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ceux qui font à J. C. ils les faifoient à lui même ; il ne furprendra pas moins les méchans en leur reprochant leur dureté, de ce que l'ayant veu dans la faim,dans la foif & dans les autres extremitez,ils ne l'ont pas fecouru. Ils lui demanderont quand ils l'ont veu fouffrir de la forte fans le fecourir. Mais 1. C.leur declarera dans toure la feverité de fa colere, que lors qu'ils refufoient leur compation aux pauvres, ils la lui refufoient à lui-même. Enfin aprés avoir ainfi publiquement relevé la charité des uns & accufé Pirgratitude des autres, il fera paffer les bons dans la vie éternelle,& precipitera les autres dans les tourmens éternels. fus-Chrift nous fait comprendre par ces paroles: qu'il y aura bien du monde f rpris à ce jugement, & qu'on reconnoîtra alors combien nous nous trompons fouvent dans les penfées de notre falut. Car il est visible de ce que le Sauveur dit aux bons & aux méchans, qu'il ne fuffit pas de fuïr feulement le mal, mais. qu'il faut faire le bien, puis que L. C. condamnant les méchans ne leur reproche point de crimes mais feulement d'avoir manqué à la charité. Ainsi, felon que les faints Peres l'ont remarqué par ces paroles de I. C. une des plus grandes confiances qu'on puiffe avoir en la mifericorde de Dieu, eft l'exercice de la charité envers le prochain,dans toutes les rencontres qui s'en prefentent à nous. Ceux qui s'applique ferieufement à leur falut les reconnoiffent fans peine. Leur foy leur rend les pauvres & chers & venerables, aprés que I. C. s'en eft voulu revêtir lui-même, & ils n'ont garde de diffimuler les occafions de les fecourir, puifque Fomiflion feule qu'ils en pourroient faire doit être un jour & feyerement punic

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Apus toutes les Jer falem, comme Prés toutes les prédications que J. C. fit au il ve reftoit plus que deux jours jeufqu'à la fête de Pâque.il ordonna à fes Difciples de preparer toutes nee 330choles.Lors que tout etoit difpofé, & que Judas. avoit déja arrêté avec les Juifs de leur livrer fon Maître,le Sauveur entra dans une grande falle bien ornée,qu'il avoit marqué à fes Apôtres pour y faire la Cene enfemble; & il leur déclara d'abord qu'il avoit toûjours eu un grand defir de celebrer cette Pâque avec eux,comme s'il n'eût rien compté tout ce qu'il avoit fait jufques-là pour fs Difciples, & voulant porter jufqu'au bout les marques & les effets de fon amour Aprês qu'il eur mangé l'Agneau avec eux,felon l'ordonnance de la loy, avant que d'établir fon Sacrement divin,il fe rabaiffa jufques aux pieds de fes Difciples,& prenant de l'eau dans un baflin pour les layer, il les effuya d'un linge dot il s'étoit ceint,finiffant cette action d'une humilité fi prodigieufe par ces paroles qui regardent tout le monde.le vous ay donné l'exemple afin que vous faffiez tous les uns aux autres ce que je vous ay fait moy- même.Il reprit enfuite fes habits,&s'érant remis à table,il prit du pain,le benit & le rompit,& le donna à fes Difciples, en leur difant: Cecy eft mon corps.Il fe donna à eux de fes Propres mains 7 & il ne refufa pas cette grace à Iudas quoy qu'il connût fa perfidie, parce qu'il ne vouloit pas le découvrir aux autres afin que la douceur dont il ufoit envers lui fit quelque impreffion fur la dureté de fon cœur.Mais il fut le premier exemple qui nous montra que ce Sacrement adorable que le Fils de Dieu inftituoit alors pour la confolation & le falur des fidelles, ne feroit que la condamnation de ceux

qui le recevoient indignement, & que le demon entreroit dans leurs ames lors que Jefus-Chrift entroit dans leurs corps. Ce difciple doublement coupable du Corps & du Sang du Fils de Dieu, témoigna fon endurciffement jufqu'au bout, & lors que chacun des Difciples épouvantez demandoit à Jefus-Chrift s'il le trahiroit, il eut la hardieffe de demander auffi lui-même à J.C comme les autres, fi ce feroit lui qui feroit le traitre. Et au même moment il fortit pour aller faire cette action déteftable où fon avarice l'avoit peu à peu conduit. La perfidie de ce Difciple a fait admirer aux faints Peres la bonté du Saveur qui ne laiffe pas de fe donner à lui comme aux autres, & qui fouffre qu'il reçoive fon facré Cons avec la même patience qu'il fouffrit un peu aprés fon baifer parricide. L'Eglife dans tous les ficcles a toujours gemi en fçachant que fon Epoux celefte fouffroit encore tous les jours le même outrage à l'Autel dans fon Sacrement divin qu'il foufrit alors. Elle a témoigné fa douleur profonde de fe voir obligée de donner la chair fi pure du Sauveur à des ames impus, & elle a admiré l'humilité de Jefus-Chrift, qu ime fort ni du Cielni de fon Autel pour fe vange: deseux qui l'outra gent. Il veut être encore aujourd'hui fur nos Autels comme le modelle de nôtre patience; & fi nous lui fommes fidelles nous devons travailler en le rece vant à nous rendre les imitateurs de fon ineffable humilité, & pleurer le malheur de ceux qui le des honorent par tant de Communions facrileges.

31 JESUS-CHRIST au Jardin. Matth. 26.

Apaus que me an

Prés que Judas fut forti d'avec Jefus-Chrift Lime

avec les Juifs, le Sauveur fit aux Apôtres un admi
rable difcours, &.nous apprit en joignant la parole
avec fon corps, qu'elle eft auffi la nourriture de nos
ames,& que nous les devos allier enfemble comme
Jefus-Chrift l'a fait lui-même. Il dit en même-tés
à S.Pierre que le demon avoit demádé de le tenter,
mais qu'il avoit prié fon Pere pour lui. Cet Apôtre
au lieu de s'humilier de ces paroles & de cette pro-
meffe du Fils de Dieu, s'en éleva comme il parut
auffi-tôt aprés que Iefus-Chrift lui predifant for-
mellement qu'il le renonceroit par trois fois avant
que le coq chantât, il lui répondit hardiment qu'il
ne le feroit jamais, & que bien loin de le renon-
cer, il étoit prét d'aller avec lui en prifon & méme
à la mort. Ainfi n'ayant pû étre humilié par la
terrible prediction de fa chute, il falut qu'il le fut
bien tôt aprés par la chûte méme. Après donc que
Iefus-Chrift eut dit à fes difciples ces veritez
admirables.contenues dans ce dernier Sermon, il
leur commanda de prendre avec eux des épées,& il
paffa ainfi le torrent de Cedron, pour aller selon fa
coûtume fur la montagne des Olives. Ses difciples
l'y fuivirent, & lors qu ils furent en un lieu nommé
Gethsemani,il les y fit demeurer,afin qu'il allât feul
dans un jardin qui étoit proche pour y prier, com
me il faifoit fort fouvent, & qui pour ce fujet étoit
connu de ludas. Il prit feulement avec lui Pierre,
Jacques & lean, qui lui étoient les plus chers entre
fes difciples,& qui ne quittoient guere le Sauveur.
Etant avec eux, il leur dit qu'il étoit dans une tri-
fteffe mortelle, & il les exhorta à veiller avec lui
pendat qu'il pricroit. Il s'éloigu a d'eux cafuite d'un

jer de pierre,& fe mettant à genoux il pria fon Pere de ne lui point faire boire ce calice: que ncanmoins fa volonté fe fit, & non pas la fienne. Il parut en méme tms un Ange pour le fortifier; & lefusChrift entrant dans l'agoni: tomba le vifage en terre, & il fortit une fucur de fang qui couloit de tout fon corps. Cet étrange affoibliffement du Fils de Dieu a été l'admiration des faints Peres, qui comparant I. C. en cet état avec tant de Saints qui ont été fi gaiement à la mort, ont reconnu com bien cette trifteffe, cette crainte & cette foibleffe étoit mifterieufe, puis qu'ainfi qu'ils le remarquent tres-fagement, les malades n'ont pas pû étre plus forts que leur Medecin, ni les membres que leur chef. Mais Iefus Chrift a voulu prendre fur lui tous les effets de l'infirmité humaine pour la confola tion des foibles d'entre les Chrétiens lors qu'ils fe trouveroient dans cette difpofition aux approches des maux & de la mort. Il nous a donné lieu de ju ger quels effets doit produire la gloire de fa refur rection & la vertu de fa grace en nous, puis que fa foibleffe méme eft nôtre force,fon trouble nôtre affurance, & fa trifteffe nôtre confolation & nôtre joie. La priere qu'il fait à fon Pere par trois fois d'éloigner de lui ce calice, & qu'il conclud toujours par une humble foumiffion à fa volonté, est le modelle de toutes nos prieres. Aprés avoir témoigné dans toute fa vie une ob iffance parfaite pour tous les ordres de fon Pere, il femble qu'il la renouvelle à fa mort & qu'il ne fe ref rve pour le tems de fa Paffion que la feule obeiffance.Il nous a appris ain fi, que c'est particulierement en ce point que nous devons étre femes & inébranlables,& que dans les prémieres attaques des afflictions, ou dans les premieres approches de la mort, nous devons travail. Jer à vaincre toutes nos repugnances, pour nous abandonner à Dieu, & pour le prier que fa volonté fe falle en nous, & non pas la nôtre.

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