<< profectus, et commissa pugna, fugatisque hostibus, regem «se eorum cepisse gavisus est. Quem in solio regni juxta se «< sedere fecit, et ut provincias, quas Romanis eripuerat, sibi « restitueret imperavit. Cui ille, non, inquit, dabo. Ad hæc « Justinianus respondit: DARAS. Pro cujus novitate sermonis <<< civitas eo loci constructa est, cui Daras nomen est. Rex au<< tem Persidis, licet non voluntarius, omnia restituit, quæ « Romani fuerant juris, sicque in regnum suum est redire permissus. Justinianus quoque Augustus cum magno trium• pho Constantinopolim est regressus. » Je n'ai pas besoin de faire remarquer combien ce récit, dans toutes ses parties, est contraire à l'histoire. "Je ne nie point qu'il n'ait pu se trouver des soldats goths ou francs dans l'armée de Commentiolus. L'armée byzantine, en général, offroit une bigarrure de diverses'nations. Il y avoit beaucoup de Huns, il y avoit même des Perses. Les Grecs, amollis par le despotisme et par les effets de leur vieille civilisation, cherchoient des troupes mercenaires chez tous les peuples guerriers qui avoisinoient l'empire. Mais précisément à l'époque à laquelle se rapporte le fait en question, les empereurs d'Orient tiroient une partie de leurs meilleures troupes de l'Afrique latine reconquise par Bélisaire. Les mots d'ordre dans l'armée byzantine ne se donnoient pas en grec, mais en latin; et, parmi ces termes de commandement, se trouve le mot TORNA, dont M. Raynouard conteste la latinité. * Ce roi pieux, mais quelquefois sujet à la superstition, étant sur son lit de mort, se crut assailli par les démons, et s'écria plusieurs fois: Huz! HUZ! ce qui veut dire : sortez ! loin de moi! Freher. Script. rer. German.,T. I, in VITA LUDOVICI PII, S. 19. Conversa facie in sinistram partem, indignando quodammodo, virtute quanta potuit dixit: HUZ, HUZ, quod significat, foras, foras. Comme adverbe, ce mot francique s'écrit d'ordinaire uz; l'aspiration sert peut-être à le transformer en interjection, si ce n'est une erreur du copiste. Louis-le-Débonnaire avoit reçu une éducation savante : d'après le témoignage de son biographe Theganus, il lisoit le grec, il parloit le latin avec autant de facilité que sa langue maternelle. Cependant il ne négligea point cette dernière. Il fit traduire en allemand l'Ecriture-Sainte. Du Chesne, Script. rer. Franc. T. II, p. 220. Cum divinorum librorum solummodo literati atque eruditi notitiam haberent, ejus (Ludovici) studio atque imperii tempore, sed Dei omnipotentia atque inchoantia, mirabiliter actum est nuper, ut cunctus populus suæ ditioni subditus theudisca loquens lingua, ejusdem divinæ lectionis nihilominus notionem acceperit. Præcepit enim cuidam, uni de gente Saxonum, qui apud suos non ignobilis vates habebatur, ut Vetus ac Novum Testamentum in germanicam linguam poetice transferre studeret. C'étoit done, comme on voit, plutôt une paraphrase qu'une traduction. Il en existe peut-être encore une partie, c'est-à-dire l'Harmonie des Evangiles, dont un manuscrit se trouve en Angleterre dans la bibliothèque cottonienne, et un autre à Munich. M. Gley, ecclésiastique françois, auteur d'un estimable essai sur la langue francique, a pris copie de ce dernier manuscrit à Bamberg, où on le conservoit autrefois. Il a rapporté sa copie en France, et en a fait don à la bibliothèque de l'Institut. L'ou 1 vrage en question date indubitablement de la première moitié du neuvième siècle : le dialecte dans lequel il a été écrit tient le milieu entre le saxon et le francique; ce qui augmente la probabilité que ce soit la paraphrase faite par ordre de Louisle-Débonnaire, puisqu'il se servit d'un poète saxon. Voyez des extraits du manuscrit cottonien dans Hickes. Thes. Ling. Septentr. T. I. GRAMMATICA FRANCO-THEOTISCA, Cap. 22. Juzgo n'est plus en usage; mais le verbe qui en dérive, juzgar, juger, s'est conservé dans l'espagnol moderne. En provençal, ce même verbe s'écrit jutjar. 50 Les patois qu'on parle aujourd'hui en Savoie et dans le pays de Vaud, qui en faisoit autrefois partie, dans le BasValais et dans quelques districts du canton de Fribourg, sont des dialectes de l'ancien provençal. Je crois que le patois de la partie méridionale des Grisons et du Tyrol doit être rangé dans la même classe, quoiqu'on ait voulu le dériver de la langue des Etrusques. Tous ces pays que je viens de nommer avoisin ent l'Italie; mais j'ai beaucoup de peine à croire que jamais, dans aucun district de l'Italie proprement dite, l'idiome vulgaire ait été un dialecte du provençal. Le Dante écrivoit il y a cinq siècles: cependant, dans son traité latin DE VULGARI ELOQUIO, il assigne déjà à la langue italienne la même étendue de terrain qu'elle occupe aujourd'hui. Il dit expressément que Sordel de Mantoue, célèbre parmi les Troubadours, a fait ses vers dans un autre idiome celui de sa que ville natale. L. I, cap. 15. Sordellus de Mantua.... qui tantus eloquentiæ vir existens, non solum in poetando, sed quo modolibet loquendo patrium vulgare deseruit. Dans le même chapitre, il dit qu'on parle mal à Turin et à Alexandrie; mais il nomme pourtant ces villes dans sa revue des dialectes italiens. Le témoignage du Dante est irrécusable en tout ce qui concerne l'Italie; il ne pouvoit se tromper à cet égard, quelles que soient ses erreurs dans ce qu'il dit sur le reste de l'Europe latine. Il n'admet que trois langues dérivées du latin, qu'il désigne d'après la particule affirmative : langue d'oil, langue d'oc et langue de si. La dernière est l'italien. Ainsi, le Dante paroît avoir complétement ignoré l'existence de la langue castillane, puisqu'il étend sur toute l'Espagne le domaine de la langue d'oc, c'est-à-dire du provençal ou du catalan. L. I, cap. 8. Nam alii Oc, alii Oil, alii Si affirmando loquuntur, utputa Hispani, Franci et Latini. Le Dante semble aussi étendre beaucoup trop le territoire de la langue d'oil; mais peut-être faudroit-il lire à la fin du même chapitre Alverniæ montibus, au lieu de Aragoniæ montibus. Tout ce que je puis donc admettre, c'est que les classes supérieures en Lombardie employoient alors le provençal comme moyen de communication générale, de même que les personnes bien élevées y apprennent aujourd'hui l'italien régulier. Ce que le Dante dit de Sordel, qu'il parloit toujours le provençal, s'accorde avec cette supposition. Plusieurs Troubadours sont nés en Lombardie, à Venise et à Gênes; ils n'auroient pas chanté en langue provençale, s'ils n'avoient pu espérer de trouver un auditoire parmi leurs compatriotes. 31 On rencontre aux environs de Paris une trace curieuse de la séparation où vivoient souvent les deux nations jusqu'à ce qu'elles fussent fondues en une seule. Il y a deux villages, dont l'un s'appelle Romainville et l'autre Franconville. Peuton douter que ces villages aient reçu leurs noms des Romains et des Francs qui habitoient exclusivement l'un et l'autre? Remarquez encore que Franconville est un mot hybride, dont la première moitié est formée d'après la grammaire francique; car FRANKONO est le génitif pluriel de FRANKO. Otfrid dit dans sa dédicace à un roi carlovingien : So FRANKONO KUNING SCAL. Sicuti Francorum rex debet. 32 La différence qui existe entre les anciennes frontières de l'empire occidental et les limites actuelles des langues dérivées du latin, est une circonstance fort remarquable, et qui, ce me semble, n'a pas fixé autant qu'elle le mérite l'attention de la plupart des historiens modernes. Dès le temps des premiers empereurs, la domination romaine s'étendoit jusqu'au Rhin et au Danube; et les cinq siècles qui se sont écoulés depuis Auguste jusqu'à la chute de l'empire, étoient bien plus que suffisans pour faire adopter aux peuples assujétis, qui se trouvoient compris dans cette circonscription, la langue aussi bien que les mœurs de leurs mattres, et pour faire tomber dans l'oubli les idiomes divers que ces peuples avoient parlés dans leur état d'indépendance. Quand les gouvernemens ne s'en mêlent pas, plusieurs langues peuvent coexister long-temps dans le même pays; mais les grands gouvernemens, dont le centre est en même temps un foyer de civilisation, ont des moyens immenses pour répandre une langue et la rendre universelle dans un vaste empire; et jamais aucune nation n'a mieux entendu cet art que |