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La Manne, Exod. 6.

E paffage fi miraculeux de la mer rouge rem

Lplit. les plus infenfibles d'entre les Juifs d'ad- mê

La

miration & de reconnoiffance. Ils fe joignirent à me Moyfe qui chanta à Dieu un excellent Cantique ann, d'action de graces, pour nous aprendre à fuïr l'in- 2513 gratitude dans les biens que Dieu nous fait.Maric fa fœur affembla de même les femmes, qui chanterent fur la harpe & fur les tambours des himnes de réjouiflance.Mais lors qu'ils furent délivrez de fes ennemis, la faim qui les preffoit dans la folitude, les jetta bien tôt dans le murmure contre Moyfe, qu'ils vouloient rendre refponfable de tous les maux qui leur arrivoient, Aprés que ce fi. delle Miniftre du Seigneur eut reprefenté au peuple que ces plaintes retomboient fur Dieu méme, il leur promit que Dieu neapmoins leur donneroit à manger Il le fit en effet, & dés le foir même Dieu fit venir dans leur tamp une grande quantité de cailles, & le lendemain matin il fit pleuvoir la má ne fur la terre, qu'il leur envoya depuis pendant les quarante ans qu'ils demeurerent dans le defert. Les Juifs furent furpris le lendemain, lors qu'ils virent la terre couverte de cette divine nourriture;& comme ils en témoignerent leur étonnement, Moyfe leur répondit : Que c'étoit là le pain que Dieu leur envoioit du ciel. Il leur ordonna de veair tous les matins avant le lever du foleil ramaffer cette manne; pour apprendre,comme dit l'Ecritu re, à prevenir le lever du foleil, & à benir Dieu de grand matin en lui rendant grace de fes dons. Car lors que le foleil étoit un peu avancé il n'étoit plus tems d'aller recueillir la manne qui fe fondoir. Mayfe leur défendit auffi d'en rien garder pour les

lendemain, Dieu voulant que les hommes apriffent délors à n'etre en peine qu du jour prefent, & à laiffer le foin le lendemain à la providence de Dieu. Enfin il leur dit que pour obferver plus religicufement le jour du Sabbat, ils euflent foin le jour precedent d'en ramafler pour deux fois, & il ne fe corrompoit point alors comme ce qu'ò gardoit les autres jours. Cette figure marque vifiblement l'Eucharifte; comme Jesus-CHRIST le témoigne lui-même dans l'Evangile.Et on peut dire que quelque admirable que fut cette nourriture des Juifs,ils n'on eu en ce point, non plus qu'en tous les autres, aucun avantage fur les Chrétiens, qui ont plus veritablement qu'eux la manne du Ciel & le pain des Anges que J. C. donne à ceux qui font fortis d'Egypte, c'est à dire de la cor ruption du monde, & dont il les confole & les foûtient dans le defert de cette vie jufqu'à ce qu'ils entrent dans la veritable terre promife, come les Juifs furent foûtenus de la manne jufqu'au moment qu'ils entrerent dans la terre de Chanaan' C'eft pourquoi les Chrétiens font obligez de me. nager cette grace mieux que n. firent autrefois les Juifs & d'éviter le dégoût pour cette nourriture celefte, que les Juifs témoignerent pour la manne. Car de quelque admiration que les Juifs fuffent frappez en la recevant,ils s'y accoûtumerent bientôt,& ils prefereret depuis à cette nourriture miraculeufe les poireaux & les oignons de l'Egypte. Cette injure qu'ils firent à la manne,eft eft l'image de celle que les Chrêtiens font à JESUS HRIST dans fon facrement, lors qu'ils ofent s'approcher de cette nourriture facrée, fans s'éprouver cuz mêmes & fans difcerner le corps du Seigneur & que mêlant les viandes de l'Egypte avec le pain de JESUS CHRIST, ils tâchent d'allier enfemble la terre:& le Ciel...

I

L'Eau du rocher, Exod.17..

me

an.

2513

L femble que le peuple Juif ne devoit plus dou- La ter de la providence du Dieu qui le conduifoit, me-aprés un miracle aufli grand qu'étoit celui de la manne qui continuoit tous les jours,& qui lui don noit de nouvelles affurances de la fidelité de celui qui fe chargeoit de leur conduite. Mais un nou veau befoin qui leur arriva leur fit oublier des affiftances fi particulieres & les porta, à murmurer cotre Moyfe,entre les mains duquel ils avoient vâ tant de fois toute la puiflance de Dieu. Car étant venu en un lieu nommé Raphidim, ils n'y trouve rent point d'eau, & la foif les preffant ils allerent trouver Moyfe avec un efprit feditieux,& lui demanderent pourquoi il les avoit tirez de l'Egypte Ce chef fi doux & fi tranquille d'un peuple fi mutin & rebelle,n'eus point d'autre refuge que celui même qui l'avoit établi dans cette charge, & lors qu'il lui represetoit cette extremité & les murmures de tout un peuple qui étoit prêt de le lapider; Dieu pour le confoler lui dit qu'il prit avec lui les anciens d'Ifraël avec la verge dont il avoit frappé le Nil,lors qu'il changea fes eaux en fang, & qu'il i allât à la pierre d'Horeb où il lui promit de montrer fa puiffance, & de faire fortir des eaux pour donner à boire à tout ce grand peuple. On vit l'effer de certe promeffe, & auffi tôt que Moyfe eur frappé cette pierre, qui felon S. Paul, reprefentoit JESUS CHRIST, des ruiffeaux d'eau coulerent dans une terre feche, & des fleuves fortirent de la dureté d'un rocher. Ce miracle figuroit les inondations de la grace de Jesus- CHR ST crucifié. Car il eft la vraie pierre d'où font fortie les eaux qui ono étein la foif de fon people dans le defert de cette

vie, & qui produit d'autres fources dans les ames, en tirant des cœurs les plus durs des larmes de penitence. Quelque tems aprés, lors que le peupleétoit en Cades où la foeur de Moyfe mourut & fur enfevelie, le peuple s'emporta dans un semblable murmure étant preísé du meme befoin ; & le manque d'eau lui fit encore oublier tout le refpect qu'il devoit à Moyfe.Car en pouffant trop avant fes plaintes, il s'emporta prefque jufqu'à le vouloir lapider avec Aaron. Ils fe retirerent tous deux dans le Tabernacle pour s'y profterner devant Dieu, & ils donnerent un exemple a imirable de la douceur des Pasteurs envers les peuples. Car étant perfe. cutez fi injustement par ces a nes endurcies, ils implorerent la mifericorde de Dieu fur eux mêmes dont ils furent obligez de fuir la colere. Ils aimerent ceux qui les haifoient, & ils prierent pour ceux qui les vouloient perdre Il y eut neanmoins ceci de particulier dans ce fecond miracle de l'eau que Moyfe tira du rocher en le frapant de la verge, qu'il le frapa ici par deux fois comme en fe défiant en quelque forte qu'il pût fortir de Peau d'une pierre. Dieu reprit fon ferviteur de ce manquement de foi, & il lui dit que pour l'en punir il n'entreroit point dans la terre qu'il avoit promis de donner à fon peuple pour heritage.s D'où S. Gregoire prend fujet d'adorer les jugemens de Dieu, & de trembler en voiant que celui qui reconcilioit fi fouvent avec Dieu un peuple fi ingrat, eft puni lui-même, & que Dieu vange une fi legere défiance en celui qui lui étoit fi fidelle en ́ en toutes chofes

味味味

Amalec défait. Exod. 17.

La

LO ORS que le peuple eut été animé de ce nouveau fecours de l'eau. que Dieu leur fit couler mêde la dureté d'une pierre, il fe trouva bien-tôt me aprés dans le découragement en fe voiant preffé ann. d'un ennemi qui lui déclara la guerre. Amalec fut 25-13le premier peuple qui ofa atraquer ceux que Dieu venoit de délivrer de l'Egypte avec tant d'Fclar, Ces ennemis cruels remarquant que les Juifs éteét fatiguez,& qu'outre les incommoditez de la faim & de la foif ils étoient méme fans armes, furent. affez lâches pour vouloit opprimer des gens qui ne les avoient point offenfez,& qui en cet état ne m ritoient que d'attirer la mifericorde de tout le monde. Ils armerent tout ce qu'ils avoient de chariots de guerre contre, des perfonnes defarmées,&. vinrent fondre tout d'un conp fur eux Mais Moy-* fe qui mettoit roûjours la force & fa confiance en Dieu, ne fe laiffa point effrayet du nombre & de l'apareil de cette armée. Il donna ordre à Jofué de choifir d'entre tout le peuple des gens de cœur,, & il l'aflura qu'il feroit le refte da haut de la mōtagne où il fe retireroit avec Aaron & avec Hur. Lors que le combat fe donna & que Jofue refiftoit courageufement à Amalec, Moyfe s'adreffa à Dieu en tenant fes mains étendues, & formant a nfi la.. figure de la croix, qui dévoit étre un jour fi falutaire & fi redoutable à nos ennemis. Il aprit an peuple Iuif dans ce premier combat que comme la victoire dépend uniquement de Dieu Dieu la donne auffi,à ceux qui s'abaiffent fous fa main puiffante avec une plus profonde humilité. C'eft pourquoi ce faint homme ne ceffa point de tenir fes mains élevées vers le ciel, pour conjurer Dieu de

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