grin; mais albir ou arbir, du latin ARBITRIUM, signifie jugement, opinion, avis. Le poète désire trouver un médecin qui puisse guérir son jugement, c'est-à-dire le délivrer de son illusion. P. 84. C'aissi com las suelh captener, En aissi las descaptenrai. Traduction de M. Raynouard : Qu' ainsi comme les ai coutume obéir, De même les désobéirai. J'ai trouvé ces vers de Bernard de Ventadour écrits de la ma nière suivante dans deux manuscrits: De las domnas mi desesper, En aissi las desmantenrai. Je pense que cette variante ne change guère le sens, et que captener est à peu près synonyme de mantener, maintenir. En aucun cas, captener ne peut signifier obéir. P. 291. M. Raynouard donne comme synonymes unca, oncas, oncques, dérivés de UNQUAM, et oan, ogan, onguan. Ces derniers mots signifient, à mon avis, dans l'année actuelle (de HODIE et ANNUS), en opposition avec antan, l'année passée. Ces mots se retrouvent dans l'espagnol, ogaño, an taño. J'aurois des doutes à proposer sur plusieurs passages traduits par M. Raynouard; mais comme les vers cités dans la Grammaire romane sont détachés de leur liaison, il est quelquefois difficile de deviner la pensée du poète. 57 Puois messagier no 'l trametrai, BERNARD DE VENTADOUR. 58 Voyez SCHILTER. THESAUR. ANTIQUIT. TEUTON. T. I. Epinikion rhythmo Teutonico Ludovico regi acclamatum, cum Nortmannos anno DCCCLXXXIII vicisset. Le savant Mabillon trouva ce chant de victoire dans un couvent à SaintAmand, et en envoya une copie à Schilter: le manuscrit original s'est ensuite perdu. Probablement la copie n'étoit pas exacte; ce qui rend plusieurs passages difficiles à expliquer. Les circonstances historiques auxquelles cette pièce de vers fait allusion, offrent quelque ambiguité. Deux rois contemporains du nom de Louis ont régné, l'un en Allemagne, l'autre en France: Louis de Germanie, fils de Louis-le-Germanique; et Louis III, fils de Louis-le-Bègue, petit-fils de Charles-le-Chauve. Ils étoient proches parens; ils avoient l'un et l'autre deux frères nommés Carloman et Charles; les historiens attribuent à l'un et à l'autre une victoire sur les Normands, remportée à peu près dans le même temps. Après avoir examiné les notices peu abondantes fournies par les anciennes chroniques, Schilter se décide pour. Louis III, roi de France, comme le héros de ce chant de victoire. Si les raisons de Schilter sont concluantes (et je pense que le lieu 1 même où le manuscrit a été trouvé, leur donne encore plus de poids), ce précieux morceau de poésie populaire, où respirent une noble fierté et une piété loyale, fournit une preuve que les Francs établis dans le royaume de France n'avoient pas encore oublié leur langue maternelle vers la fin du neuvième siècle. De tous les antiquaires françois à moi connus qui ont traité cette question, Bonamy s'est, à mon avis, rapproché le plus de la vérité. Voyez Mém. DE L'ACAD. DES INSCR. ET B. L. T. XXIV. Dissertation sur les causes de la cessation de la langue tudesque en France, et sur le système de gouvernement sous le règne de Charlemagne et de ses successeurs, par M. Bonamy. Mais ce savant prétend que les seigneurs francs avoient seuls conservé à cette époque l'usage de leur langue, parce qu'ils avoient des relations féodales aussi bien en Allemagne qu'en France; que les Francs des classes inférieures, au contraire, ne parloient déjà plus que la langue romane. Or, il est évident que le chant de victoire en question a été composé non pas pour les chefs seuls, mais pour tous les guerriers qui avoient combattu les Normands. 39 Otfrid dit, dans sa dédicace latine à Liutbert, archevêque de Mayence : Dum rerum quondam sonus inutilium pulsaret aures quorundam probatissimorum virorum, corumque sanctitatem LAICORUM CANTUS inquietaret obscœnus, a quibusdam memoriæ dignis fratribus rogatus, maximeque cujusdam venerandæ matronæ verbis nimium flagitantis, nomine Judith, partem evangeliorum eis theotisce conscriberem, ut aliquantulum hujus cantus lectionis LUDUM SECULARIUM VOCUM deleret, et in evangeliorum propria lingua occupati dulcedine, sonum inutilium rerum noverint declinare, etc. 4o Le père Andrès avoue assez naïvement qu'on ne trouve dans les Troubadours aucune trace de littérature arabe. DELL' ORIGINE E DE PROGRESSI D'OGNI LETTERATURA, P. I, cap. XI. Egli è vero che nelle composizioni de Provenzali non si scorge vestigio d'arabica erudizione, ne v'è segno alcuno d'essersi formati i provenzali poeti su le poesie degli Arabi, ma non si ravvisa neppure che fossero più versati nell' opere de Greci e de Latini, ne si vede uso alcuno delle favole greche e dell' antica mitologia. A l'égard de ce dernier point, le père Andrès se trompe. Il n'est pas étonnant que les allusions mythologiques soient rares chez les Troubadours, puisque l'étude des auteurs classiques étoit fort peu cultivée de leur temps; cependant j'ai trouvé deux allusions de cette espèce dans les chansons d'un seul poète, Bernard de Ventadour. L'une à la lance d'Achille : Ja sa bella boca rizenz Non cugei baisan mi traïs : Quar ab un douz baisar m'aucis, Si ab autre no m'er guirenz. Qu'atretals m'es per semblansa, Com de Pélëus la lansa, Que de su colp non podi' hom guerir, Se autra vez non s'en fezès ferir. Une autre fois le poète compare l'enchantement qu'il éprouve à celui de Narcisse. NOTES. Anc non agui de mi poder, Ni non fui mieus, des-l'or 'en sai Lo bel Narcissus en la fon. 121 Ces deux strophes charmantes et faciles à comprendre, peuvent rendre sensible ce que j'ai dit sur la difficulté de conserver la grâce des Troubadours dans une traduction quel conque. 41 Ces deux romans de chevalerie ont été imprimés l'an 1477. Cette édition est devenue extrêmement rare ; on la cite parmi les curiosités bibliographiques, quoiqu'elle ait peu de valeur intrinsèque, ayant été faite par des éditeurs qui n'entendoient plus le langage vieilli de ces poëmes. Le Parcival a été imprimé de nouveau d'après un manuscrit; le Titurel le sera sans doute prochainement, puisqu'en Allemagne, ainsi qu'en Angleterre, on rivalise de zèle pour tirer de l'oubli les anciens monumens de la poésie nationale. J'ai parlé en détail de cette remarquable fiction dans les Annales littéraires de Heidelberg, 1811, n.o 68. 4 A la fin de sa grammaire, M. Raynouard indique les manuscrits provençaux qu'il a pu consulter, soit dans l'original, soit sur des copies; mais, quoiqu'il n'ait rien négligé pour réunir un aussi grand nombre de manuscrits qu'il étoit 9 1 1 ! |