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restée en Espagne lorsque leurs compatriotes passèrent en Afrique; peut-être aussi les restes des Vandales africains repassèrent-ils la mer après la destruction de leur empire par Bélisaire. Les écrivains anglo-saxons et nos poètes du moyen âge appellent souvent la mer Méditerranée Wendil-see, la mer des Vandales.

C'est aussi une erreur de croire que les Goths d'Italie aient été exterminés ou expulsés après les victoires de Bélisaire et de Narsès; ils ont toujours continué d'habiter le pays, quoiqu'ils eussent cessé d'y êtré la nation dominante. La même remarque s'applique aux Ostrogoths en Provence, aux Visigoths dans le Languedoc; ils sont demeurés en France, lorsque les rois des Francs avoient étendu leur domination jusqu'aux Alpes et aux Pyrénées.

Les Bourguignons parloient à peu près le même dialecte que les Goths. Ces deux peuples étoient répandus dans la moitié des Gaules ainsi, la langue gothique doit être principalement consultée sur l'étymologie du françois. Plusieurs mots de la langue romane et même du françois moderne sont du gothique pur, sans compter les noms propres restés en usage et altérés seulement dans la prononciation.

15 Cette double dérivation du verbe substantif est frappante dans l'italien stava, stato, etc. Dans le françois, elle est plus obscurcie par les contractions: cependant être, étois, été (ancienuement estre, estois, esté), ne viennent pas de ESSE, mais de STARE. Il n'est pas rare de voir que le verbe substantif s'étant trouvé défectif, on ait eu recours à deux racines différentes pour en compléter les temps et les modes. Il en est

ainsi dans le latin et dans l'allemand. Mais c'est un trait particulier à la langue romane d'avoir deux verbes substantifs complets, l'un dérivé de Esse, et l'autre de STARE.

16 BASTERO CRUSCA PROV. p. 139 et 140. « E non se pot conos« ser ni triar l'accusatius del nominatiu, sinò que per sò, que « 'l nominatius singulars, quan es masculís, vol S en la fin; «<e li altri cas no 'l volen. E'l nominatius plurals no 'l vol, e «<tuit li autre cas volen lo en lo plural. » Viennent ensuite les exceptions qui sont assez bien indiquées, quoique en abrégé. Raimond Vidal enseigne la même règle dans son Art de la poésie provençale. M. Raynouard parle (GRAMM. ROM. P. de ces deux écrits, et indique comme le seul manuscrit connu du premier, du DONATUS PROVINCIALIS, celui qu'on voit à la bibliothèque Laurenziana. J'en ai trouvé un autre plus moderne dans la bibliothèque Ambrosiana à Milan.

9)

"Une strophe de la fameuse chanson que le roi Richard Coeur-de-Lion composa dans sa captivité, m'en fournit un exemple :

Or sápchon ben miei hom e miei baron,
Englès, Norman, Peytavin e Gascon,
Qu' ieu non ai ja si paubre companhon,

Que per aver lo laissès en prison.

Tous les éditeurs, à commencer par Jean de Notre-Dame jusqu'à MM. Ginguené et Sismondi inclusivement, ont fait imprimer les premiers vers de la manière suivante:

Or sapchon ben mos homs el mos barons

Englès, Normans, Peytavins et Gascons.

Cette leçon détruit la rime; ce qui doit la faire condamner au premier coup d'œil. Mais les éditeurs, en ajoutant des s aux noms des nations, ont cru les mettre au pluriel, et ils en ont fait au contraire des singuliers. Englès ne change pas de terminaison; les autres substantifs, hom, baron, Norman, etc., sont au nominatif du pluriel : companhon et prison n'ont point des, parce qu'ils sont à l'accusatif du singulier.

18 Voyez Mém. de l'Acad. des inscriptions et belles-lettres, Tom. XXIV. Remarques sur la langue françoise des douzième et treizième siècles, comparée avec les langues provençale, italienne et espagnole, des mêmes siècles, par M. de la Curne de Sainte-Palaye, p. 684. « Je finis par une observation << grammaticale peu importante en elle-même, mais qui ser<< vira d'une nouvelle preuve à la conformité des langues françoise, italienne et espagnole, et justifiera encore la re« marque d'un de nos plus célèbres grammairiens sur la for<<mation de notre futur. Elle se fait, suivant l'abbé Regnier « ( Gramm. franç., p. 368 et suiv.), par la jonction ou réu<<nion du temps présent du verbe auxiliaire avoir, et de l'infi<< nitif j'aimerai, tu aimeras, il aimera....... Il fait l'ap«plication du même principe aux verbes italiens et espagnols, « à quoi j'ajouterai que la formation du futur imparfait du « subjonctif j'aimerois, se fait pareillement de la jonction de « l'infinitif avec l'imparfait de l'indicatif du verbe avoir, que «<l'on a syncopé, et dont on n'a conservé que la finale. La << manière de former ce temps a été la même dans les cinq « langues qui composent le descort de Rambaut de Vaquei<< ras; et nos Provençaux nous font sentir encore mieux que

<«<les autres la pratique de cette règle dans leur grammaire. <«<< Souvent ils ont, entre les deux verbes qui forment leur « futur, inséré un article, un pronom ou autre particule, et «< quelquefois plusieurs, comme s'ils eussent prévu qu'on « pourroit un jour confondre le verbe principal avec le verbe <«< auxiliaire qui compose ces temps. J'en rapporterai ici plu« sieurs exemples que j'ai recueillis en lisant les ouvrages de << nos anciens Provençaux. Comptar vos ai, je vous compte« rai; dar vos n'ai, je vous en donnerai; dir vos ai, je vous « dirai; donar lo us ai, je vous le donnerai. »

19 Ulfilas, Evang. Joh. VI, 7. ITH SILBA VISSA, THatei HABAIDA TAUJAN; quia ipse sciebat, quid ESSET FACTURUS. Ibid. 71. SA AUK HABAIDA INA GALEVJAN; is enim erat eum TRADITURUS. Ibid. XII, 26. THARUH SA ANDBAHTS MEINS VISAN HABAITH; ibi et minister meus ERIT. Dans les deux premiers exemples, Ulfilas exprime, au moyen du verbe auxiliaire, un futur paraphrastique du texte grec; mais, dans le dernier passage, il y a le futur simple, cotus. VISAN HABAITH, littéralement retraduit en latin, feroit esse habet, absolument comme sera. Le futur du verbe substantif est le même en provençal et en françois serai, seras, sera; sa formation, d'après la règle de M. Raynouard, a cependant besoin d'être expliquée. Par un barbarisme de la basse latinité, on a dit essere au lieu de ESSE, pour se conformer à la terminaison ordinaire des infinitifs latins; essere ensuite a été contracté en ser; et le futur est composé de cet infinitif et du présent du verbe auxiliaire : ser-ai, ser-as, ser-a.

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En provençal, le substantif homme et le pronom person

nel indéfini s'écrivent de la même manière, hom ou om. En allemand, man fait également les deux fonctions. Aujourd'hui l'on distingue par l'orthographe le substantif du pronom: Mann, l'homme, man, on; autrefois l'un et l'autre s'écrivoient de même, man. Cet usage est fort ancien; on le trouve établi chez les auteurs du neuvième siècle; mais je ne saurois citer aucun exemple plus authentique, et, pour ainsi dire, plus illustre que celui qui est contenu dans le serment de 842. Je mettrai les deux phrases correspondantes en regard :

/Si cum oм per dreit son fradra salvar dift. MAN mit rehtu sinan bruodher .... scal.

So so Au reste, je pense que la formule théotisque de ce serment est l'original, et la formule romane la traduction; mais je n'entreprendrois pas de le prouver, puisqu'un tel aperçu ne peut se fonder que sur des nuances fugitives.

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Voyez Scherzii Glossarium Germanicum medii ævi, ed. Oberlin. s. v. WERRA; et Schilteri Thesaur. Antiquit. Teutonic. T. III, in Glossario s. v. WERRUN. En général, la lettre w au commencement des mots théotisques, dans les langues romanes, s'est transformée en Gu ou en G. Ainsi, l'on a fait guerra de WERRA, comme des noms propres WALTHAR, WIDO, en italien Gualtieri, Guido, en françois Gauthier, Gui, etc. Il y avoit, comme de raison, dans les langues germaniques, plusieurs mois pour désigner la guerre: WIG, URLUG; mais WERRA semble avoir prévalu dans les langues mixtes, précisément parce que c'étoit le terme le plus populaire; car WERRA signifioit proprement querelle, rixe. Ce mot a été officiellement employé par Charles-le-Chauve dans ses capitu

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