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trouva expofé à fa violence, qui figuroit les inju ftices & les emportemens de ceux qui ruinent par envie les travaux des autres, & qui periffent euxmêmes par le mal qu'ils font, comme la grêle (e. fond aprés les ravages qu'elle a caufez fur la terre.. La huitiéme fut celle des fauterelles, qui dévoserent tout ce qui étoit refté de verd dans la campagne. Cette plaie reprefente les maux que font dans l'Eglife les faux témoignages, parce que les fauterelles, comme les faux témoins, ne nuifent: que par leur bouche.

La neuviéme eft celle des tenebres, qui figuroit cet effroiable obfcurciffement qui eft dans l'ame. des méchans, pendant que les bons joüiffent d'une lumiere tres pure. Et il faut remarquer ici ce qui eft dit dans le livre de la Sageffe,que Dieu ne punit la dureté de Pharaon, que par parties, & non tout d'un coup, pour faire voir fa douceur das fa colere. même, le delir qu'il a que fes punitions les plus, legeres faffent êviter les plus importantes. Quand Dieu veut punir en Dieu, il ne fe fert pas de mouches ni de grenouilles. Il lui étoit auffi facile, comme dit le Sage,d'envoyer tour d'un coup des lions. pour exterminer les Egyptiens, que de les avertir. d'abord par des mouches de penfer à eux. Mais il fe retient par la vûë de la foibleffe des hommes,& il veut bien fe contenter d'une plaie plus douce, afin que les hommes temblans aux premiers coups qu'il leur fait fentir, jugent de ce qu'il fera lors qu'il les punira dans toute l'effufion de fa colere. Car Dieu veur qu'on fçache qu'il doit être craint, &quand il trouve des Pharaons, c'est à dire des cœurs endurcis à tout, il déploye fon bras contre eux; & aprés les avoir fait paffer par tous les degrez de fa colere fans les avoir pu fléchir, il eft forcé en quelque forte d'en venir aux extremitez où le reduir l'impenitence de ces ames inconvertibles, & d'ètre auffi ferme dans fa juftice, qu'elles le font dans leur opiniâtreté.

L'Agneau de Pâque. Exod. 12.

LORS que les neuf prem eres plaies de l'Egypte ne pouvoient vaincre l'opiniatreté de Pharaon, Dieu avat la dixiéme voulut que toutes les familles des Juifs immolaffent l'agneau,qu'il leur avoit commandé de tenir prét dés le dixième du méme mois, c'eft à-dire, avant la plaie des tenebres Il or denna auffi la maniere dont ils le devoient manger,fçavoir qu'ils fe tinflent debour; qu'ils euffenc un bâton à la main, & qu'ils fuffent prêts à partic comme des perfonnes qui font voyage. Mais l'ordre le plus formel fut qu'en chaque maison où l'on immoleroit cet agneau on eût foin de mettre de fon fang für le haut de la porte, afin que l'Ange qui fraperoit toutes les autres maisons, épargnât celles qu'il verroit teintes de ce fang. Les enfans d'Ifraël firent ce que Dieu leur commanda. Et lors que le quinziéme de ce même mois ils fe furent affemblez par familles fur le foir, pour manger l'agDeau qu'ils avoient immolé. Dieu au milieu de la nuit frappa tous les premiers nez d'Egypte, depuis le premier né de Pharaon, qui étoit allis fur fon trône,jufqu'au premier né de la derniere des efclaves,& jufqu'aux premiers pez même des bêtes,fans toucher aux premiers nez des Ifraëlites. Pharaon fe leva au milieu de la nuit faifi de la mort fi furprenante de fon fils; & chaque maison fe trouvant auffi frapée de la même plaie, la fraieur remplit toure l'Egypte, & chacun craignit pour lui-même ce qu'il voyoit être arrivé au plus cher de fes enfans. On reconnut bien fenfiblement en cette rencontre,que, Dieu difpofe comme il veut des hommes,& qu'il les contraint enfin de faire tout ce qu'il Jui plaît. Pharaon qui avoit jufqu'alors refifté aux ordres de Dieu & à Moyfe, fut le premier à prier les Ifraelites de s'en aller. Il ne mit aucune borne au pouvoir qu'il leur donnoit, & il leur permit

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d'emmener avec eux tous leurs enfans & tous leurs troupeaux il ne leur demandoit qu'une grace qui étoit de fe hâter, & tous les Egyptiens leur firent auffi la même priere. Ils partirent donc le lende L'an main de la Pâque,le même jour que furent accomdu M. plies les 430 années que Dieu avoit prédit à Abra. 253 ham que fa pofterité feroit étrangere & maltraitée J.C. fur la terre,étant au nombre de fix cens mille com1491. battans fans les femmes & les enfans. Mais avant que de s'en aller ils avoient fait ce que Dieu leur avoit commandé,qui étoit d'emprunter des Egyptiens des vafes d'or & d'argent, ce que les Egyptiens par un fecrer effet de la providence de Dieu leur donnerent fans aucune peine. Ce fut ainfi qu'ils furent delivrez de cette longue captivité de l'Egypte, où ils demeurerent 215.ans. Ils la pillerét. en quelque forte en la quittant, pour être ainfi recompenfez de tout ce qu'ils avoient fait avec tant de travail pour les Egyptions dans la construction de leur ville; & ils emporterent ce qu'elle avoit de plus riche, pour marquer deflors que ce qu'il y auroit un four de plus éclatant dans le fiecle,pafferoit à l'Eglife & ferviroit à fa gloire & à fon. ufage. Cette délivrance de l'Egypte marquoit en fi-3 gure la délivrance du peuple de Dieu de la verita. ble Egypte,c'eft à dire du monde,& de la tirannie du diable. Ce peuple doit cette délivrance au fang du veritable Agneau, Avant cette victime falutaire il pouvoit bien gemir dans la fervitude, mais il ne pouvoit en fortir. C'eft la grace dont Dieu veut que fes enfans fe fouviennent tous ies ans dans la pls grande des folemnitez de l'Eglife, & dont il leur renouvelle tous les jours la memoire dans la facrifice de nos autels;afin qu'en fe reprefétát qui. eft celui qui les a rachetez de leur fervitude, &. quel est le tiran qui fe les étoit affujettis, ils aient de la reconoiffance pour l'un & de l'horreur pour l'autre, & que fe tenant attachez à JESUS CHRIST.

comme à celui qui peut feul les conferver dans la liberté qu'il leur a acquife, ils craignent ce qui peut les engager de nouveau fous la tirannie du demon.

Mer rouge. Exod.4.

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P HARAON voiant que le peuple Juif étoit écha. La mê pé d'entre fes mains & que les trois jours qu'il avoit demãdez pour aller facrifier au defert étoiet 2513deja paffez fans qu'il retournât,oublia tat de plaies fi miraculeufes dont il avoit été frappé, & fon endurciffement ordinaire lui fit prendre la refolution de les pourfuivre. Il affembla donc fes fujets, que le defir de reprendre les vafes qu'ils avoient prêtez,.. animoit à cette pourfuite. Lors que les Ifraelites fe virent dans ce perii, & dans un defert où il ne vo ioient d'un côté que la mer, & de l'autre que l'armée de Pharaon, ce mal prefent leur fit oubliert leur fortie fi miraculeufe & la providence avec la quelle Dieu les conduifoit dans ce defert par une colomne de nuée durant le jour,& par une colom. ne de feu durant la nuit. Ils fe laifferent donc aller r au murmure, & ils demanderent à Moyfe comme en lui infultant,s'ils euffent manqué de fepulchres dans l'Egypte, & s'ils avoient befoin de venit chercher la mort dans ce defert. Moyfe les con fola dans cette extremité & leur promit le fecours $ de Dieu En effet lors que Pharaon approchoit,'* Moyfe étendit fa main fur la mer & les eaux auffitôt fe diviferent ouvrant un paffage pour les en-fans d'Ifraël. Ils entrerent dans cette route nou velle,& les eaux s'élevant de part & d'autre.com-me un grand mur, ils pafferent tous la mer à pied fec.Les Egyptiens ne furent point épouventez d'un fr grand miracle, croiant qu'il étoit autant pour eux que pour ceux qu'ils pourfuívolent, ils entst

le21.

jour

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rent fans rien craindre dans la mer. Mais Dieu leur fit bien-tôt voir le difcernement qu'il fa:foir d'eux d'avec fon peuple. Il lança fur eux fes traits & fes foudres, ce qui aiant faifi d'effroi les Egyptiens; ils s'entr'exhorterent de fuir, parce que Dieu fe déclaroit contr'eux en faveur des Ifraëlites. Lors qu'ils s'enfuioient, Dieu commanda à Moyfe d'étendre fa main fur la mer,&en même tems les eaux divifées fe réjoignirent & vinrent fondre fur les Egyptiens, qui parurent auffi-tôt aprés floter fur les caux, fans qu'il en reftât un feul d'un fi grand Ce naufrage. Ces miracles font voir la grandeur de qui Dieu,& Dieu dit lui-même qu'il les a voulu faire, arriva afin que les hommes reconnoiffent fa puiflance. Mais ce qui a été fenfible à tous les Saints Peres de du l'Eglife eft que les Chrêtiens n'aient des yeux que pre- pour voir ces fortes de miracles, parce qu'ils font mier exterieurs;& qu'ils n'en aient point pour en confimois iderer d'autres dont ces premiers n'étoient que la c'eft à dire figure,& qui font neanmoins d'autant plus grands qu'ils font plus fpirituels. On admire,dit S. Berjout nard, le peuple Juif fauvé de l'Egipte; & on n'admi de re pas une ame qui par une fincere converfion fe I'O fauve du fiecle. Ce n'eft que Pharaon qui eft vain&tave. cu dans le premier;& c'est le demon même qui eft : vaincu dans le fecond. Ce n'étois alors que des.. chariots qui furent fubmergez, & ce font ici tous.. les defirs fenfuels & toute l'impetuofiré de la concupifcence qui eft détruite. Ce peuple n'avoit à combattre que contre des hommes de chair & de fang, & cette ame doit combattre contre les puif-- · fances de l'air & contre les Princes des tenebres. Et s'il étoit glorieux à Dieu d'entendre dire alors.. à Pharaon; Fuïons Ifrael; car le Seigneur com. bat pour lui; il lui eft bien plas glorieux mainte-, nant que les demons s'entredifent: Fuïons cette ame: Car Dieu combat contre nous & fe declare pour elle.c

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