dieu leur en fera naître l'occafion

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